Un post pour résumer trois jours de voyage :
- premier jour : Amazonie – Riobamba
- deuxième jour : Riobamba – Cuenca
- troisième jour : Cuenca
Ecuador
Cuenca, Spain
Après avoir embarqué avec quelques bataves et leurs bagages, nous avons descendu le rio Napo pendant une douzaine de minutes car ça va plus vite dans le sens de la descente.
Luis nous attend avec son 4×4 Kia au fameux pont vers 9H du matin. Les hollandais nous font des signes d’au-revoir amicaux mais on sent bien qu’ils préfèreraient être à notre place plutôt que serrés dans leur bus.
Nous commençons alors notre longue remontée vers les Andes qui se traduit par une végétation qui change chaque fois qu’on monte de 200 à 300m et par des oreilles qui font « pop » à peu près au même rythme. En plus l’air devient plus léger à mesure que l’oxygène se fait rare.
Nous faisons une halte au « Pailon del Diablo » (le chaudron du Diable), une chute d’eau sur la rivière Pastaza, qui à défaut d’être très haute est très spectaculaire et qui est classée par Tripadvisor comme la 12ème attraction d’Equateur sur 357.
Pour atteindre le site, il faut descendre 20-25 mn sur un sentier bien balisé et assez facile. La remontée dure elle 40-45 mn et est beaucoup plus éprouvante d’une part parce que le sentier est raide et d’autre part parce que les effets de l’altitude et du manque d’oxygène se font sentir.
Voici ma photo (je m’aperçois en la postant que c’est la 3ème chute d’eau figurant sur le blog, il faut que je me calme) :
et voici la vidéo de Youtube qui montre comment, en se faufilant un peu (ce que nous n’avons pas fait) on peut aller jusque derrière la cascade :
Une fois bien mouillés, on peut aller se restaurer un peu au resto du coin où, connaissant maintenant le rythme équatorien, nous avons pris la peine de commander avant d’accéder à la chute d’eau.
Nous reprenons la route et passons quelques temps dans la ville de Baños que les guides touristiques décrivent comme étant sans intérêt, opinion que je ne partage pas car la ville est plutôt coquette, accueillante et vivante et le point de départ de nombreuses excursions ou activités. En particulier on peut y faire beaucoup de cyclotourisme ou du saut à l’élastique (très peu pour moi, merci).
Nous arrivons aux termes de notre journée à Riobamba, pour le coup sans intérêt, où nous passons la nuit à la Hacienda Abraspungo, pleine de charme colonial avec un restaurant délicieux et bon marché et son wifi à deux vitesses, slow et stop.
Riobamba est aussi au pied du plus haut volcan d’Equateur, le Chimborazo, qui culmine à 6268 m et dont nous ne verrons le somment enneigé que très fugacement sans avoir le temps de prendre une photo.
Départ au matin en direction de Cuenca. Nous espérons pouvoir grapiller deux places sur le célèbre train qui rejoint la Nariz del Diablo, le nez du Diable décidément très présent dans la région. Ce train est connu pour son tracé spectaculaire.
En vérité nous avons déjà essayé de réserver des places en ligne ce qui s’est révélé impossible et ce que nous avons mis sur le compte d’une trop grande demande, et c’est en comptant sur un desitement que nous nous présentons à la gare d’Alausi d’où part le train.
Il y a là un employé des chemins de fer, un afro-equatorien souriant mais extrêmement nonchalant qui nous explique qu’il n’y a plus de train aujourd’hui et que le dernier est parti à 8H du matin. De toutes façons il était réservé aux clients des agents de voyages ce que nous ne sommes pas. Dommage.
Nous nous balladons un peu dans la ville qui ne présente pas un intérêt particulier, si ce n’est sa gare, et reprenons la route.
En fait la route est longue parce qu’elle tourne, monte, descend sans arrêt et que nous passons la plus grande partie du voyage au milieu des nuages sans pouvoir rouler à plus de 30 km/h. Nous finissons par arriver à Ingapirca où nous pourrons visiter des ruines mais auparavant il convient de se sustenter ce que nous faisons dans un petit restau local où le menu del dia est à $ 2,50 ce qui est dur à battre. En plus c’est très bon avec une soupe à la quinoa et un poulet au riz. Les poulets ici, au risque de me répéter, sont vraiment délicieux.
Le site d’Ingapirca a été primitivement occupés par les premiers habitants de la région, les indiens cañaris qui étaient là 10 siècles avant JC et jusqu’à l’invasion par les incas au 15ème siècle. En fait la présence de ces derniers n’a duré que quelques dizaines d’années, jusqu’à l’arrivée des espagnols.
Cela leur a quand même laissé le temps de construire une route empierrée qui permettait de rejoindre Cusco et un magnifique temple du soleil. On voit au premier coup d’oeil que les incas avaient une totale maîtrise de l’ajustement des pierres sans avoir un quelconque besoin de mortier alors que les cañaris utilisaient quant à eux des pierres beaucoup moins ajustées mais retenues ensemble par un mortier grossier fait de déjections animales, sable, eau et paille. Simple mais efficace.
Nous reprenons la route vers Cuenca qui n’est plus très loin et que nous atteignons vers 16H30. Cuenca est la 3ème ville du pays après Guayaquil et Quito et flirte, banlieues comprises, avec le million d’habitants.
C’est une ville relativement riche ce qui explique les embouteillages que nous devons affronter dès notre arrivée. Nous finissons par trouver notre hôtel situé tout près de la place centrale et donnons rendez-vous à Luis pour le lendemain matin et une visite du centre ville.
A 9H nous nous retrouvons. La visite aura lieu à pied car il serait impossible de circuler aussi vite en voiture et encore moins de trouver où se garer. Il fait frais mais dès qu’on est au soleil on a chaud car il tape dur et presqu’à la verticale. Gainsbourg aurait dit : « sous le soleil exactement ».
Notre première destination est un atelier de fabrication de panamas. Ces chapeaux sont malgré leur nom d’origine équatorienne. Au 19ème siècle, le leader libéral équatorien Eloy Alfaro dut s’exiler au Panama. Là, pour survivre, il monta un atelier de fabrication de chapeaux qui devint très profitable et l’aida à financer la révolution libérale en Equateur.
Aujourd’hui, le principal centre de production se trouve à Cuenca et en 2012 ce chapeau fut inscrit au Patrimoine Immatériel de l’Humanité par l’UNESCO.
Ce chapeau est fabriqué à partir des feuilles tressées d’un arbuste ressemblant au palmier, le toquilla. Il en existe de nombreuses qualités, la plus fine étant produite dans le canton de Montecristi et portant son nom. Les prix s’échelonnent de $65 à $600 et on peut même acheter en ligne sur le site de l’atelier/musée.
Mais la popularité de ce chapeau décolla vraiment quand le Président Théodore Roosevelt commença à s’afficher portant ce bien nommé couvre-chef 🙂 lors d’une visite au canal de Panama.
Aujourd’hui des personnages tout aussi importants continuent de le porter en toute circonstance et en toute élégance :
Nous continuons ensuite notre visite en allant au marché municipal. Ce dernier se tient dans un immeuble moderne et est très haut en couleurs. On y trouve de tout, la surface la plus importante étant consacrée aux étals des commerces de bouche.
C’est une symphonie de couleurs : fruits tropicaux ou pas, légumes, viandes, poissons …
Mais il y aussi des produits miracles et toutes sortes de poudres de perlin pinpin comme le savon pour attirer les clients ou les filles, ou autres « phyltres d’amour »
A l’étage il y a un gigantesque « food court » ou on peut manger de tout à toute heure. Ici, des paysannes avec leur panama de la meilleure qualité dégustent un locro (soupe). Hélas la photo est floue, désolé.
Ici, l’escalator fait moderne mais il ne fonctionne pas :
Nous continuons notre ballade par la visite de la cathédrale qui donne sur le place principale. Cuenca étant une ville très conservatrice, les fidèles se mettent sur leur trente-et-un pour se rendre à l’église et je n’ai jamais vu autant de costume-cravate depuis que nous sommes arrivés en Equateur.
La vieille ville de Cuenca est un régal pour les yeux et est plus belle même que celle de Quito. On déambule donc avec plaisir tout en essayant de rester du côté ombre de la rue ce qui oblige à traverser souvent les rues, opération risquée si l’on se souvient que le conducteur équatorien considère le piéton au pire comme une cible potentielle et au mieux comme une variable d’ajustement 🙂
Mais mon téléphone (qui permet également d’appeler) m’indique que nous avons marché 8 km et gravi l’équivalent de 6 étages. Il est donc temps de se reposer un peu en dégustant un bon repas au Restaurante El Maiz. C’est un endroit tout à fait agréable, calme, joliment décoré et servant une cuisine traditionnelle équatorienne raffinée.
A cent mètres du restaurant se trouve la Banque Centrale d’Equateur flanquée d’un musée de très haute qualité. Nous y visitons les salles d’ethnographie consacrées aux différents peuples ou sociétés habitant le pays. Il y a là des reconstitutions très bien faites des différents habitats ainsi que des outils, vêtements ou instruments de musique.
Mais ce qui nous fascine le plus ce sont les têtes réduites réalisées autrefois (je l’espère) par les indiens Shuars avec les têtes de leurs ennemis dont ils voualient tout à la fois se prémunir de leur vengeance et s’approprier leur énergie.
Cette pratique connut son apogée lorsque les conquistadores espagnols se heurtèrent aux indiens. Des milliers de blancs virent alors (façon de parler car c’était alors un peu tard pour voir !) leur tête réduite des deux-tiers selon un processus témoignant d’une grande humanité et parfaitement décrit ici.
N’ayant pas le droit de prendre des photos à l’intérieur du musée, j’ai trouvé sur le net cette photo ressemblant beaucoup à ce que nous avons vu.
Luis, qui avec beaucoup de présence d’esprit avait garé son 4×4 devant le musée nous reconduit à l’hôtel et c’est vraiment sympa car nous avons vraiment les jambes lourdes.
Nous dinons sur la place centrale dans un petit restau sympa et pas cher qui s’appelle « Sucré salé » et qui se veut un établissement français avec fromages de France, crèpes, et autres profiteroles. Ce n’est pas tout à fait ça mais c’est très bon quand même et les deux jeunes filles qui tiennent l’endroit sont très sympa.
Et enfin un petit peu de musique pour la route car demain pour partons pour Guayaquil, Julio Jaramillo étant un grand classique ici.