Cartagena de Indias

El Universal

Après 48H à Mompox, nous avons hâte de quitter la fournaise et notre programme prévoit une journée pour nous rendre à Carthagène dont le véritable nom est Carthagène des Indes. Pour parcourir la distance qui nous en sépare et qui est équivalente à celle que nous avons parcourue pour venir de Santa Marta, nous disposerons ce coup-ci d’un transport individuel et César, le chauffeur, est bien là, à l’heure convenue, avec son pick-up devant la Casa Amarilla. Pas d’attente interminable aujourd’hui.

Bolívar, Colombia

Question route, c’est « moins pire » (si j’ose dire) qu’il y a 3 jours. Comme ce jour là, nous circulons beaucoup sur des pistes mais elles sont plus larges et sensiblement moins défoncées que les autres.

Nous franchissons à nouveau le rio Magadalena un peu plus en aval sur un bac un peu plus sophistiqué que le précédent qui était constitué de 3 barques attachées les unes aux autres et en travers desquelles on avait jeté une sorte de plancher destiné à recevoir un véhicule, peut-être deux de petite taille.

Nous arrivons à une route goudronnée mais il est impossible d’y rouler vite, même si elle est relativement peu fréquentée, à cause des travaux incessants qui font que nous roulons la moitié du temps sur une seule chaussée. Puis nous arrivons à ville de Carmen de Bolivar et, de là, c’est du gâteau, deux heures de route « comme en Europe » jusqu’à ce que nous pénétrions les premiers faubourgs de Cartagène.

La première impression n’est pas très favorable : nous traversons une vaste zone industrielle avec ses usines, entrepôts, installations portuaires. Puis nous abordons des zones mixtes : habitations et commerces. Il commence à y avoir vraiment beaucoup de monde et ça s’agite dans tous les sens, la circulation est plus qu’anarchique et bien que nous soyons dimanche, les boutiques, magasins, étals en plein air, regorgent de monde. Et ça dure, ça dure. Pas étonnant que la ville compte 1,3 millions d’habitants.

L’urbanisme, enfin ce qui en tient lieu, pourrait être qualifié par un seul mot : la pagaïe. (dans un blog de bonne tenue, comme celui-ci, on n’utilise pas le terme DSKien de b…. !). Aucune planification apparente n’a présidé à l’édification des maisons, immeubles et constructions en tous genres.

Puis, tout à coup apparaissent les murailles de la vieille ville, nous franchissons une porte et nous voilà dans un havre de beauté et de calme, la musique mise à part bien entendu : rues pavées étroites bordées de maisons coloniales de toutes couleurs où dominent les pastels, bougainvillées, boutiques discrètes, petits restaurants, hôtels-boutique, petites places ombragées. Nous sommes tombés dans un vrai décor. de cinema.

Autant les faubourgs et la ville « moderne » ne valent vraiment pas une visite, autant on ressent une impression de malaise devant cette ségrégation assumée : les touristes et quelques riches avec leurs 4×4 d’un côté, le reste de la population, les plus nombreux et de très loin, classes moyennes et pauvres de l’autre.

Carthagène est la ville la plus visitée du pays, et de loin. Résultat : les prix y sont sensiblement plus élevés qu’ailleurs notamment pour ce qui concerne l’immobilier, les étrangers et les riches colombiens de Bogota ou de Medellin faisant monter les enchères.

Ces réflexions mises à part, nous visitons tout de même cette vieille ville si empreinte de charme colonial. Nous commençons par un tour sur les remparts. Ces derniers ont été construits pour résister aux attaques des pirates comme Francis Drake. A l’origine, ces remaprts étaient hauts et « les pieds dans l’eau ». Aujourd’hui la côte s’est élevée par suite de l’apport d’alluvions, la mer a reculé et les remparts ne semblent plus aussi infranchissables que cela.

Ils mesuraient à l’origine 11 km de long mais il n’en reste aujourd’hui que 9, un maire local ayant eu un jour la facheuse idée de les détruire pour favoriser le désenclavement de la vieille ville et favoriser son développement économique. Devant le tollé provoqué par ce projet, cette destruction programmée a heureusement été arrêtée.

Comme la plupart des villes coloniales d’Amerique Latine, Carthagène a été construite suivant un plan géométrique, les rues se croisant à angle droit, enfin pas tout à fait nous dit-on, puisqu’elles ne sont pas tout à fait parallèles pour favoriser la circulation du vent et offrir de l’ombre à toute heure de la journée. La ville est en effet très chaude, moins que Mompox tout de même, et marcher à l’ombre avec des courants d’air rend les choses plus supportables.

Après cett première prise de contact, retour à notre hôtel pour rédiger un article de blog et dormir un peu car nous avons rendez-vous demain matin avec notre guide pour une visiste à pied de la vieille ville.sans titre-233

Notre guide s’appelle Sam Vergara, un nom basque qui est le même que celui de nos voisins. Mais il n’est pas basque du tout mais plutôt et même tout à fait black. Ses grands parents sont en effet arrivés en Colombie venant du Sénégal. C’est un jeune de 25 ans parlant parfaitement l’anglais et doté d’un solide sens de l’humour. On va bien s’entendre. le voilà sur cette photo :sans titre-242

En route pour la visite ! En fait la vieille ville est un curieux mélange de luxe, de bohème, avec un côté bobo-écolo assez prononcé. Ce mélange sur lequel on peut porter tous les jugements que l’on veut aboutit toutefois à un résultat plein de charme, de nonchalance, de torpeur où les couleurs vives vivent et se répondent les unes aux autres.

Quelques photos en diront plus qu’un long discours :sans titre-241sans titre-244sans titre-238sans titre-246sans titre-249sans titre-237sans titre-235sans titre-248

Le côté jeune du quartier est accentué par la présence d’une université :

sans titre-234Au détour d’une rue nous tombons sur une équipe de télé locale procédant à une interview. Vite dans la boite :sans titre-247

Ici un type exécute avec ses seuls doigts et un tout petit pinceau pour les finitions, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une peinture sur miroir. C’est très impressionnant :sans titre-236

A côté de la vieille ville proprement dite, il existe un autre quartier avec des caractéristiques  similaires, Getsemani, encore plus bohème et artiste, dangereux et livré à tous les taffics et à la prostitution jusqu’à récemment. Aujourd’hui il fait bon y flâner et même s’arrêter au fameux  « Café Havana ».sans titre-240sans titre-245sans titre-243

De retour à l’hôtel et après avoir demandé à Sam, en prenant congé de lui, de saluer de notre part sa petite amie new-yorkaise Jennifer, nous nous mettons en quête d’un endroit pour manger un morceau. Nous jetons notre dévolu sur la cevicheria situé au coin de la rue de notre hôtel. Erreur funeste, le ceviche de crevettes, très bon par ailleurs, tient dans un fond de bol, est accompagné de biscuits secs et est facturé 20€ pour deux, bien au-delà des tarifs habituels dans ce pays.

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Nous aurions sans doute mieux fait de nous arrêter dans l’établissement ci-dessous où l’on banni le wifi en encourageant les clients à se parler ! Très bonne idée.
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Gaby commence à s’intéresser aux heurtoirs des portes et il est vrai qu’il en existe de toutes formes et de toutes les couleurs. On pourrait passer des heures à les répertorier et peut-être cela a-t-il déjà été fait. En voici quelques exemples (le lion signifie que la maison appartenait à un militaire) :

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Retour à l’hôtel pas trop tard car demain nous partons tôt. Ce sera notre dernier jour en Colombie car après une inévitable, et longue, escale à Bogota, nous nous envolerons pour Mexico City où nous passerons une nuit avant de repartir pour la Basse Californie, Baja comme disent les américains où nous avons rendez-vous avec les baleines grises.

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Baja California Sur, Mexico

Tijuana, B.C., Mexico

Je finis cet article de San Ignacio, aux fins fonds de la Basse Californie, après 6 jours sans wifi, et après avoir pesté contre l’aéroport de Bogota où j’aurais eu le temps d’écrire et de poster mais où le wifi était en rade, et contre celui de Mexico où le réseau intitulé « Wifiparatodos » (wifi pour tous) aurait du être renommé en « Wifiparanadie » (wifi pour personne).

Enfin nous allons bien et nous avons vu les baleines, en très grand nombre et de très très près. Je vous raconte ça sous peu. A plus !