Rude journée

El tiempoCe 20 janvier restera dans ma mémoire de voyageur comme une journée particulièrement éprouvante.

Elle a en effet commencé à 5H30 du matin  pour se terminer vers 22H après de nombreux changements de mode de transport et quelques émotions.

Tout avait été pourtant bien prévu et bien organisé mais sans grande marge de sécurité.

Mais commençons par le commencement :

A vrai dire nous sommes un peu tristes de quitter Isabela avec son rythme de vie indolent, ses ballades sur la plage, ses habitants délicieux, sa voiture de police inhabituelle

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et ses fous à pattes bleues.

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Mais les réservations sont faites et il nous faut partir. A 5H30, le taxi pick-up commandé la veille arrive ponctuellement à la Casita de la Playa et nous embarque, tout affamés que nous sommes, à la jetée où règne déjà une animation joyeuse et bordélique.

Pendant que nous soumettons nos valises à une fouille sanitaire, une otarie glisse sans bruit sous le jetée flottante. Mais elle va trop vite et il ne fait pas assez jour pour que nous puissions la prendre en photo.

Apparemment plusieurs bateaux doivent partir à peu près en même temps. Le nôtre s’appelle Gaby et il est plus petit que le Neptuno III que nous avions eu à l’aller. Un petit coup de panga et nous sommes une quinzaine à embarquer. Les places sont chères pour être sur les banquettes extérieures car nombreux sont ceux qui craignent le mal de mer.

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On ne peut pas leur donner vraiment tort car aujourd’hui la mer est plus formée qu’à l’aller avec des creux d’environ 1,5m, de quoi faire rigoler n’importe quel navigateur de la Route du Rhum, mais de quoi faire taper sérieusement le Gaby et de balancer quelques paquets de mer sur ma Gaby dont la polaire est bientôt trempée. Heureusement l’eau est à 25°C. On fait même la course avec le sosie du Gaby :

Course de bateauxHeureusement, le trajet est plus court d’environ 25 mn par rapport à l’aller soit 1H50. Nous arrivons à Puerto Ayora, re-panga, re-taxi pour rejoindre Baltra, re-pluie au milieu de l’île de Santa Cruz, re-panga pour Baltra, re-bus minable pour l’aéroport, ouf, il ne reste plus qu’à s’enregistrer et aller enfin manger un sandwich.

Ce coup-ci, nous voyageons avec une compagnie équatorienne, la TAME, qui doit nous amener à Quito avec une escale à Guayaquil. Cela commence très bien parce que l’Airbus A320  part avec 20mn d’avance. On nous sert un wrap et un soda, de quoi regonfler un peu les batteries. Nous nous posons à Guayaquil où nous devons rester dans l’avion pendant que certains passagers descendent et d’autres remontent pour faire Guayaquil – Quito.

Théoriquement l’escale doit durer 40mn mais au bout d’ 1H30 nous n’avons toujours pas décollé et on nous donne encore moins d’information que la SNCF. Je commence à m’inquiéter car à Quito nous avons théoriquement 1H40 pour récupérer nos bagages, nous enregistrer sur un vol Avianca pour Bogota et essayer de récupérer la TVA payée sur nos hébergements en Equateur. Or nous sommes bien partis pour n’avoir qu’une heure, et encore, pour faire tout ça.

Les miettes

A Baltra les oiseaux se jetent sur les restes de nos sandwichs (en Equateur ils appellent ça « sanduches »)

L’avion décolle enfin. On nous sert une enchilada vraiment minable mais nous faisons avec. Le parcours est en fait très rapide et nous nous posons à Quito où le manque d’oxygène s’abat sur nous. On l’avait oublié celui-là, et pas question de courir dans les couloirs. Gaby et moi nous concertons et tombons d’accord : pas le temps de s’occuper de TVA, de discuter avec des fonctionnaires des impôts pour un résultat aléatoire.

Nous récupérons nos bagages et filons vers les banques d’enregistrement Avianca. Là le type nous regarde l’air buté et nous fait : « Lo siento » (je suis désolé), mais pour les vols internationationaux il faut s’enregistrer 3H à l’avance.

Panique à bord ! Gaby et moi sommes décontenancés : comment peut-on exiger que des passagers arrivent avec 3H d’avance pour un vol qui va durer 1H10 ou 1H20. Nous sommes scotchés au guichet mais n’avons pas l’intention de nous laisser faire. Nous restons immobiles. Le gars doit lire dans nos yeux une froide détermination (là je raconte n’importe quoi car en fait on balise un max) et après quelques interminables secondes  … nous demande nos passeports pour nous enregistrer.

Ouf ! Après ça la fouille des bagages semble une formalité et nous nous retrouvons en salle d’embarquement, crevés, affamés, à bout de nerfs, mais rassurés. Peut importe alors que bien que l’avion soit là, que tous les passagers soient également là, nous partions avec 45mn de retard.

Nous nous posons à Bogota. Les formalités d’immigration se passent bien. Nous allons récupérer nos bagages. Voilà la valise de Gaby qui arrive parmi les premières. Mais où est la mienne ? Nous attendons, attendons, cela fait un bail que tous les passagers venant de Quito sont déjà partis. Et ma valise n’est toujours pas là !

Nous décidons que Gaby va sortir pour aller voir le gars qui doit nous attendre pour nous amener à l’hôtel : il ne faudrait pas qu’il se décourage et reparte vu qu’il est déjà tard.

De mon côté je fais tous les carrousels pour trouver ma valise : rien. Je vais au service des bagages perdus : on me ballade au carrousel 3 où bien sûr il n’y a rien. Je retourne les voir, exhibe mes reçus de bagage, ils appellent et là miracle : deux minutes plus tard on m’apporte ma valise. Où était-elle passée, je ne le saurais jamais.

Voilà cette dure journée s’achève. Nous arrivons à l’hôtel où nous sommes attendus (certaines choses fonctionnent), prenons un petit café colombien, une douche et dodo le ventre creux.

Demain, visite éclair de Bogota.

Galapagos

Ecuador

Guayaquil 090313, Ecuador

Nous venons de nous poser sur l’île de Baltra, aux Galapagos, avons passé les formalités et payé notre écot.

Mais pourquoi diable ont-ils installé le principal aéroport de l’archipel ici : il n’y a rien et c’est loin de tout. Dehors il fait chaud et le soleil tape fort mais il y a une brise marine pour atténuer un peu le coup de bambou.

Un bus nous attend. Nous enfournons nos bagages dans la soute et montons à bord. Quel supplice : le bus doit être prévu pour 30 personnes et nous devons être 45 à 50 à essayer de trouver une place. Il fait une chaleur insupportable. Je suis assis à côté d’une grosse mama équatorienne (à vrai dire il y en a peu de mince) quand le bus s’ébranle. Un peu d’air parvient par les fenêtres.

Dehors c’est le désert, la rocaille avec quelques buissons. Nous arrivons enfin à un débarcadère où attend un bateau. On entasse les valises sur le toit et c’est parti pour 10 mn de traversée (grand maximum) vers l’île voisine de Santa Cruz, île la plus peuplée de l’archipel et, au premier abord, aussi désertique que Baltra.

Le débarcadère sur Santa Cruz est du genre minimaliste : il n’y a rien si ce n’est quelques pick-ups. Il nous faut rejoindre Puerto Ayora, ville principale de l’île et de l’archipel, située à 40 mn de route. Un Monsieur nous aborde, il fait le taxi avec son pick-up et nous propose de nous ammener à notre hôtel pour $18. Nous acceptons.

Ajoutés aux $2 du bateau, cela fait en tout $20 alors que l’hôtel nous proposait le même service pour $50, proposition que j’avais refusée en prétextant une incertitude sur l’heure d’arrivée, excuse bidon s’il en fut.

Nous devons traverser toute l’île de Santa Cruz du nord vers le sud. Au milieu, il y a un ancien volcan. Au fur et à mesure que nous grimpons, le paysage change du tout au tout : du désert nous passons presque sans transition à la verte forêt et il se met à faire frais et même à pleuvoir, tout cela en 5-10 mn. Puis nous redescendons vers Puerto Ayora et notre hôtel qui se trouve à : 0°44’45.0″S  et  90°18’59.0″W.

Les lecteurs qui ont du temps devant eux et envie de s’amuser un peu pourront me faire un commentaire pour me dire le nom de l’hôtel 🙂

Ce dernier est sympa et à 2 mn de la rue princpale de Puerto Ayora, ville qui avec ses 12.000 habitants concentre la moitié de la population de tout l’archipel. Nous comprenons mieux pourquoi notre chauffeur de taxi nous disait avec fierté qu’il nous ammenait à la ciudad.

Cet en effet ici que se trouvent les meilleures infrastructures des Galapagos en matière de santé, d’éducation. Ici se trouvent les deux seuls distributeurs de billets de l’archipel. La ville vit du Parque Nacional, de la pêche et du tourisme. L’atmosphère est bon enfant et la vie se réroule à un rythme plus lent que sur le continent, qui n’est déjà pas très rapide.

Un des endroits les plus pittoresques de la ville est le petit marché aux poissons qui se tient en plein air.

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Pendant que les marchands débitent le poisson, les pélicans attendent patiemment qu’on leur jette les restes.

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Si on veut manger rapidement, quelques tables sont posées à côté du grill où l’on prépare le poisson tout frais qui vient d’être débarqué.

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Tout cela est bien sympathique. Nous devons néanmoins ne pas perdre trop de temps et réserver des places sur un bateau pour nous emmener demain sur l’île d’Isabela notre destination finale aux Galapagos où nous avons prévu de nous arrêter un peu et de nous reposer pendant deux jours. Les voyages ont beau former la vieillesse, ils ne nous redonnent pas les jambes de nos 20 ans 🙂

Il y a de nombreuses agences qui proposent des billets ici et nous en trouvons sans difficulté moyennant $60 pour deux. Curieusement, pour une ville qui vit en grande partie du tourisme, très peu de gens parlent anglais ici mais mon espagnol semble suffisant pour me débrouiller sans trop de difficulté. En plus tout le monde est vraiment gentil et serviable. Un vrai pays de bisounours !

Le lendemain, après une bonne nuit, nous embarquons à bord du Neptuno III, vaillante vedette rapide qui doit nous mener à Isabela en 2H15. En fait cela se passe en deux temps : après une demi-heure à patienter sur la jetée sans aucune information, un Monsieur arrive avec une liste de passagers. Notre nom est dessus. Nous montons donc dans un « panga » , grosse barque motorisée qui doit nous amener au Neptuno III. Là après une petite bousculade, nous trouvons en place assise à l’arrière, juste à côté des 3 gros moteurs Yamaha de 200cv chacun qui doivent nous propulser sur les 80 km de traversée.

Moteurs Yamaha

C’est parti. Nous filons à 25-30 noeuds. Ça tape, ça secoue, mais nous restons au sec. On nous a distribué des sacs plastique pour le cas où nous aurions le mal de mer mais tout va bien. Je ne pense pas qu’on puisse en dire autant des passagers assis serrés les uns contre les autres à l’intérieur du Neptuno. Nous aussi sommes serrés mais au moins nous avons de l’air.

En route, nous croisons deux ou trois autres vedettes et avons un aperçu de quelques unes des autres îles.

Dans l’archipel des Galapagos, seules quatre îles sont habitées soit, par ordre décroissant de population : Santa Cruz avec le chef lieu Puerto Ayora, San Cristobal avec la ville de Puerto Baquerizo Moreno, Isabela où nous nous rendons avec le village de Puerto Villamil et enfin Floréana avec son micro-village de Puerto Velazco-Ibarra.

La plus grande île par la taille est Isabela qui mesure 120 km du nord au sud mais elle ne compte que 2200 habitants. C’est ici que nous arrivons : re-panga pour le déchargement, re-taxe d’entrée (ici c’est $5) et re-recherche d’un véhicule pour nous transporter à l’hôtel. Ce dernier n’est qu’à 1km du débarcadère mais le soleil tape et la route est en sable ce qui n’est pas pratique pour traîner les valises.

Un minibus tout ouvert et avec 5 bancs nous dépose à la Casita de la Playa (0°57’25.0″S , 90°58’05.3″ W) , notre maison pour 3 nuits. Le propriétaire nous accueille. C’est la gentillesse faite homme. Il ne parle pas un mot d’anglais mais son espagnol est tellement lent et distinct que je comprends absolument tout de ce qu’il me dit. Ça change de l’Espagne.

Casita de la PlayaComme l’hôtel n’est pas plein on nous donne une chambre les pieds dans l’eau. Enfin j’exagère : pour accéder à la plage il faut traverser le Malecón qui prend ici la forme d’un chemin de sable où passe moins d’un véhicule par heure.

Puerto Villamil est un drôle d’endroit : d’abord c’est tout petit, les rues sont en sable, il y a quellques touristes comme nous mais trop (il faut être fou pour venir se perdre ici), les gens sont d’une extrême courtoisie (tout le monde vous salue, jamais un mot plus haut que l’autre).

C’est, pour ceux qui connaissent, une espèce de combinaison entre l’île de Pâques (en moins isolé) et Jericoacoara au nord-est du Brésil (en moins peuplé et agité). Bref un endroit archi-cool et parfait pour se poser quelques jours.

Il fait très chaud le matin quand le soleil tape mais dès le début de l’après-midi les nuages et la brise s’installent et il fait un peit 22-23° C bien agréable.

Il n’ y a vraiment pas grand chose à faire si ce n’est buller et aller voir les animaux. Et ça, ce n’est pas difficile.

Il y a beaucoup d’oiseaux,

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des flamands roses :

sans titre-77Pour les iguanes, il suffit de trouver quelques rochers volcaniques sur la plage et ça grouille : les mâles font 50 à 60 cm plus la queue soit environ 1-1,2 m. Ils ont des couleurs tournant du verdâtre au jaunâtre ou rougeâtre, mails ils sont vraiment moches. Les femelles sont un peu plus petites et noires.

Iguane mâlePrendre en photo des iguanes est la chose la plus facile au monde. D’abord ils se déplacent lentement, ensuite quand ils entendent un humain, ils arrêtent de se déplacer et attendent. En fait ils ne doivent pas se faire trop de souci car ils sont extrêmement protégés.

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Pour ce qui est tortues, Isabela est lieu d’habitat privilégié pour les tortues terrestres. Ces dernières vivaient paisiblement sur l’île avant l’arrivée des hommes qui ont amené avec eux des animaux, chiens, chèvres, dont certains sont devenus sauvages et des prédateurrs pour les tortues qui n’en avaitent pas précèdemment.

Les autorités ont pris la mesure du problème et ont créé un centre où les tortues peuvent se reproduire et où l’on veille à leur développement jusqu’à ce qu’elles soient en mesure d’être relachées dans leur environnement naturel.

Nous visitons ce centre un peu à l’écart du village : c’est un lieu très calme où les tortues sont regroupées par âge. Il y en a des centaines, peut-être des milliers.

Sentant l’intérêt de ses lecteurs décroître, latina2015.com a décidé de frapper un grand coup. Au diable les père-le-morale, voici en première exclusivité une scène de sexe entre tortues terrestres. Vous noterez en début de séquence les grondements de satisfaction du mâle et verserez une petite larme en pensant à la femelle en dessous :

Et puisqu’on est dans la vidéo, en beaucoup plus chaste cette fois ci, voici Monsieur Iguane faisant un 100m.

Demain, journée chargée : un taxi nous prend à 5H30, nous montons à bord du Gaby (et oui) direction Puerto Ayora, puis taxi et bateau pour l’aéroport de Baltra, avion Baltra-Quito avec escale à Guayaquil, et enfin avion Quito-Bogota. Bye bye Ecuador.

Pendant les 100 minutes d’escale à Quito, outre les bagages, l’emigration et l’enregistrement, nous allons essayer de récupérer la TVA sur nos hébergements en Equateur. ce n’est pas gagné mais j’ai toutes mes factures prêtes. Je vous raconterai.

En route pour les Galapagos

El Colono

Depuis Cuenca, nous avons devant nous deux jours de transition : une première journée doit nous amener à Guayaquil dont nous nous envolerons le lendemain pour les Galapagos.

C’est aujourd’hui notre dernière journée avec Luis et cela se sent. Il y a comme une certaine nostalgie/tristesse dans l’air parce que nous avons partagé deux semaines ensemble et sommes devenus amis .

Nous avons beaucoup apprécié sa gentillesse, ses connaissances, son écoute, son aptitude au partage, sa patience. En plus c’est un excellent chauffeur. Nous sommes près à le recommander très chaleureusement et sans aucune hésitation à quiconque souhaiterait les services d’un guide ne parlant qu’espagnol et anglais.

Gaby me taquine souvent en me traitant de Klugscheisser (en allemand celui qui la ramène par sa science). Eh bien Luis a mérité le titre de Klugscheisser Junior tant ses connaissances sont étendues ce qui est à mon sens une grande qualité pour un guide.

Nous allons une fois de plus grimper et redescendre les Andes, occidentales cette fois, en traversant le Parque Nacional de Cajas (le parc des boites) ultraprotégé écologiquement parlant puisque la durée de la traversée est mesurée (comme pour traverser l’ex Allemagne de l’Est) ce qui nous laisse à peine le temps de nous arrêter au point le plus haut de notre voyage, le col des Tres Cruces (les trois croix) à 4167m l’altitude.

PN Cajas

Remarquez, en chemisette par 4-5°C, on n’a pas trop envie de s’attarder !

Nous sommes bien au-dessus des nuages et allons en moins d’une heure redescendre dans la chaleur moite du niveau de la mer en zone équatoriale. L’organisme en prend un coup et lutte pour s’adapter. Nous retraversons donc les différents écosystèmes (páramo, higher cloudforest, lowercloudforest, plaine tropicale) avec les variations de végétation qui vont avec.

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Arrivés en bas, le payage est plus sec. Il y a beaucoup de plantations de bananes (Chiquita) et l’impression générale est, comment dire, un peu plus bordélique. Plus de musique, moins de discipline sur la route, un petit côté caraïbe.

La population, toujours très métissée, semble avoir moins de sang indien et plus de sang africain dans les veines. C’est déroutant mais sympa après 10 jours de hauts plateaux.

Nous voici à Guayaquil. C’est la plus grande ville du pays avec 3 millions d’habitants. C’est ausi la capitale économique et cela se sent : circulation délirante, gens pressés, nous sommes loin de la nonchalance des hauts-plateaux.

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La ville a beaucoup moins de charme que Quito ou Cuenca. On sent qu’ici c’est le business qui prime. C’est fonctionnel avec des immeubles modernes et hauts mais cela conserve un côté chaleureux et très vivant. On n’est pas à La Défense ou dans le quartier des banques à Francfort.

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Nous nous promenons sur la seule partie de la ville plutôt joile, le Malecón, ou front de mer rivière.

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Nous sommes en effet au bord de la rivière Guayas qui a donné son nom à la ville et qui communique directement avec l’Océan Pacifique. C’est en fait le plus grand estuaire de toute la côte Pacifique de l’Amérique Latine ce qui confère à la ville une situation privilégiée et lui permet d’être un grand port.

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En me balladant en ville, je tombe sur cet immeuble qui me rappelle une vie antérieure bien lointaine 🙂 :

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Bon, il fait vraiment très chaud (plus de 30°C) et très humide (plus de 95%) alors vite retour à l’hôtel et au confort de la clim !

Le lendemain, nous devons nous rendre à l’aéroport et attraper l’avion pour Baltra, principal aéroport des Galapagos. Avianca nous a prévenu qu’il partirait avec une heure de retard. Ça nous laisse du temps.

Le taxi qui nous amène là-bas pour $5 donne l’impression qu’il va tomber en pièces détachées au bout de 50m mais c’est un Toyota Yaris allongé par rapport à ceux de chez nous. C’est du solide et nous arrivons à bon port.

Les formalités d’embarquement sont un peu compliquées. L’ensemble des îles Galapagos forme en effet un Parque Nacional très protégé. Il y une inspection des bagages au départ comme à l’arrivée et on doit remplir tout un tas de formulaires. C’est encore plus astreignant que de quitter le pays.

Ça y est. J’ai réussi à dégoter un siège à la « salida de emergencia » pour mes longues jambes. Nous nous envolons et on nous sert une modeste empenada (espèce de chausson fourré en l’occurence à la viande) qui devra nous faire tenir jusqu’au diner. Ce sera juste. Je pense avoir déjà perdu 2 à 3 kg depuis que nous sommes partis à cause ou grace à des repas sautés ou des problèmes de turista.

Nous apercevons les premières îles : paysage désertique et ingrat. Nous nous posons à l’aéroport Seymour sur l’île Baltra. C’est géré par l’armée. Il n’y a rien d’autre sur cette île que l’aéroport.

sans titre-71Les formalités sont assez rapides mais avec une rigueur toute militaire. Pas question d’oublier quelque chose sur les formulaires. En tant qu’étrangers, nous devons nous acquitter d’une taxe/contribution de $100 par personne (aïe !, ce n’est que $6 pour les locaux) qui permet aux autorités locales de maintenir le parc et d’y investir.

Nous allons chercher nos bagages mais STOP ! Pas question d’y toucher ! Il faut maintenir une certaine distance pendant qu’un chien renifleur examine l’ensemble des valises à la recherche de je ne sais quoi : drogue, végétaux … mystère.

Nous voici enfin aux Galapagos. La suite au prochain numéro.

De l’Amazonie à Cuenca

Metro Ecuador

 Un post pour résumer trois jours de voyage :

  • premier jour : Amazonie – Riobamba
  • deuxième jour : Riobamba – Cuenca
  • troisième jour : Cuenca

Ecuador

Cuenca, Spain

Après avoir embarqué avec quelques bataves et leurs bagages, nous avons descendu le rio Napo pendant une douzaine de minutes car ça va plus vite dans le sens de la descente.

Luis nous attend avec son 4×4 Kia au fameux pont vers 9H du matin. Les hollandais nous font des signes d’au-revoir amicaux mais on sent bien qu’ils préfèreraient être à notre place plutôt que serrés dans leur bus.

Nous commençons alors notre longue remontée vers les Andes qui se traduit par une végétation qui change chaque fois qu’on monte de 200 à 300m et par des oreilles qui font « pop » à peu près au même rythme. En plus l’air devient plus léger à mesure que l’oxygène se fait rare.

Nous faisons une halte au « Pailon del Diablo » (le chaudron du Diable), une chute d’eau sur la rivière Pastaza, qui à défaut d’être très haute est très spectaculaire et qui est classée par Tripadvisor comme la 12ème attraction d’Equateur sur 357.

Pour atteindre le site, il faut descendre 20-25 mn sur un sentier bien balisé et assez facile. La remontée dure elle 40-45 mn et est beaucoup plus éprouvante d’une part parce que le sentier est raide et d’autre part parce que les effets de l’altitude et du manque d’oxygène se font sentir.

Voici ma photo (je m’aperçois en la postant que c’est la 3ème chute d’eau figurant sur le blog, il faut que je me calme) :

Pailon del Diablo

 et voici la vidéo de Youtube qui montre comment, en se faufilant un peu (ce que nous n’avons pas fait) on peut aller jusque derrière la cascade :

Une fois bien mouillés, on peut aller se restaurer un peu au resto du coin où, connaissant maintenant le rythme équatorien, nous avons pris la peine de commander avant d’accéder à la chute d’eau.

Nous reprenons la route et passons quelques temps dans la ville de Baños que les guides touristiques décrivent comme étant sans intérêt, opinion que je ne partage pas car la ville est plutôt coquette, accueillante et vivante et le point de départ de nombreuses excursions ou activités. En particulier on peut y faire beaucoup de cyclotourisme ou du saut à l’élastique (très peu pour moi, merci).

Nous arrivons aux termes de notre journée à Riobamba, pour le coup sans intérêt, où nous passons la nuit à la Hacienda Abraspungo, pleine de charme colonial avec un restaurant délicieux et bon marché et son wifi à deux vitesses, slow et stop.

Riobamba est aussi au pied du plus haut volcan d’Equateur, le Chimborazo, qui culmine à 6268 m et dont nous ne verrons le somment enneigé que très fugacement sans avoir le temps de prendre une photo.

Départ au matin en direction de Cuenca. Nous espérons pouvoir grapiller deux places sur le célèbre train qui rejoint la Nariz del Diablo, le nez du Diable décidément très présent dans la région. Ce train est connu pour son tracé spectaculaire.

En vérité nous avons déjà essayé de réserver des places en ligne ce qui s’est révélé impossible et ce que nous avons mis sur le compte d’une trop grande demande, et c’est en comptant sur un desitement que nous nous présentons à la gare d’Alausi d’où part le train.

Il y a là un employé des chemins de fer, un afro-equatorien souriant mais extrêmement nonchalant qui nous explique qu’il n’y a plus de train aujourd’hui et que le dernier est parti à 8H du matin. De toutes façons il était réservé aux clients des agents de voyages ce que nous ne sommes pas. Dommage.

Nous nous balladons un peu dans la ville qui ne présente pas un intérêt particulier, si ce n’est sa gare, et reprenons la route.

Alausi

En fait la route est longue parce qu’elle tourne, monte, descend sans arrêt et que nous passons la plus grande partie du voyage au milieu des nuages sans pouvoir rouler à plus de 30 km/h. Nous finissons par arriver à Ingapirca où nous pourrons visiter des ruines mais auparavant il convient de se sustenter ce que nous faisons dans un petit restau local où le menu del dia est à $ 2,50 ce qui est dur à battre. En plus c’est très bon avec une soupe à la quinoa et un poulet au riz. Les poulets ici, au risque de me répéter, sont vraiment délicieux.

Le site d’Ingapirca a été primitivement occupés par les premiers habitants de la région, les indiens cañaris qui étaient là 10 siècles avant JC et jusqu’à l’invasion par les incas au 15ème siècle. En fait la présence de ces derniers n’a duré que quelques dizaines d’années, jusqu’à l’arrivée des espagnols.

Cela leur a quand même laissé le temps de construire une route empierrée qui permettait de rejoindre Cusco et un magnifique temple du soleil. On voit au premier coup d’oeil que les incas avaient une totale maîtrise de l’ajustement des pierres sans avoir un quelconque besoin de mortier alors que les cañaris utilisaient quant à eux des pierres beaucoup moins ajustées mais retenues ensemble par un mortier grossier fait de déjections animales, sable, eau et paille. Simple mais efficace.

Ingapirca

Nous reprenons la route vers Cuenca qui n’est plus très loin et que nous atteignons vers 16H30. Cuenca est la 3ème ville du pays après Guayaquil et Quito et flirte, banlieues comprises, avec le million d’habitants.

C’est une ville relativement riche ce qui explique les embouteillages que nous devons affronter dès notre arrivée. Nous finissons par trouver notre hôtel situé tout près de la place centrale et donnons rendez-vous à Luis pour le lendemain matin et une visite du centre ville.

A 9H nous nous retrouvons. La visite aura lieu à pied car il serait impossible de circuler aussi vite en voiture et encore moins de trouver où se garer. Il fait frais mais dès qu’on est au soleil on a chaud car il tape dur et presqu’à la verticale. Gainsbourg aurait dit : « sous le soleil exactement ».

Notre première destination est un atelier de fabrication de panamas. Ces chapeaux sont malgré leur nom d’origine équatorienne. Au 19ème siècle, le leader libéral équatorien Eloy Alfaro dut s’exiler au Panama. Là, pour survivre, il monta un atelier de fabrication de chapeaux qui devint très profitable et l’aida à financer la révolution libérale en Equateur.

Aujourd’hui, le principal centre de production se trouve à Cuenca et en 2012 ce chapeau fut inscrit au Patrimoine Immatériel de l’Humanité par l’UNESCO.

Atelier de Panamas

Ce chapeau est fabriqué à partir des feuilles tressées d’un arbuste ressemblant au palmier, le toquilla. Il en existe de nombreuses qualités, la plus fine étant produite dans le canton de Montecristi et portant son nom. Les prix s’échelonnent de $65 à $600 et on peut même acheter en ligne sur le site de l’atelier/musée.

Mais la popularité de ce chapeau décolla vraiment quand le Président Théodore Roosevelt commença à s’afficher portant ce bien nommé couvre-chef 🙂 lors d’une visite au canal de Panama.

Aujourd’hui des personnages tout aussi importants continuent de le porter en toute circonstance et en toute élégance :

Gaby en Panama

Nous continuons ensuite notre visite en allant au marché municipal. Ce dernier se tient dans un immeuble moderne et est très haut en couleurs. On y trouve de tout, la surface la plus importante étant consacrée aux étals des commerces de bouche.

C’est une symphonie de couleurs : fruits tropicaux ou pas, légumes, viandes, poissons …

Marché de Cuenca

Mais il y aussi des produits  miracles et toutes sortes de poudres de perlin pinpin comme le savon pour attirer les clients ou les filles, ou autres « phyltres d’amour »

Poudres de perlin pinpin

A l’étage il y a un gigantesque « food court » ou on peut manger de tout à toute heure. Ici, des paysannes avec leur panama de la meilleure qualité dégustent un locro (soupe). Hélas la photo est floue, désolé.

Paysannes déjeunant Ici, l’escalator fait moderne mais il ne fonctionne pas :

Paysanne à l'escalator

Nous continuons notre ballade par la visite de la cathédrale qui donne sur le place principale. Cuenca étant une ville très conservatrice, les fidèles se mettent sur leur trente-et-un pour se rendre à l’église et je n’ai jamais vu autant de costume-cravate depuis que nous sommes arrivés en Equateur.

Cathédrale Cuenca

La vieille ville de Cuenca est un régal pour les yeux et est plus belle même que celle de Quito. On déambule donc avec plaisir tout en essayant de rester du côté ombre de la rue ce qui oblige à traverser souvent les rues, opération risquée si l’on se souvient que le conducteur équatorien considère le piéton au pire comme une cible potentielle et au mieux  comme une variable d’ajustement 🙂

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Mais mon téléphone (qui permet également d’appeler) m’indique que nous avons marché 8 km et gravi l’équivalent de 6 étages. Il est donc temps de se reposer un peu en dégustant un bon repas au Restaurante El Maiz. C’est un endroit tout à fait agréable, calme, joliment décoré et servant une cuisine traditionnelle équatorienne raffinée.

Restaurante El Maiz

A cent mètres du restaurant se trouve la Banque Centrale d’Equateur flanquée d’un musée de très haute qualité. Nous y visitons les salles d’ethnographie consacrées aux différents peuples ou sociétés habitant le pays. Il y a là des reconstitutions très bien faites des différents habitats ainsi que des outils, vêtements ou instruments de musique.

Mais ce qui nous fascine le plus ce sont les têtes réduites réalisées autrefois (je l’espère) par les indiens Shuars avec les têtes de leurs ennemis dont ils voualient tout à la fois se prémunir de leur vengeance et s’approprier leur énergie.

Cette pratique connut son apogée lorsque les conquistadores espagnols se heurtèrent aux indiens. Des milliers de blancs virent alors (façon de parler car c’était alors un peu tard pour voir !) leur tête réduite des deux-tiers selon un processus témoignant d’une grande humanité et parfaitement décrit ici.

N’ayant pas le droit de prendre des photos à l’intérieur du musée, j’ai trouvé sur le net cette photo ressemblant beaucoup à ce que nous avons vu.

Luis, qui avec beaucoup de présence d’esprit avait garé son 4×4 devant le musée nous reconduit à l’hôtel et c’est vraiment sympa car nous avons vraiment les jambes lourdes.

Nous dinons sur la place centrale dans un petit restau sympa et pas cher qui s’appelle « Sucré salé » et qui se veut un établissement français avec fromages de France, crèpes, et autres profiteroles. Ce n’est pas tout à fait ça mais c’est très bon quand même et les deux jeunes filles qui tiennent l’endroit sont très sympa.

Et enfin un petit peu de musique pour la route car demain pour partons pour Guayaquil, Julio Jaramillo étant un grand classique ici.

Amazonie

Expresso Guayaqui - Charlie

Je vous ai laissés au Pont Arajuno avec son café/bar/épicerie. Ce lieu est en fait assez stratégique, toutes proportions gardées, car c’est ici que s’opère la jonction entre la « civilisation » matérialisée par la route goudronnée, les bus, le signal pour les portables d’une part et la « vie du fleuve », les allers et retours des longues barques motorisées qui relient le pont aux différentes communautés établies le long du fleuve sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Luis prend congé de nous (il nous reprendra deux jours plus tard) et nous attendons une quinzaine de minutes le bateau qui nous mènera à notre lodge qui s’appelle Itamandi. Une fois que nous avons pris place dans la barque, le pilote s’active à la remplir avec toutes les provisions commandées et en attente à l’épicerie : une barque ne repart jamais à vide.

On embarque donc 100 à 150 l d’eau purifiée en gros bidons, 5 ou 6 grosses bouteilles de gaz, un bidon de chlore pour nettoyer les bottes (j’en reparlerai), des fruits et des légumes frais, 200 à 300 oeufs, des matérieux divers et j’en oublie.

En fait, nous sommes dans l’Amazonie pour débutants : il n’y a plus de route, plus de télé, plus de téléphone mais la vie moderne est à 15 mn de barque.

Sur le Napo

Le fleuve Napo doit faire à cet endroit là une trentaine de mètres de large. Nous sommes à 300 km à vol d’oiseau de l’océan Pacifique mais toutes les eaux ici vont finir dans l’Atlantique, à 3000 km. Le Napo va rejoindre le Maranon qui est lui-même un des fleuves constitutifs de l’Amazone, au même titre que l’Urubamba que nous avions longé au Pérou, dans la Vallée Sacrée, avant de nous rendre à Machu Picchu.

D’où nous sommes, il faut une semaine de barque motorisée pour rejoindre Iquitos, chef lieu de l’Amazonie péruvienne et on peut ensuite continuer très loin vers Manaus au Brésil puis encore Belem aux portes de l’Atlantique.

Ces quelques minutes qui nous séparent du lodge continuent de me faire penser au film d’Herzog sur Aguirre : même silence, mêmes murs de végétation qui laissent entrevoir de temps à autre une hutte sur pilotis et quelques indiens kitchuas.

Nous avons d’ailleurs embarqué deux femmes kitchua faisant du bateau stop qui descendent en route à un endroit où on ne décèle aucune présence humaine.

Nous arrivons à notre lodge qui dispose d’un petit débarcadère. C’est un lodge écolo d’une vingtaine de chambres donnant toutes sur le fleuve avec une petite terrasse avec hamac. L’électricité est exclusivement d’origine solaire et tous les appareils ou eclairages sont basse consommation. Il y a une grande terrase couverte où sont pris les repas. Les matériaux de construction ont été dans une large mesure des matériaux recyclés.

Compte tenu de l’absence de route, la construction de cet ensemble constitue un véritable exploit et j’ai du mal à imaginer le nombre d’allers et retours qu’il a fallu faire pour amener les matériaux de construction et les équipements jusqu’ici.

Il est temps de dissiper un préjugé : nous nous attendions à débarquer dans un sauna avec température et humidité très élevées mais si l’humidité est bien là, la température est tout à fait agréable (20 – 23° C) et par moment fraiche.

Autre préjugé à dissiper, les bestioles. Nous pensions que des nuées de moustiques affamés s’abattraient sur nous et nous étions copieusement recouverts de repellent en prévision de l’attaque. Que nenni ! C’est tout juste si nous avons entendu un vague moustique de temps à autre et encore, je ne suis pas sûr de ce que j’affirme.

Ce qui est certain par contre, c’est que le Ministère de la Santé du pays fait procéder régulièrement à des campagnes de démoustification. Il faut croire qu’elles sont efficaces.

Il existe par contre un point négatif auquel nous n’avions pas du tout pensé : la boue. Elle est absolument partout : les petits chemins pour une personne qui traversent la selva (forêt amazonienne) ne sont qu’une succession ininterrompue de plaques de boue. Ah la gadoue, la gadoue, la gadoue … air connu.

Il s’ensuit que l’équipement nécessaire, essentiel, irremplaçable, indispensable, fondamental que dis-je incontournable est ici la paire de bottes. Heureusement le lodge dispose d’un vaste local à bottes qu’il met gracieusement à la disposition des voyageurs (à mon avis ça se retrouve quelque part dans le prix :-)).

Renseignements pris, nous sommes le seul couple de voyageurs solos au lodge mais nous ne sommes pas pour autant seuls : il y a aussi un groupe de 16 hollandais. Ça promet, pas parce qu’ils sont hollandais mais parce qu’ils sont un groupe.

Comme disait Brassens, le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on est plus de quatre, on est une bande de c…s.

Mais finalement, à part un comportement nettement grégaire, nous n’aurons rien à reprocher à nos bataves avec lesquels nous entretiendrons des conversations superficielles mais agréables.

Nous avons un jeune guide kitchua, Franklin, qui nous propose d’aller faire une ballade de nuit et d’aller à la rencontre (comme disent les agences de voyages) d’animaux nocturnes.

Franklin en bateau

Gaby accepte. Fatigué, je me dégonfle. A son retour, une heure plus tard, Gaby raconte pleins d’histoires sur deux thèmes récurrents : les araignées et la gadoue. J’ai bien fait de me reposer !

Bon diner, bonne douche, bonne nuit, bon petit dej’

Le lendemain, nous avons rendez-vous avec Franklin pour aller faire une ballade de deux heures dans la selva. Les hollandais viennent de partir de leur côté quand nous arrivons à l’accueil/bar/local à bottes.

Nous allons enfiler ces dernières quand tout à coup un déluge s’abat sur nous. Nous n’avons pas idée de ces trombes d’eau en Europe. Le déluge dure 5 minutes mais quand il s’arrête, c’est pour laisser place une forte pluie. Ça dure un peu, nous attendons et puis vlan, re-déluge.

Nous décidons d’abandonner alors la sortie en pensant à l’augmentation exponentielle des champs de boue que ces déluges ont du provoquer. Nous avons aussi une pensée légèrement narquoise pour nos hollandais et il est vrai que vers midi nous verrons une quinzaine de jeans de forme et tailles variées (mais jamais très mince) en train de sécher sur les balcons dans l’attente d’un soleil qui ne viendra pas.

Nous pensions qu’à défaut de disposer dans ce coin d’Amazonie de tout le confort moderne, nous aurions au moins droit au silence et au recueillement. C’était compter sans les chercheurs d’or. Eh oui, nous sommes bien en Eldorado : le fleuve Napo charrie dans ses sédiments des quantités certes faibles mais non négligeables du métal précieux ce qui attire immanquablement des orpailleurs de tout acabit.

On imagine tout de suite de braves types méritants munis d’une batée et d’un tamis filtrant des heures durant l’eau du fleuve. Raté ! Il faut se mettre au goût du jour les gars ! De nos jours on pratique avec un bateau muni d’une drague à moteur qui aspire le sable du fond.

chercheurs d'or

Et ça fait un des ces boucans ! Tout ça pour ramener 2 ou 3 grammes d’or par jour et parfois un seul à 35 $ le gramme alors que le bateau, le moteur et tout l’équipement coûtent 5000 $.

Cet après-midi, nous partons en barque avec Franklin et Jorge visiter la Comunidad Santa Barbara. C’est une communauté d’indiens kitchuas située à 15 mn de barque en amont du lodge toujours le long du Rio Napo.

Il n’y a pas de débarcadère à proprement parler et nous devons sauter à l’eau près d’une petite plage boueuse. Heureusement ce n’est pas profond et nous avons nos bottes. Nous nous rendons au village qui est à une centaine de mètres de là mais en chemin il y a une petite falaise de 4 ou 5 mètres de haut à franchir et cette dernière est recouverte d’une couche d’une dizaine de centimètres de boue. Je vous laisse imaginer le spectacle et j’étais trop occupé à éviter de m’affaler de tout mon long dans la boue pour prendre des photos.

En attendant que les membres de la communauté nous rejoignent, nous faisons un petit tour dans le village (maisons bois sur pilotis, toits en feuille de palme) et là, justice immanente, nous sommes récompensés de nos pensées narquoises vis à vis des bataves par un … un véritable déluge bien ciblé qui s’abat sur nous.

Village kitchua

La communauté Santa Barbara compte environ 120 personnes, toutes kitchuas, dont 40 enfants scolarisés sur place dans une petite école primaire. Elle est dirigée par un président élu pour deux ans, en l’occurence Jorge, le pilote de notre barque, qui a 38 ans et déjà 10 enfants.

La communauté est enregistrée auprès des autorités et est gérée par des statuts comportant des obligations strictes concernant le mode de vie et les règles écologiques. Le non respect répété de ces règles par un membre de la communauté peut conduire à son bannissement.

Le foyer de pierres est allumé quasiment en permanence. 2m au dessus du foyer sont accrochés des paniers pour conserver  les aliments. Fumée et chaleur éloignent insectes et conservent.

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La communauté vit de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat et du tourisme. Elle revend une partie de sa production pour se procurer de l’argent en vue de l’achat de matériel. Les rencontres avec marchands venus de la ville (jusque Quito) se font au pont, fin du goudron.

Le premier médecin est à 20mn de barque puis 10mn d’un bus qui passe plus ou moins toutes les heures. En cas d’urgence, il faut compter 20-25 mn de barque jusqu’au pont plus 25mn de taxi ou d’ambulance jusqu’à Tena, chef lieu de la province. A cela il faut ajouter le temps que le taxi ou l’ambulance arrive. Dans la majorité des cas tout va bien … mais pas toujours.

Femmes kitchua

Une fois terminée l’école primaire, les enfants vont au collège qui se trouve à 1H30 à pied, à l’aller comme au retour.

Tous les jours à 4H du matin, la communauté se réunit pour boire la chicha, qui est une boisson de divers fruits légèrement fermentée, discuter des affaires communes ou tout simplement papoter. C’est une sorte de veillée du matin. Après cela petit-déjeuner puis travail. On se couche tôt ici.

Jeune fille kitchua sur barque

Pour pêcher, on bouche un bras étroit du fleuve avec des branchages et dans la partie libre on place une espèce de panier en forme d’entonnoir. le poisson ‘(chat) ne peut passer que là et reste coincé dans le panier : simple mais efficace.

Danse kitchua

Les enfants de la communauté (5-8 ans) nous font une démonstrtion de danse traditionnelle. Ils sont très naturels et rieurs. Les mamans leur enseignent les éléments de culture quand elles ont un moment

Nous goûtons différents types de nourriture : fruits et racines inconnus, poisson chat, bananes. C’est mon baptême en ce qui concerne les vers grillés : finalement ce n’est pas si mauvais. Tous ces aliments ont des goûts très divers mais jamais très forts. Ce que nous laissons est aussitôt dévoré par les enfants : dans ces terres de frugalité, rien ne se perd.

Puis c’est le retour. En route nous apercevons le saut fugace d’un phoque d’eau douce puis nous rentrons, fatigués mais heureux d’avoir pu découvrir un autre aspect d’une humanité décidément très riche.

Demain nous repartons à l’assaut des Andes.