Il n’y a pas d’autre mot ! Voilà ce qui m’est arrivé au décollage de l’avion d’Avianca qui doit nous mener de Bogotá à Santa Marta, 1H30 plus au nord :
Comme je l’ai expliqué dans un post précédent, je m’arrange toujours, à bord d’un avion, pour caser mes longues jambes dans un siège situé près des issues de sécurité, là où il y a plus de place.
Sur les lignes intérieures d’Avianca, l’anglais est banni, c’est comme ça. C’est pourtant la lingua franca du transport aérien mais ils en ont décidé ainsi. Il est vrai que des collégiens rencontrés ce matin même nous ont dit ne pas avoir de cours d’anglais au collège. Il y a donc un déficit linguistique majeur dans ce pays.
Toujours est-il que pour briguer un de ces sièges tant convoités, il faut être capable, en cas d’urgence, de prendre en compte les consignes du personnel de bord exprimées, comme on vient de le voir, exclusivement en espagnol.
Et ne voilà-t-il pas qu’un petit steward colombien se met en tête de me faire passer un rapide oral d’espagnol pour vérifier mes connaissances. Tous les professeurs vous le diront, quand on veut piéger quelqu’un c’est facile, alors il me piège et me voilà contraint d’échanger MON siège avec celui d’un type qui mesure 1,65m maximum et qui n’a rien compris au film.
Bien sûr, le steward a raison, mais il n’empêche, c’est un blogueur HU … MI … LIÉ qui va continuer ce post et je pense en ce moment à Chelo, ma prof d’espagnol, qui doit rigoler tant qu’elle peut si elle lit ces lignes.
Bon, calmons-nous et passons à autre chose.
Nous atterrissons donc à Santa Marta et nous comprenons en moins de temps qu’il ne faut pour le dire que nous sommes entrés dans un autre monde : il fait 35°C à l’ombre. Bienvenue sur la côte caraïbe.
Magdalena, Colombia
Magdalena, Colombia
Ce qui est impressionnant dans ce coin du monde, c’est la présence à 42km de la côte du point le plus élevé de Colombie, le mont Cristobal Colón qui culmine à 5775m. Ce pic dépend de la Sierra Nevada de Santa Marta, plus haut massif côtier du monde.
Nous voilà en route pour la Finca Barlovento où nous allons passer deux nuits et recharger un peu nos batteries car nous nous en rendons compte après un mois de voyage, changer d’endroit tous les deux jours en moyenne devient vite fatigant et nous n’avons hélas plus 20 ans.
Ce qui fait l’originalité de cette finca, c’est son site : elle est construite sur un piton rocheux situé juste à l’endroit où le rio Piedras se jete dans la mer des Caraïbes.
On a donc d’un côté une rivière et de l’autre la mer, les deux étant séparés par un banc de sable qui retient les eaux de rivière qui devient très large à cet endroit et qui s’écoule vers la mer par un étroit goulot.
Au point de convergence de ces deux systèmes il existe un amoncellement de rochers sur lequel une riche famille a édifiée cette finca il y a 40 ans environ pour en faire une résidence secondaire. Ultérieurement la finca est devenue un hôtel avec 4 chambres.
L’endroit n’a rien de luxueux : nous profitons de la seule chambre avec salle de bain privative. Mais les chambres disposent de larges fenêtres sans vitre donnant sur la mer. Le téléphone ne passe pas et il n’y a pas d’internet mais au contraire une vaste terrasse avec des transats où on peut rester des heures à lire ou à discuter.
Les repas sont pris en commun ce qui nous permet de faire la connaissance d’un jeune couple d’une tentaine d’années originaire de Cincinnati : Gabriel est médecin neurologue et est né de parents argentins, Ashley est travailleuse sociale et est née d’un père américain et d’une mère venant de Bangalore, en Inde du sud. Comme nous ils aiment voyager et y consacrent toutes leurs vacances et toutes leurs économies. Nous parlons longtemps ensemble, échangeons, comparons, expliquons et rien ne presse. C’est vraiment très agréable.
Le soleil se couche sur la rivière : le spectacle est sublime. Le calme de l’endroit est seulement troublé par des poissons (ou des grenouilles ?) sautant de la rivière pour attraper des insectes.
Après une nuit sous la moustiquaire, bercés par le bruit des vagues (très bruyantes tout de même) et après un copieux petit-déjeuner, il est temps d’explorer un peu les lieux.
C’est le paradis des oiseaux : les pélicans volent en escadrille au ras des vagues. De temps à autre l’un d’eux plonge attraper un poisson. D’autres oiseaux sont plus calmes et donc plus susceptibles d’être pris en photo :Nous allons sur la plage à droite de l’hôtel, là où il y a des blocs de rochers aux formes diverses. Voici une devinette : chien ou canard ?
Puis nous décidons d’aller sur la plage de gauche, c’est à dire le banc de sable qui sépare la rivière de la mer. Un panneau nous incite à la prudence : la rivière est peuplée de caïmans. Normalement inoffensifs, leur comportement a changé depuis deux ans par suite d’une sècheresse locale qui a diminué leurs sources de nourriture. Nous serons donc prudents.
Pour accéder au banc de sable, il faut traverser le petit goulot par lequel la rivière s’écoule dans la mer. Ça n’a pas l’air profond comme ça, alors je me lance : je m’enfonce et je sens que le courant arrache ma sandale. Je parviens de l’autre côté en luttant contre lui. Résultat des courses : une sandale complètement déchirée et irréparable et un passeport trempé ! Heureusement que je tenais l’appareil photo en l’air. Il faudra faire attention au retour.
L’après-midi est consacré au farniente. J’adore ce mot : ne rien faire. Ça a l’air facile comme ça mais c’est en fait un art oublié dans nos pays où les sollicitations sont incessantes. Alors autant s’y remettre au plus vite. Les heures s’égrennent lentement, lentement. Le jour tombe tout aussi lentement. Puis la lune apparaît, lentement elle aussi. Elle est pleine et orangée et se cache lentement derrière un nuage.
Vient l’heure du diner. Ce soir nous sommes 8 à table. Un couple de belges (lui est architecte), un couple d’américains de Brooklyn, lui réalisateur de programmes documentaires et elle productrice desdits programmes, et enfin deux jeunes américaines de New-York dont une, avocate, est assez insupportable. On papote en anglais, même avec les belges francophones. Il faudrait inviter le steward d’Avianca (quel mauvais esprit, ce blogueur !)
Coïncidence, le réalisateur de documentaires a travaillé l’an dernier pour Arte, où travaille notre fille Cécile, sans savoir que c’était une chaine franco-allemande.
Bon, tout ce petit monde a envie d’aller se coucher, alors nous suivons le mouvement. Ça tombe bien, on vient nous chercher à 7H30 demain matin pour aller à Mompox.
Et vous verrez dans le prochain post que dans la perspective de cette épopée une bonne nuit de sommeil n’est pas du luxe.
Chien ou canard ?
Nous voyons une tortue qui sort difficilement de l’eau (il y en a dans les Caraïbes !) avec un bloc de rocher sur sa carapace …
Merci pour ces derniers posts !