Désert de Tatacoa

Diario de Huia

Nous quittons Salento ce matin pour la relativement grande ville de Pereira (500.000 hab.) où nous prendrons l’avion pour l’autre relativement grande ville de Neiva (300.000 hab) avec escale obligatoire à l’aéroport El Dorado de Bogotá.

Déjouant tous les pronostics, les avions sont plus ou moins à l’heure et c’est bien agréable.

J’essaye toujours de trouver un siège sur les issues de secours pour pouvoir loger mes longues jambes et c’est relativement facile dans la mesure où les vols intérieurs sont loin d’être pleins et où la demande pour ces sièges est relativement faible, les colombiens étant du genre petit et costaud.

Là où c’est plus compliqué c’est que toutes les annonces sont faites exclusivement en espagnol et où l’équipage est relativement strict sur le fait que les occupants de ces sièges comprennent bien la langue. Je dois donc développer des stratégies relativement sophistiquées pour masquer mes déficiences, stratégies qui vont du sourire étudié à la phrase complexe répétée longtemps à l’avance en passant par l’humour.

Jusqu’à maintenant ça a toujours fonctionné.

A l’aéroport de Neiva nous attendent notre guide, Pédro, et notre chauffeur, Ricaute (= Ricardo) qui doivent nous conduire dans l’après-midi au désert de Tatacoa. Voici la photo de Pédro :

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Ça m’inquiète un peu parce que ce qui nous frappe en arrivant à Neiva c’est l’élévation soudaine et innatendue de la température. Il est 16H30 et il fait environ 37-38°C, le plus haut de la journée ayant été de 42°C. Normal, on s’est rapproché de l’équateur et on est descendus à 400m d’altitude.

Mais quand il faut y aller, il faut y aller, alors on y va.

Villavieja, Huila, Colombia

Nous arrivons au gros bourg de Villavieja, antichambre du désert, où nous nous arrêtons à un hôtel dans lequel nous aurons la possibilité de passer la nuit. Mais notre guide nous dit qu’en fait nous aurons le choix entre cet hotel et une posada située quant à elle en plein désert. Curieuse proposition dès lors que cet hôtel nous semble correct à défaut d’être luxueux et qu’il possède la clim. En notre for intérieur, nous sommes certains que c’est là que nous atterrirons.

Le désert de Tatacoa est situé à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Neiva. Techniquement parlant, ce n’est pas à proprement parler un désert dans la mesure où il y a de la végétation : un peu d’herbe misérable et rase, quelques arbustes rabougris du genre acacia et des cardones (cactus candélabres).

Il y a également des coins où rien ne pousse et on a alors affaire soit au desierto gris soit au desierto rojo en fonction de la couleur de la terre.

Le désert n’est pas inhabité puisque qu’il existe quelques fincas qui pratiquent un élevage très extensif de caprins et de vaches étiques. Nous passons même devant une minuscule école qui accueille 4 écoliers et dont l’unique instituteur dispose sur place d’un logement de fonction plus que basique qui doit bien faire 10 m².

Nous arrivons juste avant l’heure du coucher du soleil, la « golden hour » pour les photographes, où la lumière est chaude et rasante, ce qui me permet de m’en donner à coeur joie. C’est le moment de partir un peu en ballade dans notre « mini-Colorado » et ce, d’autant plus que la température est maintenant agréable. Voici quelques souvenits visuels ramenés de cette promenade :

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La nuit tombe, c’est le moment de repartir vers la posada qui a une chambre d’hôtes. Avant de diner, on nous fait visiter la chambre. C’est vraiment basique. Nous avons déjà eu l’occasion de dormir dans un 1* chilien, à Colchane dans le désert d’Atacama, à deux pas de la frontière bolivienne, et c’était franchement mieux que ce qu’on nous propose ce soir dans un autre désert, celui de Tatacoa.

La chambre est assez grande mais très fruste : sol en béton triste, murs en briques rapidement peintes, plafond en lattes directement vissées sur le tôle ondulée du toit, unique ampoule qui pendouille, lavabo avec robinet baladeur, douche constituée d’un simple tuyau raccordé au container plastique situé sur le toit et contenant de l’eau chauffée par le soleil.

Basique mais, je ne sais pas pourquoi, lassitude, envie d’autre chose, volonté de ne pas déplaire à nos hôtes, nous décidons de poser nos valises ici et de partager notre diner avec les gens qui sont là. Dans un coin de notre tête nous pensons à ce que nous avons lu sur les scorpions qui sont censés exister dans ce désert et s’insinuer dans les habitations pour se planquer dans les chaussures ou les vêtements des habitants. Ceci nous est confirmé par nos hôtes.

Le diner est simple mais très sympa : personne d’autre que nous ne parle anglais. On va donc bien rigoler et c’est bien ce qui se passe. Nous sommes une dizaine : nos hôtes, notre guide et notre chauffeur plus quelques gars venus boire une bière et l’ambiance est plus que détentue. Les colombiens sont un peuple vraiment joyeux. Ils s’amusent d’un rien, ont le rire facile et bon enfant partout où l’on se trouve. Que la vie serait plus facile si les français étaient comme ça !

C’est le moment d’aller se coucher : le lit est dur, il n’y a pas d’air et la chaleur est suffocante (je pense à la tôle ondulée) mais nous l’avons voulu. Alors dodo jusqu’à 5H30 du matin vu que nous avons rendez-vous à 6H pour une autre balade dans le désert, cette fois-ci à la lumière de l’aube.

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Sur le coup de 7H nous débarquons dans une ferme tenue par des membres éloignés de la famille de notre guide. Là vivent, depuis le décès de leurs parents, cinq frères et deux soeurs. Aucun n’est marié mais il y a là deux enfants et je crois comprendre que les frères ont aussi des enfants qui vivent avec leurs mères respectives dans les environs. Les moeurs semblent assez libres par ici.

La famille vit de l’élevage, essentiellement des caprins, et est propriétaires de milliers d’hectares de désert où vont paître les bêtes.

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Arrive Miguel. C’est l’ainé des frères et un grand gaillard « de ojos claros » (aux yeux clairs) et aux allures de cow-boy. Après les salutations d’usage, il nous propose du lait de chèvre. Nous acceptons.

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Aussitôt dit, aussitôt fait. Miguel attrape deux grands verres à bière, son lasso, avec son lasso une chèvre qu’il se met à traire énergiquement. Ça va très vite, 3 ou 4 jets de lait suffisent à remplir un verre. C’est chaud, c’est bon, absolument pas gras. Le verre descend tout seul.

Pendant qu’on y est, toutes les personnes présentes boivent à leur tour un verre de lait. Puis on va s’asseoir pour discuter le coup. Miguel est certes un goat-boy (pardonnez moi le néologisme !) mais il a d’autres cordes à son arc : il est également conteur, poête et musicien. Et il se met à déclamer ses poèmes : je ne comprends pas tout mais cela parle de son amour du désert, de son mode de vie et des satisfactions qu’il en retire.

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Mais toutes les bonnes choses ont une fin. C’est le moment de retourner à la posada, prendre notre petit-déjeuner, rassembler nos valises et repartir direction San Agustin, haut lieu de l’archélogie colombienne, où notre hôtel, contrairement à ce qui m’avait été indiqué, dispose depuis peu de temps du wifi, ce qui me permet de vous adresser ces quelques lignes.

Une réflexion sur « Désert de Tatacoa »

  1. Bravo pour les photos d’érosions colorées du Désert de Tatacoa avec les quelques touches de vert des cactus. Il semblerait que son nom provienne des serpents à sonnette ¿ Malgré cela les commentaires restent plein de vie et on vous accompagne … à distance, bien volontiers ¡

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