Montée – Descente

Bon cet article ne va pas être le plus long et le plus intéressant de la série parce que il va retracer beaucoup (j’exagère un peu) de route mais surtout parce Gaby et moi avons été malades ce qui nous a empêché de voir/faire tout ce que nous voulions pendant ces 2-3 jours.

Tout commence donc à Mindo, lors de notre deuxième et dernière nuit sur place. En me couchant, je me sens bizarre, impression qui se confirme tout au long de la nuit jusqu’à ce que je me lève en urgence vers 3H du matin. Mais je ne parviens pas à trouver la salle de bains et en route je vomis tout mon diner.

Triste spectacle ! La pauvre Gaby doit se taper le nettoyage car je suis absolument hors d’état. Je lui en sais gré parce que ce n’est vraiment pas un boulot agréable.

Je parviens à me rendormir. Le matin arrive. Petit dej sans fruit, sans oeufs, juste du pain et du café car il faut calmer tout ça.

Luis passe nous prendre à l’heure  convenue car nous devons nous rendre aujourd’hui au Parque Nacional Cotopaxi, où se trouve le deuxième volcan le plus haut d’Equateur qui culmine à environ 5900m.

Nous sommes au nord-ouest de Quito et notre destination est au sud-est mais nous ne pourrons pas utiliser la voie rapide qui contourne la capitale parce que nous avons reçu un message hier en provenance de la société qui gère notre hébergement en Amazonie nous indiquant que si nous voulions payer par carte de crédit il fallait le faire à leur siège, en ville, car il n’y a pas de terminal là-bas. Nous devons donc entrer en ville et comme nous sommes en semaine il y a des embouteillages. Pour ça, Quito est comparable à Paris. Nous trouvons le bureau et là nous apprenons que le paiement par carte visa entraîne un supplément de 10%. Bigre. Nous trouvons un « cajero » (distributeur automatique) pas très loin et retirons non sans mal du liquide (efectivo) parce qu’il existe un plafond pour chaque retrait et nous devons nous y reprendre trois fois.

Tout ça est très ballot parce que nous aurions sans doute pu payer au lodge avec du liquide retiré sur la route et gagner ainsi pas mal de temps mais ça me donne l’occasion de vous parler de la signalisation en ville en Equateur.

En fait, la plupart des villes coloniales anciennement espagnoles sont conçues selon un plan au carré. Les avenidas et les calles se coupent à angle droit et forment ainsi des cuadras (équivalents des blocks américains). Par contre il n’existe pas de numéros de rue.

Ainsi une adresse typique (celle-ci est bidon) pourrait être la suivante :

av. Simon Bolivar s/n y Diego Cabral, edif. Reina Isabel, PB, Quito, Ecuador

Pour s’y rendre il faut trouver l’immeuble (edificio)  Reina Isabel, à proximité de l’angle entre l’avenue Simon Bolivar (où il n’y a pas de numéro : s/n = sin numero) et la rue Diego Cabral (où il y a encore moins de numéro, cela va sans dire) et chercher au rez-de-chaussée (PB = planta baja = RdC), tout cela à Quito. Facile !

Dans les petits patelins, c’est moins simple car s’il existe sur le papier et sur les plans des noms de rues, ils ne sont pas indiqués sur place et de toute façon personne ne les utilise ni ne les connais. Si je m’arrête pour demander où se trouve la Cevicheria Pacifico sur la calle San Martin,  (j’ai envie de poisson mariné aujourd’hui), on risque de me répondre :

¡Claro! Continuez deux cuadras après la Poste, tournez à gauche jusqu’à la carniceria (boucherie) Gomez. Là tournez à droite, c’est à 150 mètres. Tout cela avec le sourire. Parfait quand on sait où se trouve la Poste !

Je plaisante mais tout cela fonctionne très bien et il faut s’adapter. Cela fait partie des plaisirs du voyage.

Nous sortons de Quito, direction sud et empruntons quelques kilomètres la Panamericana qui prend ici la forme d’une voie rapide.

La Panaméricaine est une route, ou plutôt une succession de routes qui permet de relier l’Alaska au village O’Higgins en Patagonie chilienne. Belle et généreuse idée que de relier tout ces pays et tout ces peuples par un ruban de bitume continu, symbole d’amitié et de coopération.

Panamericana

Et c’est vrai qu’on la retrouve partout cette fameuse Panamericana. Mais il y a un hic qui s’appelle Darien, nom d’une province du Panama frontalière de la Colombie, jungle parfaitement impénétrable sauf pour les narcos et autres bandits en tous genres sans compter une faune particulièrement agressive. Et là le ruban de bitume s’arrête pendant quelques dizaines de kilomètres. Tous les guides, toutes les agences, toutes les autorités sont unanimes : Darien is a big no-no ce qui se traduit en français par zone interdite.

Bref, pour franchir l’obstacle il faut, soit prendre l’avion soit chercher un embarquement aléatoire sur un bateau. En écrivant ces mots je ne suis pas tout à fait honnête car depuis le début de cette année il existe (ou doit exister) un ferry régulier entre Cathagène en Colombie et Colón au Panama si l’on en croit la publicité sur internet. Comme on dit ici : a ver.

Après quelques kilomètres sur la Panamericana, nous tournons vers l’est à Machachi, petite ville ou gros bourg, comme on veut, où nous refaisons le plein d’eau purifiée qui coûte ici $1,50 pour un bidon de 6 litres. C’est indispensable parce que l’eau du robinet ne présente pas ici une garantie de grande sécurité bactériologique. Et comme nous nous plaignons du ventre, il ne faut pas en rajouter !

Nous continuons notre chemin sur une route pavée qui monte, qui monte. Au fur et à mesure que nous montons, le paysage devient de plus en plus magnifique et nous entrons dans le páramo, zone où plus grand chose ne pousse à part une espèce d’herbe rase qui si elle a le malheur de pousser un peu se fait immédiatement raccourcir par les alpacas locaux. C’est un peu similaire à l’altiplano péruvien ou bolivien.

Alpaca Santa Ana
Vue de Santa Ana

Nous parvenons enfin à notre destination, l’hacienda Santa Ana, bâtiment construit par des jésuites au 16ème siècle et restauré récemment pour être transformé en hôtel. Le lieu est magnifique : grande cheminées (nous sommes à 3500m), fresques murales, carrelage ancien, meubles de bois sombre tout cela dans le plus pur style colonial.

Normalement, les haciendas/hôtels isolés comme Santa Ana proposent à leurs hôtes tout une palette d’activité. Ici, c’est rando ou ballades à cheval. Malheureusement ce qui sur le papier s’annonçait comme un séjour vivifiant pour découvrir le Parque Nacional Cotopaxi se transforme pour nous en un séjour quasi hospitalier : lit, fièvre, vomis, régime soupe exclusivement. Bref, passons.

Après deux nuits passées à Santa Ana, Luis passe nous prendre pour nous amener en Amazonie, l’Oriente comme on l’appelle ici.

Nous n’en sommes qu’à une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau mais il n’existe hélas aucune liaison directe et nous devons descendre vers l’ouest vers Machachi, remonter vers le nord jusqu’à l’aéroport de Quito pour enfin repiquer vers l’est.

Là nous devons franchir les Andes Orientales par un col à 4000m avant de redescendre vers « l’enfer vert ». Ça c’est le cliché et c’est bien loin de la réalité que nous allons découvrir.

Minimarket

Mais en attendant certains paysages me rappellent les premières minutes du film de Werner Herzog, « Aguirre ou la colère de Dieu », où l’on voit une troupe de conquistadores à la recherche de l’Eldorado descendre les Andes orientales à pied et à cheval à travers la forêt et les nuages avant d’atteindre un fleuve qu’il descendront en radeau et où ils mourrons l’un après l’autre, victimes d’animaux, de maladie ou des indiens.

C’est plus calme aujourd’hui, heureusement, mais notre route descend aujourd’hui à travers la même forêt et les mêmes nuages, avec de temps à autre une chute d’eau.

De 4000m nous sommes redescendus à 600m. Il fait plus doux mais très humide. Nous sommes en haute Amazonie, mais la route est toujours belle et goudronnée, il y a des camions, des voitures et des villages assez semblables à ceux des hautes terres même si pour la construction le bois remplace souvent les parpaings et si pour les toitures on voit plus de tôle ondulée et moins de tuile. Bref, on est très loin de l’enfer vert.

Les indiens d’ici ont la peau moins brune que ceux des montagnes et ressemblent plus à des asiatiques (cambodgiens ou laotiens) même si les mélanges atténuent ces différences. En tous cas ils ont le portable à l’oreille.

Après avoir traversé Baeza puis Tena, chef lieu de la province du même nom (je déteste le mot éponyme qu’on rencontre à toutes les sauces :-)), grosse ville administrative et commerçante, nous arrivons à Misahualli où nous déjeunons (menu del dia à $4) avant de prendre notre premier contact avec le fleuve Napo qui sera notre compagnon pendant 48 heures.

Misahualli a la particularité d’avoir été construite à un emplacement où il existait des colonies de singes. Les maisons ont poussé, ils sont restés. Ils sont sur la place centrale, aux abord du fleuve, un peu partout, mais attention, ils sont sauvages et peuvent être agressifs et vous sauter dessus pour prendre vos lunettes, votre portable ou votre appareil photo, alors méfiance.

Singe à Misahualli

Nous continuons jusqu’à la fin du goudron, au pont Arajuno avec son café-bar-épicerie plus que basique. C’est là que vont commencer des aventures un peu plus … amazoniennes. A bientôt.

Mindo

Gaby  2  – 1  Jean-Paul

Voici le score du match de la journée. Gaby, la fana d’animaux a eu droit aux papillons et aux oiseaux. Jean-Paul le gourmand a quant à lui sauvé l’honneur avec le chocolat !

Mais commençons par le commencement. Nous sommes à Mindo, petit village à deux heures de route  à l’ouest de Quito, à 1600m d’altitude, dans la « cloud forest », la forêt dans les nuages et avec un temps plus doux que ce que nous avons connu jusque là, cette impression agréable étant malheureusement gâchée par un taux d’humidité de 99%. La forêt dans les nuages mérite bien son nom.

Ecuador

Confortablement installés à la Casa Divina, pratiquement débarassés de notre mal des montagnes, la journée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Nous sommes dans un océan vert, vous le verrez sur les photos. Les arbres ne perdent jamais leurs feuilles et il pleut régulièrement comme au moment où j’écris ces lignes.

Notre petit-déjeuner est équatoro-américain (néologisme !) comme le couple qui gère la Casa Divina : café, jus d’ananas, fruits tropicaux et muffins !

Luis nous attend à 9H, direction le mariposario ou élevage de papillons. Dans un espace finalement pas très grand des papillons de toutes les couleurs et de toutes les tailles s’ébatent en toute liberté. Le défi pour le photographe amateur que je suis est de capturer les grands bleus, les plus beaux, qui ont malheureusement la fâcheuse habitude de replier leurs ailes dès qu’ils se posent.

Papillon rougeOn voit également des chenilles sous toutes formes de camouflages et des cocons duquel  s’échappent de temps en temps des jeunes papillons. Quand il y un problème, le personnel de la ferme joue le rôle de sage-femme en aidant avec, si j’ose dire, l’accouchement.

Bien entendu, ces bestioles ont tout un choix de plantes sur lesquelles elles aiment se poser mais ce qu’elles préfèrent par-dessus tout ce sont les bananes. Visuellement je préfère quant à moi les orchidées.

Orchidée mauve

Après les papillons, direction la forêt. Nous embarquons dans une nacelle qui nous fait survoler la canopée. Délicieuse impression de fraicheur et spectacle unique mais malheureusement trop court.

Nacelle

Arrivés de l’autre côté nous commençons une longue descente vers le fond de la vallée où il y a une petite cascade. Nous sommes dans un océan de vert. Tout est humide, le sentier est glissant et raide. Enfin nous atteignons la cascade. Bien qu’elle ne soit pas très haute le spectacle est néanmoins impressionnant  car tout est très encaissé et les parois sont verticales. Il faut maintenant remonter, je transpire à grosses gouttes. Comme nous étions partis tôt nous étions seuls. Maintenant nous croisons beaucoup de gens qui descendent.

Cascade Mindo

Luis tape sur le cable de la nacelle pour appeler l’opérateur qui nous répond de la même manière et arrive 2-3 minutes plus tard. Re-survol de la canope, re-fraicheur de la brise.

Nous déjeunons dans un petit restaurant accolé à un atelier de chocolat. Une visite est organisée et elle est très instructive puisqu’on peut suivre toutes les étapes de la fabrication, depuis l’extraction des grains de cacao du fruit (voir photo) jusqu’à la production de la pâte de chocolat, en passant par le séchage, les différentes phases de fermentation (anaérobie et aérobie), la mise sous pression pour produire la pâte et j’en oublie sûrement.

Ce que je retiens de cette démonstration c’est que le processus n’est pas encore bien figé en particulier en ce qui concerne les durées et les formes de fermentation.

Cacao

Bien que le cacao ait été produit au début exclusivement en Amérique Latine, l’Equateur ne détient aujourd’hui qu’une faible part du marché loin derrière l’Afrique Equatoriale (CÔte d’Ivoire, Centrafrique) et la Malaisie.

Dernière visite de cette journée bien remplie, une maison avec un mirador duquel on peut observer quelques unes des très nombreuses espèces d’oiseaux qui se concentrent à Mindo. Cette ville est un paradis pour les observateurs d’oiseaux et le nombre de variétés observées ici se compte en centaines. Le propriétaire de Casa Divina nous assure qu’il en a lui-même observé 140.

Depuis ce mirador nous pouvons en particulier regarder toutes sortes de colibris, presqu’à portée de main. Pour les photographier c’est plus compliqué car ils bougent sans arrêt.

Colibri

Mon regret est de ne pas avoir vu de toucan. Il paraît que pour en voir, il faut se lever tôt et monter un peu plus haut. Je me console en observant ce petit écureuil s’attaquant à un régime de bananes. Bon ce n’est pas très naturel car les bananes, dans la nature, pendouillent rarement au bout d’une chaine mais c’est quand même drole à voir.

Ecureuil

De retour à Casa Divina, en nous connectant pour prendre quelques nouvelles, nous apprenons le terrible attentat contre Charlie Hebdo.

Nous appelons notre fille Cécile par Skype. Elle est toute retournée, jeune journaliste qu’elle est. A ce moment là j’aimerais la tenir dans mes bras.

yo-soy-charlie

Sur la piste

Aujourd’hui est une journée de transition consacrée essentiellement à relier la communauté San Clemente, au nord de Quito, à Mindo à l’ouest de Quito.

Ce matin nous avons eu la surprise de ne pas voir Juan au petit déjeuner mais à sa place son jeune frère qui porte un prénom de joueur de foot brésilien : Edison. Ce dernier sympa et timide est encore étudiant à l’université d’Ibarra, à quelques kilomètres d’ici où il se consacre au design industriel.

Il nous explique qu’hier soir la communauté a appris que le gouvernement envisageait (pour d’obscures raisons que je n’ai pas comprises) de détruire un petit batiment appartenant à la communauté.

Aussi sec, tous les hommes de la communauté ont affrété un autobus pour aller faire une manif (una marcha) à Quito, ce qui explique l’absence de Juan.

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Au Pérou, nous avions déjà assisté à deux manis, l’une à Cuzco et l’autre à Arequipa. J’ai l’impression que les indiens ont une fibre revendicative bien développée et c’est très bien comme ça. Ils se battent pour leurs droits.

C’est l’heure des adieux, nous échangeons nos adresses, nous payons notre du : 80$ pour une journée à deux en pensions complète. Comme en France, payer en liquide (efectivo) nous dispense de la TVA qui s’appelle ici IVA et dont le taux est de 12%.

La petite Maya me fait un gros bisous bien collant (besito con marmelada) mais refuse obstinément d’en faire un à Gaby 🙂 Déjà très femme !

Luis nous attend et nous présente trois itinéraires possibles. Après nous être renseignés sur l’état des routes pistes nous décidons de prendre celui que Luis n’a jamais pratiqué et qui semble le plus sauvage : nous partirons droit vers l’ouest et franchirons les Andes occidentales pour redescendre, à travers les nuages vers la vallée du rio Hintag et de là repartirons vers le nord où nous rejoindrons la route principale qui joint Quito à la côte pacifique aux alentours d’un petit village appelé Tulipe.

Au dessus des nuages

Ce parcours est intéressant dans la mesure où nous traverserons divers écosystèmes puisque d’Otavalo nous monterons à 3100m d’altitude puis nous redescendrons à travers les nuages pour finir à Mindo qui se se situe à 1600m. Le mal des montagnes nous a presque quittés mais nous avons toujours un bon décalage horaire. Ça devrait se calmer d’ici 24 ou 48H.

On n’avance pas très vite sur la piste mais il n’y a pratiquement pas de circulation à part quelques camions qui vont et viennent vers une carrière appartenant à une filiale des ciments Lafarge.

Après être passés à travers des hautes terres sèches, nous abordons des hautes terres humides et descendons à travers les nuages créés par l’humidité venant du Pacifique. La flore change tous les 20 km.

Cascade

Parfois il faut traverser des gués et nous atteignons enfin le Rio Hintag et nous croisons enfin des petits, mais vraiment très petits hameaux. Luis ne connait pas bien le chemin mais nous avons téléchargé des cartes qui nous aident à nous orienter. Nous devons cependant nous arrêter souvent pour demander notre chemin.

La température a grimpé un peu et devient très agréable et au fur et à mesure que nous avançons il y a de plus en plus de petits villages. Tout à coup, divine surprise tout à fait inattendue, le goudron refait son apparition. Nos lombaires lui en savent gré !

Rio Hintag

Nous déjeunons dans un petit village appelé Tulipe. Il y a là un petit restaurant où il fait bon s’arrêter. Pendant que la patronne prépare à manger nous sommes abordés par un vieux Monsieur absolument ivre mais qui, comme tout bon équatorien, reste poli en toute circonstance. Il nous remercie profusément d’être venus visiter son pays puis repart titubant.

Déjeuner frugal : ceviche de légumes (et oui !) pour Gaby et seco de pollo (poulet frit avec riz et légumes) pour moi, le tout arrosé de l’inévitable et omniprésent aji, sorte de sauce piquante au chili qu’on retrouve ici sur toutes les tables. Voici une photo d’un coin du restau et si vous agrandissez bien vous verrez un petit indien pour les WC hommes et une petite indienne pour les WC femmes. C’est mieux que le « M » pour « mujeres » qu’un non hispanophone pourrait prendre pour « masculin », regrettable confusion.

Restau Tulipe

A Tulipe il existe un petit musée consacré aux Yumbas, peuple local installé vers 1000 avant JC et qui a été réduit par les Incas au 15ème siècle, quelques années avant l’arrivée des Espagnols. Le musée est fermé pour travaux mais on nous laisse entrer pour jeter un coup d’oeil aux piscines installées par les Yumbas et alimentées par un réseau de canaux amenant l’eau de la montagne voisine.

Piscines Yumbas

Ce n’est pas aussi spectaculaire que Machu Picchu mais intéressant quand-même.

Nous terminons notre longue route (160km seulement mais nécessitant 5H) à Mindo, petit village pré-tropical, où nou s attend pour deux nuits la Casa Divina. Et là, il y aura beaucoup plus de choses à raconter 🙂

Un peu de musique pour terminer (en vérité mexicaine mais qui pourrait très bien être colombienne ou équatorienne)) :

Comunidad San Clemente

Aujourd’hui nous avons un programme un peu particulier et extrêmemnt intéressant : partager pendant 24H la vie d’une famille indienne, les Guatemal, en vivant chez eux, en prenant leurs repas avec eux et en participant (un peu) à leur vie quotidienne.

Notre hôte s’appelle Juan Guatemal Pupiales, il a 23 ans, il étudie la gastronomie dans la ville proche d’Ibarra et parle un peu anglais.

Son épouse s’appelle Evelin, elle a 19 ans et ils ont ensemble une petite fille de 16 mois, Maya qui sait marcher mais passe le plus clair de son temps accrochée sur le dos de sa maman ou de son papa.

Curieusement, bien que ses parents soient petits, Maya est très grande pour son âge. Elle dépassera sans doute 1,70m.

Ecuador

Ils habitent une assez grande maison, sur les pentes du volcan Imbabura, construite en briques peinte en orange avec un toit en tuiles isolé par du bambou dans le séjour. Bien qu’il puisse faire frais, nous sommes à 3100m d’altitude, il n’y a pas de chauffage mais une simple cheminée. La maison n’est pas vraiment isolée et il y des courants d’air partout de telle manière qu’il fait plutôt frais à l’intérieur.

Une chambre nous est réservée avec une petite salle d’eau toute simple mais suffisante. Nous sommes les seuls hôtes.

Maya y Papa

Juan et Maya

Cette famlle vit en semi-autarcie, de ses cultures (maïs en particulier mais aussi pommes de terre, oignons) et de ses animaux parmi lesquels les alpacas constituent une source de revenus par la vente de la laine. Ils élèvent également des cochons d’inde (cuy) qui servent à l’alimentation et des abeilles qui leur procurent 30 à 40 litres de miel par an pour leur consommation personnelle et celle de leur famille.

Juan et alpacas

La famille de Juan a eu l’idée il y a une dizaine d’années de proposer une forme de tourisme communautaire où les visiteurs pourraient s’initier à leur mode de vie. Ils ont une forte conscience écologique, ne mangent que les produits de leur exploitation et recyclent tout ce qu’ils peuvent.

Les premières années ont été difficiles mais aujourd’hui, grâce à leur présence sur internet, la fréquentation est en forte hausse.

Juan prévoit, une fois ses études terminées, d’ouvrir ici un restaurant écologique, 100% naturel.

Il n’y a pas de propriété privée ici mais une propriété communautaire, la communauté mettant à disposition des familles les terrains nécessaires à la production agricole et à la construction des logements.

Comme nous sommes  toujours fatigués, Juan nous propose un programme « soft ». Une heure et demie de promenade pour aller découvrir les plantes médicinales qui composent leur pharmacopée. Question soft, c’est raté : nous descendons au fond d’une « quebrada », espèce de gorge, sur un sentier « pour une personne » plus que dangereux. Juan gambade, nous souffrons ! Mais il s’arrête de temps, d’une part parce qu’il a pitié de nous, d’autre part pour nous montrer toutes de sortes de plantes dont j’ai oublié le nom kitchua sauf pour le « sixi », plante couteau dont les feuilles tranchantes si on les frotte dans un certain sens, servent à couper les cordons ombilicaux.

D’autres plantes servent pour le mal au ventre, les douleurs d’accouchement, les nez qui coulent … j’en oublie.

Juan ne croit pas trop à la pharmacopée moderne même s’il adment l’utilité des antibiotiques.

Quand nous ne sommes pas en train de souffrir ou d’apprendre à se soigner avec des plantes, nous discutons du sens de la vie, de religion, apprenons à mieux nous connaître.

Juan est fermement décidé à rester sur ses terres et à conserver son mode de vie mais il ne refuse pas la technologie moderne à condition d’en être le maître et non l’esclave. Il a peu voyagé mais trouve les grandes villes dangereuses.

Pendant ce temps je pense qu’il faudra remonter du fond de la quebrada et ce ne sera pas de la tarte.

La promenade, le trek terminé, rentrés à la maison, il est temps de prendre notre déjeuner indigène. En arrivant tout à l’heure, Juan a eu la délicatesse de nous demander s’il y avait des choses que nous ne pouvions pas manger. Je lui répondu qu’à part le cochon d’Inde,  culturellement inacceptable, il n’y avait pas de problème particulier.

Séjour Juan

En fait le repas est très bon bien que je ne sache pas tout à fait ce que nous avons mangé : salades de patates douces, soupe de légumes agrémentée de sauce piquante, steak avec divers légumes inconnus et du maïs, dessert très sucré agrémenté d’un jus de fruit/yaourt d’un fruit également très doux et très rafraichissant.

Pendant la sieste, je cherche de la musique equatorienne pour vous distraire et je tombe sur, ça, bien typique, d’un groupe très populaire ici :

Après une longue sieste mise profit pour traduire un article du blog en anglais, Juan nous propose d’aller faire un tour au jardin pour qu’il puisse nous expliquer la culture des différentes plantes, puis d’aller voir les alpacas et leur donner du sucre.

Mais aucun des 4 alpacas ne veut de sucre. décidément ces animaux n’en font qu’à leur tête et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ce qui me rassure c’est que Juan n’a pas plus de succès que moi.

JP et l'alpaca

En rentrant nous tombons sur un voisin, un autre membre de la communauté, venu avec son fils l’aider à faire ses devoirs en profitant du wifi de la maison. Nous nous amusons beaucoup à faire des devinettes sur la population de divers pays et j’apprends que l’Equateur a passé le cap des 15 millions.

On fait une belle fambée dans la cheminée car la température est la même dedans et dehors, puis on passe à table. C’est toujours très bon avec énormément de légumes et de fruits.

Il faudra que je fasse un topo sur la nourriture locale d’ici quelques jours.

Seule note un peu moins agréable à mes yeux : Evelin qui aura passé beaucoup de son temps en cuisine n’aura partagé aucun repas avec nous.

Bien que modernes à leur façon, les indigenos restent très attachés à leurs traditions lesquelles comportent une bonne dose de machisme.

Otavalo

El Comercio

Aujourd’hui notre route va nous mener vers les hautes terres du nord, pas très éloignées de Quito mais déjà très différentes.

Après des banlieues sans fin, nous commençons à pénétrer un paysage beaucoup plus rural.

Ecuador

Nous traversons un petit village dont j’ai oublié le nom dont quasiment toute la population est employée dans la culture de la rose, production exportée dans le monde entier.

Puis nous arrivons à une petite ville, Cayambé, située au pied du volcan du même nom à 75km au nord-est de Quito, et qui culmine à 4690m . C’est le seul endroit au monde qui soit à la fois enneigé et traversé par l’équateur. 

Nous nous arrêtons quelques temps pour déambuler sur la place centrale. Toutes les villes en ont une ici, de forme carrée avec un parc au milieu. Puis nous visitons un atelier de boulangerie. On peut voir l’intérieur des fours où cuisent des espèces de petits pains. Ils sont bons et les gens font la queue pour s’approvisionner.

Boulangerie Cayambé

Détour par le cimetière. Les cimetières sont toujours révélateurs du mode de pensée des habitants, de leurs valeurs. Celui-ci est catholique bien sûr (avec quelques touches des religions précolombiennes) et certainement un peu chargé à notre goût mais il y pousse beaucoup de fleurs. Les gens que nous croisons, des indigenos comme on dit ici sans que cela soit péjoratif, sont extrêmement courtois et nous saluent poliment.

La politesse est un trait frappant des équatoriens. Ils se remercient tout le temps en se donnant du señor ou señora et prennent de vos nouvelles avant de formuler la moindre demande. On ne se tutoie pas ici : là où un espagnol dirait « como te vas », l’équatorien vouvoie avec un « como le va ».

De la même manière, les gens ne s’habillent jamais de manière débraillée même s’ils ne sont pas riches (le smic local est à 300$/mois).

Cimetière Cayambé

Nous continuons vers Otavalo,ville d’une certaine importance qui figure sur tous les circuits touristiques à cause de son « mercado textil », très haut en couleurs où on peut trouver de tout, vêtements bien sûr,mais aussi chapeaux ou articles destinés aux touristes tels que couvertures en laine de lama, chemises brodées. Il y a quelques belles choses mais dans l’ensemble c’est dun goût douteux.

Les vendeurs sont des « indigenos », les otavaleños qui sont souvent producteurs de textiles et réputés être d’excellents commerçants. Malgré leur niveau de vie supérieur à celui des autres indiens, ils conservent intacte leur culture traditionnelle bien qu’ayant souvent une voiture et une maison correctes. Hommes et femmes portent les cheveux longs noués en natte et le vêtement traditionnel, poncho noir, gris ou bleu foncé porté au-dessus d’un pantalon blanc et court pour les hommes (à vrai dire souvent un jean) et d’une jupe sombre arrivant sous le genou pour les femmes.

Marché Otavalo

Mais un autre marché, moins touristique, nous attire et nous intéresse beaucoup plus : le marché alimentaire. C’est là qu’on voit la diversité des fruits et des légumes que nous ne connaissons pas en Europe, des pièces de viande non consommées chez nous (estomac de vache). Cela grouille de monde et comme il est presque midi, nombreux sont ceux qui s’installent à des petits stands pour déjeuner.

Déjeuner Otavalo

Cela me fait une drôle d’impression de déambuler au milieu de tout ce monde : avec ma haute stature je dépasse de très loin la plupart des gens car les hommes ici mesurent en général 1,60m et les femmes 1,50m et souvent moins ! Mais comme partout dans le monde la nouvelle génération est plus grande.

Vendeuse de patates Otavalo
 

Nous reprenons la voiture pour aller voir la « Cascada de Peguche » qui est une petite chute d’eau située à proximité d’Otavalo. C’est un lieu peu touristique mais un lieu de promenade apprecié par la population locale. C’est dimanche et il y a beaucoup de monde pour aller voir les chutes d’eau, s’arrêter pour pique-niquer ou déjeuner dans une guinguette. L’atmosphère est joyeuse, paisible, bon enfant.

Départ pour Cotacachi, petite ville mignonne et très tranquille et qui a attiré une importante colonie de retraités américains qui apprécient le climat, la gentillesse de la population et … les prix modérés. Quand nous passons il y a une fête locale où des jeunes filles, toutes déguisées, font le tour de la place centrale en chevauchant des ânes.

Après avoir déjeuner, nous terminons notre journée en visitant le parc écologique Cotacachi où un volcan s’est effondré sur lui-même pour donner naissance à un petit lac très, très profond. Il y a là un centre d’information où est présenté l’histoire géologique du parc ainsi que sa flore très variée où se développe de nombreuses variétés endémiques.

Nous terminons la journée, fourbus, en allant nous installer dans une vieille hacienda superbe, la Hacienda Pinsaqui, où , par chance on nous installe dans la chambre n°1, celle où a dormi Simon Bolivar. Après avoir fait un tour dans le parc, fourbus, nous allons nous coucher sans avoir diné. Il est 19H.

IL semble que nous serons sans internet pendant 48H alors à bientôt.