Baja

Capture d’écran 2015-02-28 à 05.54.53Voyager et écrire sont deux activités qui ne sont pas nécessairement compatibles. Tenir un blog de voyage au jour le jour relève de la mission impossible car il s’agit là d’un exercice très chronophage qui entre en conflit avec le temps du voyage et des visites, celui des rencontres et celui du nécessaire repos. Quand en plus on s’est mis dans la tête d’illustrer ledit blog avec quelques photos que l’on souhaite passables, il faut les prendre, les sélectionner et les travailler un peu, mais pas trop, et tirer de tout cela un récit ayant quelque chance d’intéresser le lecteur et de l’inciter à revenir.

C’est ainsi que je commence à écrire ces lignes consacrées à la Basse Californie (Baja) alors que nous avons quitté la péninsule depuis maintenant 48 H et je mets à profit l’annulation d’un train qui nous contraint à rester 24 H de plus dans la charmante ville d’El Fuerte, province de Sinaloa (oui, oui comme le cartel du même nom) pour essayer de combler un peu le retard.

MAJ : malheureusement le wifi dans notre hôtel d’El Fuerte est inutilisable et il n’y en a tout simplement pas à notre escale suivante, notre hôtel du Copper Canyon. Il y a bien un wifi correct à notre hôtel de Chihuahua mais nous y sommes arrivés à 23 H, fatigués et morts de faim. J’écris ces quleques lignes dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Chihuahua en attendant de monter dans l’avion pour Mexico City puis Cancun. Je ne sais tout simplement pas quand je pourrais mettre en ligne cet article.

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La Paz

Cela fait maintenant 15 jours que nous avons posé le pied en Baja, plus précisément à l’aéroport de La Paz, sa capitale, en provenance de Mexico City où nous avons passé une nuit entre deux avions après avoir quitté la Colombie.

J’étais déjà venu ici il y a une quarantaine d’années (et oui, le temps passe !) alors que je travaillais dans une compagnie aérienne, la défunte UTA, et que les voyages ne me coûtaient pas trop cher. A l’époque, l’aéroport de La Paz n’était ouvert au traffic international que depuis deux ans, il n’y avait pas encore de route qui traverse la péninsule du nord au sud, drainant des touristes yankees, et la capitale n’avait deux que deux axes goudronnés.

Les deux villes touristiques de San José del Cabo et Cabo San Lucas n’étaient que des petits villages de pécheurs mexicains endormis et il n’était pas question d’un chapelet de parcours de golf les reliant.

En posant les pieds à l’aéroport de La Paz, je suis donc curieux de voir tout ce que tout cela est devenu.

sans titre-50 sans titre-51La première impression est positive, il fait beau et chaud, mais pas trop, l’aéroport a été rénové et nous n’avons pas trop de mal à trouver notre loueur de voitures, une boite locale avec des bureaux à 2 km de l’aéroport mais qui présente le grand avantage de proposer une voiture correcte à moins de $ 25 par jour.

Nous voilà en route sur la voie rapide qui nous mène en ville. Après un échangeur, nous tombons sur … un centre commercial avec un énorme Walmart ! Le ton est donné, Baja c’est le Mexique à la sauce américaine. Ne vous méprenez pas, on est bien au Mexique, mais l’influence US est grande et cela n’est pas étonnant si l’on considère le rôle que tient le tourisme dans l’économie locale.

Il existe ici des villes qui ne vivent que par le tourisme comme les deux « Cabos » dont j’ai parlé plus haut. Ce n’est pas le cas de La Paz qui est en fait un curieux mélange.

La ville est assez étendue car il faut bien loger ses 140.000 habitants quelque part et la plupart des constructions n’ont pas d’étage, sauf en plein centre. La partie centrale et le front de mer, le malecón, sont là où se concentrent les activités touristiques. Mais pour le reste, on reste au Mexique. La ville a une activité portuaire, administrative, commerciale mais vit également de la pêche et de l’agriculture locale.

Nous sommes accueillis à la Posada Colibri. C’est un curieux endroit qui a constitué la résidence principale de ses propriétaires, un couple mexicano-étatsunien, et est ensuite devenu un bed and breakfast. L’endroit est aujourd’hui en vente mais en attendant un acquéreur il a été mis en gérance et est tenu par un couple de jeunes français, Estelle et Mohamed, très sympathiques et serviables.

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Nous y passons notre première journée et reviendrons pour trois nuits à notre retour de notre périple vers le nord ce qui fait que nous y aurons un peu nos habitudes.

Malheureusement (ou peut-être heureusement à cause du bruit) nous serons absents de la ville pendant les 3 jours, et nuits, de carnaval.

Pendant ce cumul de 3 jours, nous aurons l’occasion de mieux connaître la ville, de visiter quelques centres commerciaux, de flâner le long du malecón de jour où le soir quand se tient la fête foraine. Ici on prend la fête foraine très au sérieux et le nombre de stands et de manèges est vertigineux. A croire que les enfants qui se couchent fort tard ne vont pas à l’école le lendemain.

Nous aurons également le plaisir de nous laisser un peu aller au farniente sur des plages de rève à quelques minutes seulement de la ville. Même le week-end il n’y a presque personne !

sans titre-63Ces plages accueilllent des paillotes où il est possible de manger un morceau à l’ombre des canisses et dans la fraicheur toute relative de la brise marine. Ici, c’est un vieux bâteau de pêche qui a été reconverti en restaurant.

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La route

Mais le but de notre séjour en Basse Californie n’est pas uniquement de nous pencher sur l’évolution dans le temps de la ville de La Paz. Notre but principal est d’aller voir les baleines à San Ignacio (voir post précédent) et accessoirement de découvrir d’autres endroits en route.

En fait, c’est en ce moment la pleine saison pour admirer les cétacés ce qui signifie que beaucoup d’hébergements sont pleins et nous n’avons pas eu le choix de nos dates lorqu’il s’est agit de réserver. Cela nous contraint à rejoindre San Ignacio d’une seule traite pour pouvoir arriver en temps et en heure aux bureaux de Kuyima, la coopérative qui organise nos 3 jours avec les baleines.

De La Paz à San Ignacio il faut compter 9 H de route, repas unique compris. Les 3 premières heures ne présentent pas d’intérêt touristique si ce n’est de découvrir des paysages assez désolés et désertiques, plutôt plats, avec de temps en temps un hameau avec une mini-épicerie et une « loncheria », sorte de boui-boui où on peut casser une petite croute.

Les hispanisants n’arrivent pas à prononcer correctement « lunch » mais disent plutôt « lonch » d’où le nom donné à ces établissements.

Une fois passé Ciudad Insurgentes, la route pique vers l’est et les montagnes et le paysage devient absolument somptueux quand ces montagnes débouchent sur la mer de Cortés. Malheureusement nous n’avons pas trop le temps de nous attarder pour prendre des photos mais nous le ferons au retour car il n’y a qu’une route possible.

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En fait l’achèvement de la liaison routière entre Tijuana (frontière US) et l’extrémité sud de la péninsule remonte aux années 70 et il n’existe qu’un seul axe qui relie les principales localités. De temps en temps, une route, goudronnée ou pas, part en transversale est ou ouest mais ce n’est pas fréquent.

sans titre-59La circulation n’est pas très dense ce qui s’explique bien par la très faible densité de population et la longueur de la route qui fait plus de 1300 km du nord au sud ce qui encourage les voyageurs à prendre plutôt l’avion.

On croise donc des camions, quelques bus, des locaux, des touristes venus surtout de Californie US, des motards et quelques cyclistes courageux. Mais encore une fois il y a très peu de monde et on peut rouler vite même s’il n’y a que deux voies et que la vitesse est limitée la plupart du temps à 80 km/h ce qu’absolument personne ne respecte.

sans titre-65A l’heure du repas nous décidons de chercher un endroit où nous arrêter manger un brin. Prendre une telle décision c’est bien, la mettre à exécution c’est autre chose dans une zone désertique. Il se passe plus de 100 km avant de trouver un endroit qui semble accueillant.  Gaby, en bonne allemande, n’est pas très rassurée à l’idée de s’arrêter dans un endroit inconnu et un peu trop « exotique » pour elle. Cela tombe bien, toutes les forces de police du coin, et le coin est large, se sont données rendez-vous pour manger ici. La voiture grise sur la photo est la nôtre et nous sommes les seuls non-flics !

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C’est un vrai boui-boui mais le patron est très sympa et les tacos au poisson, très frais, sont une véritable réussite même si nous n’avons pas trop l’habitude de manger avec nos mains. Les différentes sauces proposées arrachent toutes plus que la précédente mais c’est le Mexique et c’est très bien comme ça.sans titre-47

Nous reprenons notre route. Je crains la fin du parcours, au moment où le soleil de couchera, et que nous aurons repris la direction de l’ouest. Ça ne rate pas. Les 100 derniers kilomètres sont de toute beauté, dans les montagnes, mais j’ai le soleil dans les yeux ce qui m’empêche de voir les obstacles ou les trous qui parsèment parfois la chaussée. Heureusement nous arrivons sans encombre.

San Ignacio

A San Ignacio, nous avons réservé un hébergement chez Terry et Gary Marcer, un couple de canadiens du nord de la Colombie Britannique qui ont tout plaqué pour créer Ignacio Springs, un bed ans breakfast un peu particulier.

Je dis hébergement à dessein car nous ne logeons pas à proprement dans une chambre mais dans une … yourte.

sans titre-49Il faut comprendre : San Ignacio est la seule oasis du désert de Baja. Il y coule une rivière qui n’atteindra jamais la mer et il y a là une palmeraie et de nombreuses petites exploitations agricoles aux alentours.

sans titre-73Ecolos comme pas deux, Terry et Gary ne voulaient pas abattre de palmiers pour édifier leur bed and breakfast et de là est née l’idée des yourtes. En effet celles-ci peuvent être installées où on le souhaite entre les arbres et elles ne causent aucun préjudice irréparable à l’environnement.

L’idée est généreuse et astucieuse mais peut se retourner contre ses auteurs. C’est hélas ce qui est arrivé à nos deux canadiens : en octobre dernier s’est pointée Odile. Odile n’était pas une touriste comme les autres mais un ouragan, apparemment de sexe féminin 🙂 qui a détruit une bonne partie de leur investissement. Quand je les avais appelés au mois de décembre pour mettre au point notre réservation, ils faisaient face courageusement et avaient déjà reconstruit une bonne partie de leurs yourtes.

Mais aujourd’hui encore de nombreux meubles sont dehors, à l’air libre, en attendant de trouver un toit et subissent les rares pluies pour sécher dès que le soleil réapparait.

Toujours est-il que dormir dans une yourte « démongolisée » et adaptée au goût occidental est une expérience fort agréable : on se sent proche de la nature, de ses bruits, de ses odeurs, tout en étant confortablement installé dans un lit douillet. Une forme de bonheur …

sans titre-48 Le village de San Ignacio est situé à 2 km de notre yourte, distance que l’on parcourt quasiment exclusivement dans la palmeraie. Comme pratiquement toutes les villes et villages d’Amérique Latine, il est organisé atour d’une place carrée dont un des côtés est occupé par l’église appelée ici mission.

Cette dernière a été édifiée par les jésuites, ordre prépondérant et quasiment exclusif en Basse Californie, qui ont donné au village le nom de leur fondateur, Ignace de Loyola.

sans titre-74A part ça, le village est vraiment très tranquille avec 2 ou 3 petits restaurants et quelques modestes commerces. L’essentiel de l’activité est lié au tourisme et le village est le point de départ de toute les tours et expéditions consacrés aux baleines de la Bahia San Ignacio. C’est ainsi qu’on voit déambuler quasiment en permanence des touristes venus de tous les pays à la rencontre des cétacés.sans titre-76

Le village a perdu récemment une de ses hébergements, la Casa Lerée, en photo ci-dessous, petit bed and breakfast dont la propriétaire a décidé de prendre sa retraite, ce qui n’est indiqué sur aucun site de réservation ni dans aucun guide.

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Après nos 3 jours à Kuyima, nous repassons une nuit en yourte chez Terry et Gary. Les petits-déjeuners pris en commun avec les autres hôtes autour d’une grande table sont l’occasion de faire de nouvelles connaissances et de s’échanger des tuyaux de voyageurs.

Mais il est temps de repartit vers la côte te le sud.

Mulegé

Venant de San Ignacio, la première localité que l’on rencontre sur la Mer de Cortés est la ville de Santa Rosalia. En fait c’est une ville d’une certaine importance mais qui ne présente aucun charme, bien au contraire, dans la mesure où elle est en partie défigurée par son activité industrielle dont l’essentiel est lié à l’extraction et au transport du minerai de cuivre. Cette activité n’a pas été créée mais a été fortement développée à la fin du 19ème siècle par une société française, la Compagnie du Boléo.

Il reste aujourd’hui quelques traces de ce passé français et notamment un hotel, l’Hotel Francès.

Peu convaincus par ce site, nous continuons notre route jusqu’au gros bourg de Mulegé situé à l’embouchure de la rivière du même nom où nous avons réservé un studio. L’endroit n’est pas désagréable mais, comme San Ignacio, il a reçu la visite d’Odile ce qui a eu pour effet de détruire plusieurs maisons, de faire disparaître plusieurs plages et de rendre difficilement praticables plusieurs routes dont celle qui va au phare.

On nous montre des photos de comment c’était avant : bien mieux qu’aujourd’hui sans aucun doute.

Le village compte une assez grande colonie de nord-américains qui ont soit fait construire dans la petite palmeraie, soit vivent en mobil-home. A mon avis, on doit vite se lasser de vivre ici. En ce qui nous concerne, après avoir déjeuné, plutôt bien, dans un restaurant local et avolir fait quelques courses dans une superette du coin pour remplir le frigo, nous nous ennuyons ferme. Je lis donc un autre Fred Vargas !

Juste avant le coucher du soleil, nous allons tester la solidité de notre voiture de location sur la route du Phare et allons prendre quelques photos. Puis retour au studio, diner et dodo.

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Loreto

Le lendemain, départ pour Loreto, une bonne centaine de km plus au sud. C’est une route de rêve.

Parfois, elle longe la côte qui est alors somptueuse, avec une succession de caps et de plages, parfois elle s’enfonce dans la montagne intérieure au milieu des « cardones« , les cactus candélabres.

sans titre-57Les plages sont malheureusement la plupart du temps prises d’assaut par des hordes de nord américains ayant garé leurs gigantesques camping-cars à deux pas de l’eau, les uns contre les autres. Mais on peut encore trouver des petits endroits tranquilles.

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A Loreto, nous avons réservé dans un bed sans breakfast qui s’appelle Damiana Inn que nous trouvons sans difficulté en fin de matinée. Il n’y a personne à la réception, aussi sommes nous accueillis par Froukje, une cliente de l’hôtel, qui nous fait le café et avec qui nous entamons une longue conversation. Froukje et son mari Paul sont tous deux néerlandais originaires de Zélande et ont demandé à leurs employeurs respectifs de pouvoir faire un break d’un an, ce qui a été accepté.

Ils en ont profité pour partir pour les Etats-unis avec leurs vélos et traverser tout l’ouest du nord au sud. Fatigués par cette aventure, ils ont laissé leurs vélos chez un ami à San Diégo et ont pris l’avion pour Loreto où ils font, si j’ose dire, un break dans le break. Ça accroche bien entre nous et nous passons des heures à papoter puis décidons d’aller déjeuner ensemble.

Paul est un type très original et intéressant. Il a une vue toujours très analytique mais néanmoins humoristique des choses et est un champion d’échecs et de backgammon. Il est d’ailleurs arbitre international dans ces deux disciplines.

Sur la recommandation de Debra, la patronne du Damiana, nous avons choisi le Picazon, un établissement un peu plus chic que ceux où nous allons d’habitude. C’est un endroit isolé, à 7 km de piste au nord de Loreto et quasiment les pieds dans l’eau de la mer de Cortés. En plus la cuisine est délicieuse et les margaritas … je n’en dis pas plus 🙂

Au retour, je me trompe de piste et nous voilà embourbés car la pluie que nous avions subie lors de notre dernier jour avec les baleines est tombée ici aussi. Rien à faire, il va falloir trouver des morceaux de bois ou autre chose à caler sous les roues et pousser. Ouf, on y arrive juste au moment où un local, dans son gros pick-up, s’arrête pour nous aider sans que nous l’ayons vu arriver. Merci à lui.

J’ai de la boue au-dessus des chevilles et m’essuie dans de l’herbe sèche chose à ne jamais faire car il y a ici des serpents dont certains peuvent vous faire passer de vie à trépas très rapidement.

De retour en ville, nous nous baladons. C’est sympa ici, le rythme est lent, il y a un peu de monde mais pas trop.

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Le malécon est long et bien agréable avec sa brise marine et sa vue sur le chapelet d’îles à l’horizon. Beaucoup d’oiseaux ici mais surtout des cormorans et des pélicans qui n’arrêtent pas de plonger car l’eau est transparente. En voici un, capturé au coucher du soleil :sans titre-46

A cette heure là, la pêche est quasiment miraculeuse. Il suffit d’envoyer sa ligne ou son filet pour remonter quelque chose.sans titre-56

Mais nous devons retourner à Damiana car dans ce bed sans breakfast il y a une cuisine collective et ce soir Froukje a mis tous les hôtes à contribution pour organiser un diner en commun. Nous sommes une douzaine : nos deux néerlandais, un jeune couple américain, une famille française, un couple de canadiens, les patrons de l’hôtel Gerardo et Debra  (encore un couple mixte mexicano-étatsunien pour le coup) et nous-mêmes.

Gareth, le canadien, et sa compagne ont tout plaqué, tout vendu, pour parcourir l’amérique latine à vélo. Quand on leur demande combien de temps ils envisagent de vivre ainsi ils répondent : durée indéterminée, un vrai CDI en sorte. Ils vivent de leurs économies et des articles que vend Gareth car il est aussi journaliste. Il tient également un blog intitulé, je vous le donne en mille, El Pedalero, plein de ressources si vous envisagez pareille aventure, même en CDD.

Gerardo est hémiplégique depuis deux ans car il a perdu ses deux jambes dans un accident de voiture dont il était le seul protagoniste si l’on excepte la téquila. C’est dur pour lui mais c’est un type vraiment épatant, toujours prêt à raconter une histoire drôle ou à nous informer sur la région qu’il connaît comme sa poche.

On met de la musique. Je passe ma version favorite de la Llorona (la femme qui pleure) une de mes chansons préférées :

On a sorti du vin chilien qui étonnament se marie bien avec les plats les plus variés que chacun a préparé. Super soirée ! Le vin chilien va également nous aider à dormir 🙂

San Javier

Le lendemain, après avoir fait réparer pour 50 pesos (3 €) la sandale que j’avais cassée à la Finca Barlovento en Colombie, nous partons faire un tour à la mission de San Javier (encore un jésuite !) à une heure de route de Loreto dans les montagnes de l’intérieur.

La route est très belle mais comme il a plu il y a quelques jours, les nombreux gués qu’il faut traverser ne sont pas à sec. La plupart du temps cela passe sans problème mais certains sont plus profonds comme celui ci :

sans titre-80Ce n’est pas parce que gros 4×4 passe sans s’arrêter que notre voiture pourra en faire autant. Elle n’est pas trop haute de caisse.
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Seule solution, s’arrêter et aller y voir de plus près. Au plus profond l’eau m’arrive à mi-mollet. On décide de passer en douceur et … ça passe. Je comprends mieux pourquoi il y a tant de voitures hautes sur pattes dans le région !sans titre-58

San Javier est en fait un tout petit village de montagne avec cette mission pleine de charme. Il n’y a pratiquement pas de touristes ici et on peut visiter à loisir sans être harcelés par des marchands ambulants.sans titre-82

Je trouve même un compagnon de jeu mais il triche : il a quatre pattes, et je m’aperçois que mes talents au foot, si tant est que j’en ai jamais eu, ont bel et bien disparu.

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Au retour, en fin d’après-midi, c’est l’heure où on rentre les bêtes. Il y en partout et de toutes sortes ce qui nous donne l’occasion de nous arrêter plusieurs fois pour laisser passer les troupeaux de vaches, de moutons ou de chèvres. Les vaquéros, cow-boys locaux, ont tout de leurs homologues d’Arizona ou du Nouveau-Mexique

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Todos Santos

Nous sommes maintenant de retour à La Paz en attente de quitter la Basse Californie pour le « continent » en traversant la mer de Cortés en ferry. Les horaires de ces derniers font que nous avons une journée à « meubler ». Plutôt que d’aller voir les deux Cabos et leurs cohortes d’américains, nous partons pour Todos Santos, à une bonne heure de route d’ici.

Pourquoi Todos Santos ? Et bien pour moi c’est comme un pèlerinage : en effet c’est dans ce gros bourg que se trouve le mythique Hotel California. Qui ne se souvient du fameux solo de guitarre à la fin de la chanson des Eagles ?

C’est donc à Todos Santos que se trouve le fameux hôtel ou du moins c’est ce qu’ils disent car il y a, paraît-il, 2 ou 3 autres prétendants au titre. En tous cas c’est celui-ci qui a le mieux organisé son marketing autour de cette seule chanson. Et je pourrai dorénavant dire « j’y étais et je le prouve ».

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Le village est devenu un centre où se retrouvent de nombreux artistes, des vrais et d’autres, et il y règne une certaine effervescence bon enfant, un petit côté hippy, bohème, bobo, d’autant plus que c’est aujourd’hui jour de marché. Nous arpentons les 4 ou 5 rues qui forment le centre-ville et visitons plusieurs galeries : nous voyons beaucoup d’horreurs mais également quelques trucs que j’aime bien comme cet oreiller (je sais, je sais , mais les goûts et les couleurs …)

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Ici on fait de la pub pour un bar qui s’appelle Téquila Sunrise. Tout un programme car le nom est tout à la fois celui d’un cocktail, d’une chanson (toujours les Eagles) et d’un film.sans titre-61

Bon, on a encore un peu temps après un bon déjeuner pour aller faire un tour à la plage. Et justement sur le dépliant de Todos Santos sont listées quelques unes d’entre elles dont une est bien tentante, la Playa de las Palmas. Une plage sous les palmiers, qui ne signerait pas ?

Nous repartons donc. Sur la voie rapide il faut sortir au kilomètre 57. Audit kilomètre rien si ce n’est une vague piste. On a du rater la sortie. Demi-tour. C’est bien cette piste qu’il faut prendre mais il y a un hic, ou plutôt un dénivelé d’une cinquantaine de centimètres entre la voie rapide et la piste et comme disent les djeuns, « ça va pas le faire ».

Nous sommes là à nous interroger quand s’arrête à côté de nous une voiture avec toute une famille de mexicains qui, nous voyant dans l’embarras, nous proposent leur aide. Après leur avoir expliqué notre problème ils nous font signe de les suivre et nous mènent un peu plus loin à une autre piste , sans dénivelé celle-ci. Toujours gentils et serviables les mexicains.

Pour la plage ce sera raté car après avoir traversé à pieds la petite palmeraie nous arrivons sur une plage sans végétation aucune et de plus les nuages arrivent. On reste un quart d’heure et retour à La Paz.

La traversée

Le lendemain, nous prenons le ferry pour Topolobampo, petit port de l’autre côté de la mer de Cortés. La traversée doit durer 6-7 heures et nous avons pris une cabine (pas cher) pour pouvoir nous reposer.

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La traversée est sympa, l’ambiance est détendue. Un repas, pas très bon, est servi à bord. Il n’y a pas un seul touriste sur le bateau mais uniquement des familles mexicaines et les conducteurs des camions qui ont été embarqués en grand nombre. Il est vrai que c’est beaucoup plus court que de remonter toute la Basse Californie vers le nord et de redescendre de l’autre côté. On doit bien gagner 24 H de route minimum.

Sin., Mexico

Avant d’aller nous reposer dans la cabine, nous aurons droit à un superbe coucher de soleil sur Baja.sans titre-86

Puis nous débarquons vers 22 H et là, de nouvelles aventures nous attendent.

Kuyima – Rendez-vous avec las ballenas grises !

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Nous sommes en ce moment en Basse Californie, vous savez, cette longue péninsule de 1300 km de long qui prolonge vers le sud la Californie américaine et qui est séparée du reste du Mexique par la mer de Cortez.

Je vous parlerai plus en détails de cette région dans un post ultérieur et m’attarderai  aujourd’hui sur notre séjour à la lagune de San Ignacio où s’est déroulé un des moments clé de notre voyage : la rencontre avec les baleines grises.

Lors de la préparation de notre périple, connaissant la passion de Gaby pour les animaux, je m’étais renseigné sur les sites où il était possible d’approcher des baleines et la Basse Californie (Baja) était apparue comme un des endroits les plus favorables au monde pour cela.

Mexico

En fait, il est possible de voir des baleines un peu partout dans cette région, tant en mer de Cortez ou hivernent notamment les baleines bleues qui mesurent plus de 30 m de long, que dans les lagunes qui bordent l’océan Pacifique où l’on rencontre les baleines grises plus petites ou encore au large de Cabo San Lucas ou de La Paz, au sud, où l’on peut voir évoluer des requins-baleine.

Renseignements pris, articles lus, vidéos visionnées, récits parcourus, il m’était apparu que les endroits les plus propices pour approcher ces animaux étaient les 3 grandes lagunes qui forment des replis abrités de la côte Pacifique : la Laguna Ojo de Liebre la plus au nord, la centrale Laguna de San Ignacio et la Bahia Magdalena plus au sud.

Restait à choisir un de ces 3 sites pour poser nos valises quelques jours et aller rendre visite à ces charmantes bestioles qui, chaque année, à l’automne, délaissent les côtes frisquettes de l’Alaska pour venir se réchauffer un peu au Mexique où elles viennent donner naissance à leurs baleineaux et mettre en route ceux de la saison suivante dans des eaux calmes et relativement chaudes.

De mi-décembre à mi-avril quelques centaines de baleines grises élisent donc domicile dans une de ces 3 lagunes, mais laquelle choisir ? Dans la mesure où nous souhaitions rester quelques jours, notre choix a donc été dicté par les possibilités en matière d’hébergement et d’organisation des sorties en mer.

Nous avons finalement opté pour le programme proposé par l’organisation communautaire Kuyima, basée dans le minuscule village de Ejido Luis Etcheverria (164 habitants) au bord de la laguna San Ignacio.

On s’y rend en venant du bourg de San Ignacio, seule oasis de toute la Basse Californie, par une route de 75 km dont 45 sont goudronnés, le surplus étant constitué par une piste accessible aux véhicules de tourisme mais dans des conditions assez inconfortables. Notre voiture de location n’étant pas assurée pour la conduite sur piste, nous la laissons au parking de Kuyima en ville (si j’ose dire) et prenons un véhicule de l’organisation.

1 H 1/2 plus tard, nous voici arrivés au camp Ecoturismo Kuyima. L’endroit mérite bien son qualificatif d' »éco » car il n’y a là aucun des élements de conforts que l’on trouve dans les hébergements traditionnels.

Résumer les installations est assez facile : il y a là une dizaine de cabines, la plupart de 2,50 m sur 1,80 m avec deux petits lits et une étagère, un seau et un balai, un bâtiment central avec cuisine, grande salle de réunion où se prennent les repas en commun, quatre WC extérieurs avec divers systèmes d’évacuation, une petite construction avec 2 douches, 1 petite éolienne et 2 panneaux solaires, 1 pour l’électricité et l’autre pour la production d’eau chaude. C’est tout.

Pas d’électricité venue de l’extérieur, pas de télé, pas d’internet, mais une dizaine de personnes à demeure chargées de l’animation (sorties), de l’entretien et de la cuisine. Carlos, le chef de camp, appelé aussi Sextos car il est le 6ème enfant de sa fratrie, nous indique rapidement les règles du camp :

  • modération pour la consommation d’eau (c’est le désert ici) : la douche se limite à 20 litres que l’on utilise en agitant une tasse d’eau au-dessus de sa tête, pas de chasse d’eau mais encore une fois une tasse d’eau,
  • modération de la consommation d’électricité : pas de prise électrique dans les cabines mais une faible ampouble déconnectée à 22 H, chargement des batteries d’appareilms photos ou de tablettes centralisée (et contrôlée) dans le bâtiment principale, lampes de poches à LED et manivelle,

bref on est chez les scouts !

Voici quelques photos prises au lever du soleil, ici de 3 cabines,

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ici de 5 cabines avec au fond et à droite le bâtiment principal,

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et ici 2 des WC.

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Toutes les constructions sont en bois et montées sur pilotis pour éviter les intrusions de bestioles car, comme chacun le sait, les déserts sont très peuplés.

Une fois ces instructions données et les valises fourguées dans les cabines, c’est l’heure de la première sortie pour aller voir les baleines. On ne perd pas de temps ici.

Comme on va se mouiller un peu et que mes sandales sont HS, je rejoins le panga  (grosse barque à moteur) pieds nus ce qui est assez désagréable dans la mesure où tout le sol du camp, batiment principal inclus, est constitué de coquillages pilés.

Nous voilà partis. Un pilote (Jonas), un guide (Roberto) et un autre couple de touristes comme nous, Albert et Linda, originaires de San Rafael près de San Francisco, avec lesquels nous passerons pas mal de temps. D’autres visiteurs arriverons plus tard mais nous avons de la chance aujourd’hui, le panga est loin d’être surchargé.

La lagune est en fait très grande puisqu’elle mesure une quinzaine de km de profondeur et environ 5 de large. Après un quart d’heure à pleine vitesse nous arrivons à un poste de contrôle. Le site est en effet un parc national dont seule une partie est accessible au public, le nombre d’embarcations autorisées à un moment donné étant plafonné à 16. Mais il y a vraiment de la place pour tout le monde.

Nous avons déjà vu quelques dos de baleines au loin en arrivant et cela a provoqué l’excitation de Gaby, mais maintenant, moteur au ralenti, nous sommes en plein milieu de la zone « stratégique » et nous ne tardons pas à en voir apparaître d’autres, beaucoup plus près cette fois.

Il y là des mâles solitaires à la recherche de « partenaires de jeu » et des partenaires potentiels trop occupées avec leur bébé nouveau-né.

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De temps en temps, un de ces mâles se dresse en l’air pour voir se qui se passe autour de lui. N’y aurait-il pas une jeune jolie baleine grise à proximité ? En écrivant cela je fais bien entendu de l’ethnocentrisme car les dames baleines peuvent donner le jour à des baleineaux pratiquement jusqu’à leur décès, leur espérance de vie étant proche de la nôtre.

sans titre-25A d’autres moments, une de ces créatures s’extirpe de l’eau pour mieux plonger et nous montrer sa queue. Elles peuvent rester jusqu’à 20 mn sous l’eau.

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Après la plongée, il est temps d’évacuer les excès d’eau contenus dans l’organisme :

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Voir les baleines c’est bien, interagir avec elles c’est mieux. Heureusement, les baleines grises ne sont pas farouches en général et certaines recherchent même le contact avec les humains. C’est particulièrement vrai des baleineaux (3 m à la naissance tout de même)  qui, comme tous les enfants, sont curieux de tout et aiment jouer.

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Ils s’approchent même régulièrement de notre embarcation et Maman est parfaois amenée à modérer leurs ardeurs en les amenant un peu plus loin.

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Tous les touristes n’ont qu’une idée en tête, caresser une baleine. gaby est ici sur le point d’y parvenir mais il lui manque 10 cm dans les bras

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Il arrive aussi que des baleines se donnent en spectacle en se livrant à une partie de chaca-chaca, équivalent mexicain du bon vieux zizi-panpan bien de chez nous. Bon, je vous concède bien volontiers qu’on ne distingue pas grand chose des détails techniques de ces ébats sur cette photo mais, parole de scout que je n’ai jamais été, il s’agit bien là d’un vrai chaca-chaca live !

sans titre-32Et nous, et nous crient les oiseaux ! Il n’y en a que pour les baleines ici et c’est vrai que la faune ne se limite pas ici aux mammifères marins, baleines et dauphins, mais comporte aussi beaucoup d’oiseaux différents, au premier rang desquels les pélicans qui parfois volent seuls, parfois en escadrille, mais souvent au raz de l’eau, prêts à plonger dès qu’ils aperçoivent un poisson.sans titre-34 Après deux heures sur l’eau nous rentrons au camp. Entre temps une dizaine d’américains sont arrivés et nous déjeunerons ensemble.

L’après-midi, des activités sont organisées. Elles sont facultatives. Aujourd’hui Gaby part avec un petit groupe de femmes explorer la mangrove voisine. Ce n’est pas une mangrove tropicale comme on l’imagine en général chez nous, avec des palétuviers et autres arbres imposants. Non ici, la végétation est plutôt faite de gros buissons, mais ils ont bien les pieds dans l’eau et abritent une faune variée (molusques, oiseaux …).

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De mon côté, et compte tenu de mon intérêt moins prononcé pour les animaux, je décide de rester au camp. L’absence d’internet ou d’autre moyen de communication incite à la lecture ou à la rêverie. Aujourd’hui j’opte délibérément pour la seconde. Quel plaisir que de s’installer confortablement sur une chaise, à l’ombre d’une canisse, bercé par une brise légère, à somnoler en regardant ce paysage somptueux, lagune et montagnes en arrière-plan, en se posant quelques questions essentielles : quel est le sens de la vie ? Dieu existe-t-il ? quelle est la marque de dentifrice préférée de Sextos ?

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Il est 18 H. L’après-midi tire à sa fin. Le soleil commence à descendre. C’est le moment de sortir le Nikon et d’aller faire un peu de kitch !

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Et encore plus de kitch :

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La cloche sonne. C’est l’heure du diner pris en commun dans une joyeuse pagaïe. heureusement, les cuisiniers ont du talent et nous préparent le meilleur de la cuisine mexicaine avec des produits extrêmement frais qui nous éloignent un peu des sempiternels tacos, burritos ou enchiladas.

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Nous faisons plus ample connaissance avec tous ces américains. Nous sommes les seuls européens ici car la Basse Californie est manifestement devenue une base arrière pour les urbains du grand voisin du nord qui ne sont qu’à une journée de voiture ou 2 ou 3 H d’avion d’ici, si on se pose à Loreto.

Dans l’ensemble ils sont sympas mais nous aurons la surprise le lendemain de les voir repartir après une seule nuit alors qu’ils en avaient réservés 3 comme nous. Résultat, nous ne resterons qu’à 3 couples dans un camp qui peut en accueillir une douzaine et ce en pleine saison. Autant dire que tous les mexicains travaillant ici vont être aux petits oignons pour nous pendant les 48 H restant de notre séjour.

Le lendemain, le programme du matin est le même : virée en bateau à la recherche des baleines. Quand je dis recherche, ce n’est pas très exact : il n’est pas besoin de chercher beaucoup car elles sont là. Les comptages faits par le fac de biologie de l’Université de Basse Californie du Sud indiquent qu’il y a en ce moment environ 300 baleines dans la lagune et ce chiffre devrait monter vers 4 ou 500 dans les 15 jours à venir. Nous en voyons quant à nous entre 20 et 30 (mon estimation) pendant notre sortie.

L’après-midi est quant à elle consacrée à une sortie en vélo vers le village voisin. Ce n’est pas très loin mais il y a beaucoup de vent et il faut appuyer fort sur les pédales. Le village est très rustique, maisons en planches, rues ensablées, petite école primaire.

L’activité des habitants est entièrement consacrée à la pêche et pendant 3 mois de l’année à la récolte des coquilles Saint-Jacques. Ces dernières n’ont pas tout à fait la même forme que les nôtres : elles sont beaucoup plus grosses et de forme plus allongée.

Nous rendons visite à une famille en plein travail d’ouverture des coquilles. Toute la famille , enfants compris, y participe. Le village traite environ 6000 coquilles par jour ce qui donne 40 à 50 kg de noix qui sont vendues à des clients qui viennent les chercher sur place d’aussi loin que La Paz à 9 H de route.

Nous goûtons des noix fraiches. C’est fin et délicieux.

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De retour au camp, nous avons de la visite. Un coyote solitaire vient faire un petit tour pour voir s’il n’y a rien à grapiller chez les humains. Il se laisse approcher jusqu’à une quinzaine de mètres mais pas question de venir plus près. Apparemment ils n’attaquent pas les hommes mais ce sont tout de même des animaux sauvages, alors prudence.

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Après diner, les mexicains ont organisé une petite fête car c’est le jour de la Saint Valentin. Sextos, qui est musicien professionnel, est à la guitare ou au charango, sa femme aux percussions, et un biologiste américain dont j’ai oublié le nom à la deuxième guitare.

Chansons mexicaines, chansons américaines, chants pour danser, tout cela alterne dans la bonne humeur et nous passons une très agréable soirée.

Mon récit de notre troisième jour sera bref : nous partons voir les baleines mais après une heure, s’abat sur nous un violent orage. C’est très impressionnant : il y a des éclairs partout. On nous dit que c’est très rare ici et il a fallu que ça tombe sur nous, au sens propre comme au figuré. Nous sommes complètement trempés et nous rentrons à toute vitesse. Le panga est un véritable tape-cul et aujourd’hui j’aimerais, l’espace d’une demi-heure, être un invertébré 🙂

Le reste de la journée sera consacré à essayer de nous sécher.

Quant à moi, je changerai d’activité et abandonnerai la réflexion philosophique pour la lecture. J’ai justement un bon petit Fred Vargas qui m’attend sur la tablette.

A bientôt sur les routes de Basse Californie.

Cartagena de Indias

El Universal

Après 48H à Mompox, nous avons hâte de quitter la fournaise et notre programme prévoit une journée pour nous rendre à Carthagène dont le véritable nom est Carthagène des Indes. Pour parcourir la distance qui nous en sépare et qui est équivalente à celle que nous avons parcourue pour venir de Santa Marta, nous disposerons ce coup-ci d’un transport individuel et César, le chauffeur, est bien là, à l’heure convenue, avec son pick-up devant la Casa Amarilla. Pas d’attente interminable aujourd’hui.

Bolívar, Colombia

Question route, c’est « moins pire » (si j’ose dire) qu’il y a 3 jours. Comme ce jour là, nous circulons beaucoup sur des pistes mais elles sont plus larges et sensiblement moins défoncées que les autres.

Nous franchissons à nouveau le rio Magadalena un peu plus en aval sur un bac un peu plus sophistiqué que le précédent qui était constitué de 3 barques attachées les unes aux autres et en travers desquelles on avait jeté une sorte de plancher destiné à recevoir un véhicule, peut-être deux de petite taille.

Nous arrivons à une route goudronnée mais il est impossible d’y rouler vite, même si elle est relativement peu fréquentée, à cause des travaux incessants qui font que nous roulons la moitié du temps sur une seule chaussée. Puis nous arrivons à ville de Carmen de Bolivar et, de là, c’est du gâteau, deux heures de route « comme en Europe » jusqu’à ce que nous pénétrions les premiers faubourgs de Cartagène.

La première impression n’est pas très favorable : nous traversons une vaste zone industrielle avec ses usines, entrepôts, installations portuaires. Puis nous abordons des zones mixtes : habitations et commerces. Il commence à y avoir vraiment beaucoup de monde et ça s’agite dans tous les sens, la circulation est plus qu’anarchique et bien que nous soyons dimanche, les boutiques, magasins, étals en plein air, regorgent de monde. Et ça dure, ça dure. Pas étonnant que la ville compte 1,3 millions d’habitants.

L’urbanisme, enfin ce qui en tient lieu, pourrait être qualifié par un seul mot : la pagaïe. (dans un blog de bonne tenue, comme celui-ci, on n’utilise pas le terme DSKien de b…. !). Aucune planification apparente n’a présidé à l’édification des maisons, immeubles et constructions en tous genres.

Puis, tout à coup apparaissent les murailles de la vieille ville, nous franchissons une porte et nous voilà dans un havre de beauté et de calme, la musique mise à part bien entendu : rues pavées étroites bordées de maisons coloniales de toutes couleurs où dominent les pastels, bougainvillées, boutiques discrètes, petits restaurants, hôtels-boutique, petites places ombragées. Nous sommes tombés dans un vrai décor. de cinema.

Autant les faubourgs et la ville « moderne » ne valent vraiment pas une visite, autant on ressent une impression de malaise devant cette ségrégation assumée : les touristes et quelques riches avec leurs 4×4 d’un côté, le reste de la population, les plus nombreux et de très loin, classes moyennes et pauvres de l’autre.

Carthagène est la ville la plus visitée du pays, et de loin. Résultat : les prix y sont sensiblement plus élevés qu’ailleurs notamment pour ce qui concerne l’immobilier, les étrangers et les riches colombiens de Bogota ou de Medellin faisant monter les enchères.

Ces réflexions mises à part, nous visitons tout de même cette vieille ville si empreinte de charme colonial. Nous commençons par un tour sur les remparts. Ces derniers ont été construits pour résister aux attaques des pirates comme Francis Drake. A l’origine, ces remaprts étaient hauts et « les pieds dans l’eau ». Aujourd’hui la côte s’est élevée par suite de l’apport d’alluvions, la mer a reculé et les remparts ne semblent plus aussi infranchissables que cela.

Ils mesuraient à l’origine 11 km de long mais il n’en reste aujourd’hui que 9, un maire local ayant eu un jour la facheuse idée de les détruire pour favoriser le désenclavement de la vieille ville et favoriser son développement économique. Devant le tollé provoqué par ce projet, cette destruction programmée a heureusement été arrêtée.

Comme la plupart des villes coloniales d’Amerique Latine, Carthagène a été construite suivant un plan géométrique, les rues se croisant à angle droit, enfin pas tout à fait nous dit-on, puisqu’elles ne sont pas tout à fait parallèles pour favoriser la circulation du vent et offrir de l’ombre à toute heure de la journée. La ville est en effet très chaude, moins que Mompox tout de même, et marcher à l’ombre avec des courants d’air rend les choses plus supportables.

Après cett première prise de contact, retour à notre hôtel pour rédiger un article de blog et dormir un peu car nous avons rendez-vous demain matin avec notre guide pour une visiste à pied de la vieille ville.sans titre-233

Notre guide s’appelle Sam Vergara, un nom basque qui est le même que celui de nos voisins. Mais il n’est pas basque du tout mais plutôt et même tout à fait black. Ses grands parents sont en effet arrivés en Colombie venant du Sénégal. C’est un jeune de 25 ans parlant parfaitement l’anglais et doté d’un solide sens de l’humour. On va bien s’entendre. le voilà sur cette photo :sans titre-242

En route pour la visite ! En fait la vieille ville est un curieux mélange de luxe, de bohème, avec un côté bobo-écolo assez prononcé. Ce mélange sur lequel on peut porter tous les jugements que l’on veut aboutit toutefois à un résultat plein de charme, de nonchalance, de torpeur où les couleurs vives vivent et se répondent les unes aux autres.

Quelques photos en diront plus qu’un long discours :sans titre-241sans titre-244sans titre-238sans titre-246sans titre-249sans titre-237sans titre-235sans titre-248

Le côté jeune du quartier est accentué par la présence d’une université :

sans titre-234Au détour d’une rue nous tombons sur une équipe de télé locale procédant à une interview. Vite dans la boite :sans titre-247

Ici un type exécute avec ses seuls doigts et un tout petit pinceau pour les finitions, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une peinture sur miroir. C’est très impressionnant :sans titre-236

A côté de la vieille ville proprement dite, il existe un autre quartier avec des caractéristiques  similaires, Getsemani, encore plus bohème et artiste, dangereux et livré à tous les taffics et à la prostitution jusqu’à récemment. Aujourd’hui il fait bon y flâner et même s’arrêter au fameux  « Café Havana ».sans titre-240sans titre-245sans titre-243

De retour à l’hôtel et après avoir demandé à Sam, en prenant congé de lui, de saluer de notre part sa petite amie new-yorkaise Jennifer, nous nous mettons en quête d’un endroit pour manger un morceau. Nous jetons notre dévolu sur la cevicheria situé au coin de la rue de notre hôtel. Erreur funeste, le ceviche de crevettes, très bon par ailleurs, tient dans un fond de bol, est accompagné de biscuits secs et est facturé 20€ pour deux, bien au-delà des tarifs habituels dans ce pays.

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Nous aurions sans doute mieux fait de nous arrêter dans l’établissement ci-dessous où l’on banni le wifi en encourageant les clients à se parler ! Très bonne idée.
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Gaby commence à s’intéresser aux heurtoirs des portes et il est vrai qu’il en existe de toutes formes et de toutes les couleurs. On pourrait passer des heures à les répertorier et peut-être cela a-t-il déjà été fait. En voici quelques exemples (le lion signifie que la maison appartenait à un militaire) :

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Retour à l’hôtel pas trop tard car demain nous partons tôt. Ce sera notre dernier jour en Colombie car après une inévitable, et longue, escale à Bogota, nous nous envolerons pour Mexico City où nous passerons une nuit avant de repartir pour la Basse Californie, Baja comme disent les américains où nous avons rendez-vous avec les baleines grises.

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Baja California Sur, Mexico

Tijuana, B.C., Mexico

Je finis cet article de San Ignacio, aux fins fonds de la Basse Californie, après 6 jours sans wifi, et après avoir pesté contre l’aéroport de Bogota où j’aurais eu le temps d’écrire et de poster mais où le wifi était en rade, et contre celui de Mexico où le réseau intitulé « Wifiparatodos » (wifi pour tous) aurait du être renommé en « Wifiparanadie » (wifi pour personne).

Enfin nous allons bien et nous avons vu les baleines, en très grand nombre et de très très près. Je vous raconte ça sous peu. A plus !

Sur la route de … Mompox, la belle endormie

Avant de commencer, trois petites remarques préliminaires :

  • tout d’abord un petit rappel : il vous est possible de vous abonner sur la page d’accueil du blog de manière à être prévenu(e) par email de la publication d’un nouveau post,
  • ensuite, tous les textes en bleu (ainsi que les manchettes de journaux qui apparaissent ici ou là) ont clicables et peuvent apporter un complément d’information quand j’ai la flemme de l’apporter moi-même,
  • tertio, je mets ma menace à exécution : le petit coquin qui a été visiter le lien de Cupido, le motel de Medellin offrant un havre de tranquilité aux amours extra-conjugales, a été repéré. Oui M…., c’est bien toi, je t’ai reconnu et tu t’es reconnu. Contacte moi vite pour qu’on s’arrange avant que je ne révèle les lettres qui doivent remplacer les points de suspension après le M. Allez, plus vite que ça 🙂

Maintenant je reprends la suite du blog.

***

*

Debout ! Il ne s’agit pas de trainer. Nous avons de la route aujourd’hui. Et pas qu’un peu. Il s’agit de rejoindre Mompox, en plein département de Magdalena, sur une très grande ile fluviale dessinée par deux bras du rio du même nom, dans l’intérieur de la zone caraïbe de la Colombie,

Le programme est le suivant : on doit venir nous chercher vers 7H30 à la finca Barlovento pour nous amener à Santa Marta, à l’hôtel Aluna, point de rendez-vous où un transport « puerta a puerta » doit venir nous prendre, entre 10H et midi, pour nous conduire jusqu’à Mompox. Facile. D’après ce que l’on nous a indiqué, il y a 5 heures de route de Santa Marta à Mompox.

Bolivar, Colombia

Villarrica, Paraguay

La première partie du programme se déroule avec la précision d’une horloge suisse et nous arrivons à l’hôtel Aluna vers 9H. Nous y posons nos bagages et allons faire un petit tour dans le centre historique tout proche en prévoyant de revenir vers 10H pour le cas où notre transport serait là. On ne sait jamais.

Santa Marta est une grande ville d’environ 500.000 habitants dont l’économie repose sur l’activité portuaire vers l’est du centre et le tourisme avec le développement de grands complexes vers l’ouest.

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Le centre historique est regroupé comme partout dans ce pays autour d’une grande place et comprend les bâtiments les plus anciens. C’est mignon mais pas plus que d’autres villes. Ce qui fait l’attrait de Santa Marta, c’est la présence de la mer.

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L’histoire de la ville a été très mouvementée, comme à Carthagène, dans les premières décennies qui suivirent sa fondation par suite de nombreuses attaques de pirates britanniques ou français attirés par l’or accumulé par les espagnolssans titre-216

Bon, il ne faut pas trop s’attarder, car notre transport pourrait arriver. En plus nous commençons à avoir très chaud. Retour donc à l’hôtel Aluna et début de l’attente.

Comme on nous a dit entre 10H et midi, nous patientons en espérant que ce sera la fourchette basse. Mais non. Une heure passe, puis une heure et demi. Gaby commence à se lever chaque fois qu’elle entend le bruit d’un moteur dans la rue mais rien ne vient.

Vers midi le patron de l’hôtel part déjeuner et nous indique que quelqu’un a appelé pour  dire que le transport arriverait entre 12H30 et 12H45. Vers 12H55, bruit de moteur, c’est lui. Un minibus Hyundai s’immobilise devant l’hôtel. Je demande « Mompox ? » et le chauffeur me fait un signe de la tête pour confirmer.

Sur la photo le Hyundai fait moderne et confortable et on se dit que cela doit être confortable pour transporter 6 personnes. Le problème c’est qu’il y a déjà 8 personnes à l’intérieur et qu’avec nous ça va faire 10. Ça craint ! Le chauffeur est sur le toit en train d’arrimer les bagages avec des cordes. Gaby, toujours calme 🙂 a peur qu’ils ne s’envolent. Qu’à cela ne tienne, il n’y a pas le choix et nous démarrons, serrés comme tout. Heureusement la clim fonctionne.

sans titre-212Après 10 minutes, dans une quelconque banlieue de Santa Marta, nous nous arrêtons une première fois. Je pense que c’est pour faire le plein. Mais non, nous embarquons deux passagers supplémentaires. On va être 12 dans le Hyundai ! Pendant 5 heures avec le soleil qui tape sur les vitres (il fait 35-40°C dehors).

Ça y est, c’est parti. Nous voila piquant vers le nord au milieu de bananeraies Chiquita sans fin, sur une route pleine de camions et de pick-ups où l’on doit pouvoir réaliser une moyenne de 40-45 km/h. Nous sommes 12 à bord, 4 rangées de 3 personnes, tous colombiens sauf nous. Je suis serré à droite du deuxième rang avec à ma gauche Madame Lavieille et Madame Lagrosse (il faut bien leur donner des noms) tandis que Gaby est assise dans la rangée du fond avec le chauffeur de rechange et autre colombien.

Il n’y a pas beaucoup de distraction à bord. On regarde le paysage mais c’est lassant. Les gens parlent peu et quand ils le font, je ne comprends pas grand chose à leur espagnol qui doit être plein d’expressions locales. De temps en temps un portable sonne et on a droit à une conversation à voix haute.

Les deux premières choses que fait un(e) colombien(ne) lamda quand il/elle récupère un nouveau portable c’est de régler le volume sur maximum et de remplacer la sonnerie standard par une bonne salsa ou une bonne cumbia. Il faut reconnaître que ça réchauffe l’ambiance qui n’en a poutant pas vraiment besoin.

Je ne peux absolument pas bouger, Mesdames Lavieille et Lagrosse non plus d’ailleurs, et ça me pose un vrai problème dans la mesure où je viens de m’apercevoir que j’étais victime d’une attaque tout à fait déterminée émanant d’une (ou de plusieurs) puce(s), attaque concentrée dans un premier temps sur ma cheville et sur ma jambe droite … puis sur ma cheville et ma jambe gauche. Ce soir, à l’hôtel, je compterai plus de 20 piqures sur chaque jambe. Les bestioles devaient attendre patiemment accrochées au tapis de sol du Hyundai car je ne peux imaginer une seconde que la brave Madame Lagrosse, avec son chapeau de laine marron par 40°C, en ait été le vecteur.

Les heures passent avec un seul arrêt pipi/rafraichissement. Pas vraiment le temps de s’occuper, que dis-je d’anihiler sauvagement le bataillon de puces.

La route goudronnée a fait place à une succession de pistes et de goudron à ornières et trous, parfois, pour changer, un peu de tôle ondulée. Le Hyundai se secoue, vibre, mais tient bon. Les bananeraies ont fait place à une sorte de savanne brulée par le soleil avec des vaches maigres, quelques chevaux de ci de là, et, dans les villages, quelques porcs en liberté.

18H. Cela fait maintenant 5H que nous roulons. Tout à coup Madame Lavieille s’agite dans tous les sens et fait savoir au chauffeur qu’on a sans doute dépassé sa destination. Palabres, hésitations, incertitudes. Finalement nous faisons demi-tour sur la piste et moins de 5 minutes plus tard Madame Lavieille crie que c’est là.

En effet, de l’autre côté de la piste, sa fille, une autre dame et son petit-fils attendent avec un âne. Nous nous garons sur le bas-côté et commence le déchargement des affaires de Madame Lavieille. Comme nous avions embarqué après elle, nous ne savions pas qu’elle avait tout un déménagement avec elle. Ceci explique la présence de l’âne.

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Pendant que le chauffeur défait les cordes, descend un vélo, puis nos valises, puis le déménagement de Madame Lavieille, remet nos valises, le vélo, puis resserre les cordes, Madame Lagrosse s’agite de tout son être en criant « cuidado a mi ventilador ! cuidado a mi ventilador ! » (attention à mon ventilateur!), le ventilateur en question étant vraisemblablement une des causes de son voyage à Santa Marta et représentant pour elle une valeur plus que symbolique.

sans titre-219Nous repartons. Madame Lavieille et sa famille nous font de grands signes d’adieu. La configuration du 2ème rang du Hyundai a changé : à gauche Madame Lagrosse et son chapeau de laine marron, à droite votre serviteur et au milieu … le fameux ventilador. Lui au moins je peux le pousser un peu pour bouger mes jambes et ça va tout de suite un peu mieux. Mais c’est trop tard pour les puces.

Le soleil est en train de se coucher sur la savane. En fait c’est magnifique mais je ne vais pas faire arrêter le Hyundai avec 11 personnes à bord pour faire des photos. Comme l’appareil photo est dans mon sac à dos, lui-même sur le toit, il faudrait remonter sur le toit, défaire les cordes, descendre …. vous m’avez compris. Et comme les vitres sont vraiment sales vous serez privés de coucher de soleil sur la savane.

Il fait nuit noire maintenant et ça va enfin devenir drôle. En effet on ne voit plus à l’avance les ornières ni les nids de poule sur la route sans parler des ralentisseurs qui sont installés partout dès qu’il ya 3 maisons sur le côté. Ça secoue bien, merci pour nos lombaires.

Mais qu’est ce que c’est donc que cette lumière qui s’agite en hauteur ? En s’approchant on s’aperçoit qu’il s’agit d’un lumignon accroché au bout d’une perche elle-même prolongée par un bras appartenant à un type à cheval. C’est un cow-boy ! C’est la conclusion à laquelle j’arrive quand je me rends compte que derrière le gars à cheval il y a un troupeau de vaches qui occupe toute la route. Pas un petit troupeau discret et mignon, non ! Nous nous frayons un chemin au milieu des bovins. Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Je dirai qu’il y en a environ 200 (190 selon la police !). En un mot c’est interminable enfin pas tout à fait car ça finit par s’arrêter. Ouf ! 200 vaches brahmanes avec leurs bosses de zébus, c’est quand même impressionnant.

Quelques minutes après cet intermède bovin, nous apercevons enfin les lumières de la ville. D’ailleurs tout le monde commence à s’agiter dans le Hyundai. On prend un petit chemin de terre pour débarquer un monsieur. Grimpage sur le toit, dénouages des cordes … vous connaissez le système maintenant. Il fait une chaleur étouffante.

Nous arrivons en centre ville où tout le monde descend et on commence à descendre tous les bagages. Mais on nous fait remonter Gaby et moi. Pour nous déposer gentiment devant notre hôtel ? Mauvaise pioche. En fait nous apprenons que nous ne sommes pas à Mompox mais à Santa Ana, gros bourg sur la route. Il faut repartir. Mais auparavant, comme il n’y a pas de véritable service postal en Colombie, notre chauffeur va déposer un pli à un gars qui habite dans le coin, puis s’arrête chez lui 5 minutes (il habite sur place) pour embrasser sa femme et prendre son jeune fils qui fera la route avec nous et qui fera peut-être chauffeur plus tard, comme papa.

Il reste 1H1/2 à faire dans le noir. Nous traversons un bout du rio Magdalena sur un bac mais je vous épargne le reste. Nous arrivons à la Casa Amarilla, notre hôtel, à 20H30, fatigués, fourbus, et affamés car nous n’avons rien mangé depuis le petit déjeuner. On ne distingue plus la couleur de nos valises tant elles sont couvertes de poussière.

Le portier de nuit nous propose d’aller nous chercher une pizza. C’est comme une oasis dans le désert. Nous acceptons. Ça vous fera 25.000 pesos (environ 10€). Puis il nous demande la taille de la pizza. Hum, ça sent l’arnaque ! Mais nous payons. Il nous demande 2000 pesos en plus pour le livreur. L’arnaque se confirmera le lendemain quand nous apprendrons, après une rapide enquête, que le restaurant d’où provient la pizza se trouve … à moins de 50m de l’hôtel.

Plaie d’argent n’est pas mortelle, surtout vu le cours du peso. Nous dévorons la pizza et montons dans notre chambre commencer la tentative d’extermination des puces. Ecrasage, douchage, noyage. On va bien finir par y arriver. Et puis un dodo bien mérité.

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, nous apprenons à nos dépens ce que les guides touristiques vous cachent soigneusement : Mompox est la ville la plus chaude de Colombie. Depuis que l’on fait des relevés, jamais la température n’a été en-dessous de 17,4°C et dans la journée il fait généralement entre 35 et 40°C, parfois plus, jamais moins de 30°C.

Et dire qu’avec une moitié de sang britannique je n’aime pas la chaleur. Il va falloir trouver des stratégies de défense : sortir tôt, marcher strictement à l’ombre, se doucher plusieurs fois par jour, chercher des endroits climatisés (très peu, mais vraiment très peu nombreux) ou à défaut venteux, faire de longues haltes à l’hôtel ou la clim fonctionne bien.

En fait c’est dommage parce que Mompox (on dit aussi Mompos ou Santa Cruz de Mompox), avec ses 30.000 habitants, est une bien joile ville, fondée en 1540 et au riche passé colonial, classée pour son architecture au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco. Mais c’est une ville endormie. En effet elle avait profité de son emplacement sur le rio Magdalena pour devenir un lieu de commerce important, un trait d’union entre les ports caraïbes, notamment Carthagène, avec le sud du pays.

Mais au 19ème siècle, le bras du rio qui borde la ville s’est partiellement ensablé et le traffic fluvial s’est reporté sur un autre bras. Et la vie s’est un peu arrêtée. Tout va lentement à Mompox, on se croirait dans le Macondo de Garcia Marquez bien que ce dernier se soit sans doute inspiré de son village natal d’Aracataca, à deux heures d’ici.

Il y a trois rues principales et parallèles à Mompox, celle qui longe le rio Magadalena appelée Alabarrada, la calle Real del Medio (rue du milieu), la plus importante et commerçante, et la calle de Atrás (la rue de derrière). Toutes sont bordées de vieilles maisons coloniales qui ne sont malheureusement pas toutes bien entretenues.

La population est polie, accueillante mais parfois semble un peu plus réservée que dans le reste du pays.

En fait la ville présente un réel attrait touristique mais elle se mérite et souffre de deux handicaps majeurs pour pouvoir se développer : la chaleur et la difficulté d’accès.

Mais comme j’ai beaucoup écrit aujourd’hui, je vais laisser la place à deux vidéos de Youtube et quelques photos prises par nous pour vous faire une petite idée.

Eglise Santa Barbara :sans titre-220 La rive du rio Magdalena :sans titre-221 Des vieilles maisons et de vieilles rues :sans titre-222 sans titre-223 sans titre-224 sans titre-225 sans titre-226 sans titre-227 Des collégiens avec qui nous avons papoté un peu. Ils ne suivent pas de cours d’anglais faute de prof.

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A bientôt à Carthagène !

Paradis caraïbe

La LibertadHumiliation !

Il n’y a pas d’autre mot ! Voilà ce qui m’est arrivé au décollage de l’avion d’Avianca qui doit nous mener de Bogotá à Santa Marta, 1H30 plus au nord :

Comme je l’ai expliqué dans un post précédent, je m’arrange toujours, à bord d’un avion, pour caser mes longues jambes dans un siège situé près des issues de sécurité, là où il y a plus de place.

Sur les lignes intérieures d’Avianca, l’anglais est banni, c’est comme ça. C’est pourtant la lingua franca du transport aérien mais ils en ont décidé ainsi. Il est vrai que des collégiens rencontrés ce matin même nous ont dit ne pas avoir de cours d’anglais au collège. Il y a donc un déficit linguistique majeur dans ce pays.

Toujours est-il que pour briguer un de ces sièges tant convoités, il faut être capable, en cas d’urgence, de prendre en compte les consignes du personnel de bord exprimées, comme on vient de le voir, exclusivement en espagnol.

Et ne voilà-t-il pas qu’un petit steward colombien se met en tête de me faire passer un rapide oral d’espagnol pour vérifier mes connaissances. Tous les professeurs vous le diront, quand on veut piéger quelqu’un c’est facile, alors il me piège et me voilà contraint d’échanger MON siège avec celui d’un type qui mesure 1,65m maximum et qui n’a rien compris au film.

Bien sûr, le steward a raison, mais il n’empêche, c’est un blogueur HU … MI … LIÉ qui va continuer ce post et je pense en ce moment à Chelo, ma prof d’espagnol, qui doit rigoler tant qu’elle peut si elle lit ces lignes.

Bon, calmons-nous et passons à autre chose.

Nous atterrissons donc à Santa Marta et nous comprenons en moins de temps qu’il ne faut pour le dire que nous sommes entrés dans un autre monde : il fait 35°C à l’ombre. Bienvenue sur la côte caraïbe.

Magdalena, Colombia

Magdalena, Colombia

Ce qui est impressionnant dans ce coin du monde, c’est la présence à 42km de la côte du point le plus élevé de Colombie, le mont Cristobal Colón qui culmine à 5775m. Ce pic dépend de la Sierra Nevada de Santa Marta, plus haut massif côtier du monde.

Nous voilà en route pour la Finca Barlovento où nous allons passer deux nuits et recharger un peu nos batteries car nous nous en rendons compte après un mois de voyage, changer d’endroit tous les deux jours en moyenne devient vite fatigant et nous n’avons hélas plus 20 ans.

Ce qui fait l’originalité de cette finca, c’est son site : elle est construite sur un piton rocheux situé juste à l’endroit où le rio Piedras se jete dans la mer des Caraïbes.

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On a donc d’un côté une rivière et de l’autre la mer, les deux étant séparés par un banc de sable qui retient les eaux de rivière qui devient très large à cet endroit et qui s’écoule vers la mer par un étroit goulot.

Au point de convergence de ces deux systèmes il existe un amoncellement de rochers sur lequel une riche famille a édifiée cette finca il y a 40 ans environ pour en faire une résidence secondaire. Ultérieurement la finca est devenue un hôtel avec 4 chambres.

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L’endroit n’a rien de luxueux :  nous profitons de la seule chambre avec salle de bain privative. Mais les chambres disposent de larges fenêtres sans vitre donnant sur la mer. Le téléphone ne passe pas et il n’y a pas d’internet mais au contraire une vaste terrasse avec des transats où on peut rester des heures à lire ou à discuter.

sans titre-204Les repas sont pris en commun ce qui nous permet de faire la connaissance d’un jeune couple d’une tentaine d’années originaire de Cincinnati : Gabriel est médecin neurologue et est né de parents argentins, Ashley est travailleuse sociale et est née d’un père américain et d’une mère venant de Bangalore, en Inde du sud. Comme nous ils aiment voyager et y consacrent toutes leurs vacances et toutes leurs économies. Nous parlons longtemps ensemble, échangeons, comparons, expliquons et rien ne presse. C’est vraiment très agréable.

Le soleil se couche sur la rivière : le spectacle est sublime. Le calme de l’endroit est seulement troublé par des poissons (ou des grenouilles ?) sautant de la rivière pour attraper des insectes.

sans titre-202Après une nuit sous la moustiquaire, bercés par le bruit des vagues (très bruyantes tout de même) et après un copieux petit-déjeuner, il est temps d’explorer un peu les lieux.

C’est le paradis des oiseaux : les pélicans volent en escadrille au ras des vagues. De temps à autre l’un d’eux plonge attraper un poisson. D’autres oiseaux sont plus calmes et donc plus susceptibles d’être pris en photo :sans titre-211sans titre-203Nous allons sur la plage à droite de l’hôtel, là où il y a des blocs de rochers aux formes diverses. Voici une devinette : chien ou canard ?

sans titre-207Puis nous décidons d’aller sur la plage de gauche, c’est à dire le banc de sable qui sépare  la rivière de la mer. Un panneau nous incite à la prudence : la rivière est peuplée de caïmans. Normalement inoffensifs, leur comportement a changé depuis deux ans par suite d’une sècheresse locale qui a diminué leurs sources de nourriture. Nous serons donc prudents.

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Pour accéder au banc de sable, il faut traverser le petit goulot par lequel la rivière s’écoule dans la mer. Ça n’a pas l’air profond comme ça, alors je me lance : je m’enfonce et je sens que le courant arrache ma sandale. Je parviens de l’autre côté en luttant contre lui. Résultat des courses : une sandale  complètement déchirée et irréparable et un passeport trempé ! Heureusement que je tenais l’appareil photo en l’air. Il faudra faire attention au retour.

L’après-midi est consacré au farniente. J’adore ce mot : ne rien faire. Ça a l’air facile comme ça mais c’est en fait un art oublié dans nos pays où les sollicitations sont incessantes. Alors autant s’y remettre au plus vite. Les heures s’égrennent lentement, lentement. Le jour tombe tout aussi lentement. Puis la lune apparaît, lentement elle aussi. Elle est pleine et orangée et se cache lentement derrière un nuage.

Vient l’heure du diner. Ce soir nous sommes 8 à table. Un couple de belges (lui est architecte), un couple d’américains de Brooklyn, lui réalisateur de programmes documentaires et elle productrice desdits programmes, et enfin deux jeunes américaines de New-York dont une, avocate, est assez insupportable. On papote en anglais, même avec les belges francophones. Il faudrait inviter le steward d’Avianca (quel mauvais esprit, ce blogueur !)

Coïncidence, le réalisateur de documentaires a travaillé l’an dernier pour Arte, où travaille notre fille Cécile, sans savoir que c’était une chaine franco-allemande.

Bon, tout ce petit monde a envie d’aller se coucher, alors nous suivons le mouvement. Ça tombe bien, on vient nous chercher à 7H30 demain matin pour aller à Mompox.

Et vous verrez dans le prochain post que dans la perspective de cette épopée une bonne nuit de sommeil n’est pas du luxe.