Après nos aventures dans le désert de Tatacoa, nous avons repris la route avec Ricaute, notre chauffeur, un tout petit bonhomme toujours en train de rigoler, extrêmement serviable et, qui plus est, extrêmement prudent au volant.
Heureusement parce qu’il est au volant du 4×4 le plus cher du coin, un Chevrolet qui coûte neuve $65.000 ce qui est considérable ici. Comme ce véhicule appartient à une société de Bogotá, il s’en sent responsable et le bichonne avec amour.
Notre destination est San Agustin, plus au sud, et haut lieu de l’archéologie colombienne. La route est longue et encombrée de camions et nous arrêtons juste le temps nécessaire pour boire un jus de fruit, nous détendre les jambes et déjeuner.
Nous arrivons à l’hôtel Yuma qui, à défaut d’être luxueux, est plus confortable que la posada du désert et offre, contre toute attente, une connexion internet dans les parties communes. Tant mieux parce que nous allons passer trois nuits là, un de nos séjours les plus longs au même endroit.
Huila, Colombia Huila, Colombia
Le lendemain, nous commençons à exécuter le programme qui nous a été préparé et qui doit ressembler comme deux gouttes d’eau à celui qui est proposé à tous les visiteurs de la région, à savoir la visite des ruines archéologiques.
Pour nous aider dans cette découverte, nous disposons d’un guide, Ramiro, qui parle plutôt bien l’anglais mais avec un tel accent que nous mettrons pas mal de temps à nous y habituer. Sur cette photo, nous sommes en présence de Ramiro, à gauche, et de Ricaute, le plus petit.
Les ruines comportent essentiellement des tombeaux ayant la forme de nos dolmens et qui hébergent de nombreuses statues de pierre, certaines étant anthropomorphiques, d’autres représentant des animaux, les dernières étant mixtes.
Ces statues devaient à l’origine être colorées car on distingue par endroits des traces de pigments qui subsistent.
La plupart de ces statues on été édifiées pendant les 800 premières années de notre ère par un peuple dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il n’occupait plus les lieux depuis assez longtemps à l’arrivée des espagnols. Les causes de sa disparition ne sont pas claires mais l’hypothèse la plus coramment admise est celle d’un changement climatique qui aurait poussé les habitants à chercher refuge dans des régions plus propices à l’agriculture.
En fait le site n’a commencé à être exploré sérieusement qu’au siècle dernier bien que des pilleurs de tombes aient fait des dégâts auparavant. Il reste sans doute énormément de vestiges à exhumer mais le gouvernement colombien souhaite garder la maîtrise des opérations et ne dispose pas des budgets nécessaires pour poursuivre les fouilles dans l’immédiat.
Dans la mesure où le peuple qui a vécu ici n’a laissé pratiquement aucune autre vestige, on sait très peu de choses de lui ce qui est assez frustrant. Imaginez des archélogues qui, dans un millier d’années, essaieraient de se faire une idée de notre civilisation uniquement à partir des vestiges de nos cimetières.
Le site étant classé par l’Unesco au Patrimoine Mondial de l’Humanité, on cherche à montrer au touriste la moindre pierre, la moindre statue et, à vrai dire, cela devient assez vite assez répétitif si on est pas un fondu d’archéologie.
Nous demandons donc qu’on modifie le programme pour peut-être voir des gens ou des sites naturels. Demande agréée. Nous irons visiter les gorges du Rio Magdalena et demain nous irons faire un tour au marché de San José d’Isnos, à quelques kilomètres d’ici.
Le Rio Magdalena est le fleuve le plus long de Colombie avec ses 1500 km. Il coule du sud au nord, prenant sa source dans le Massif Colombien, espèce de conglomérat montagneux au sud du pays, pour aller se jeter dans la mer des Caraïbes, après avoir traversé de vastes plaines marécageuses.
En attendant, près de San Agustin, il traverse des gorges très étroites dans la mesure où le fleuve, qui est déjà assez important, est contraint de se faufiler entre des murs de roches larges de seulement 2m.
Le lendemain, sur la route de San José d’Isnos, nous retrouvons les paysages de montagne de Colombie avec, ce jour là beaucoup de nuages. Il est vrai qu’il a plu toute la nuit et qu’il y a beaucoup d’humidité dans l’air.
Nous avons également l’occasiion d’apprécier la flore locale comme par exemple ce magnifique cachingo, arbre aux fleurs orange qui ne pousse qu’ici.
Ou encore des orchidées,
Ou d’autres fleurs dont je ne connais pas le nom, ou plutôt dont je l’ai oublié.
La route est toujours pleine de surprises et bien que je n’ai pas de photo, on rencontre encore beaucoup de gens qui se déplacent à cheval. Quant aux animaux n’en parlons pas : à ce jour, nous avons vu en liberté au bord, quand ce n’est pas sur la route des vaches, des chevaux, des porcs, des ânes et quelques moutons, les seules étant privées de liberté étant les chèvres également présentes au bord de la route mais attachées.
C’est jour de marché à San José d’Isnos. Comme je l’ai écrit dans mon post avec galeries de portaits, le marché est l’occasion de nouer ou de renforcer des realations sociales entre des gens qui vivent souvent dans des endroits assez reculés.
Ce qui frappe ici, c’est la bonne humeur généralisée : les gens rient, sourient, s’interpellent. Des sociologues ont récemment essayé de déterminer quels étaient les pays dont les habitants étaient les plus heureux. Sans surprise, certains pays développés bénéficiant d’une grande redistribution des richesses (pays scandinaves) ou de fortes perspectives de développement (Australie, Nouvelle Zélande) arrivent en tête, mais le trio Colombie, Panama, Costa Rica arrive juste derrière bien que le niveau de développement y soit bien inférieur. Explication avancée : des relations sociales très denses et un fort niveau de solidarité entre les gens.
Non, contrairement aux apparences, ce ne sont pas des bananes comme celles que nous mangeons chez nous mais des bananes plantain, moins sucrées que les bananes déssert et qui sont utilisées cuites, comme légume. Elles servent en Colombie à la confection des « patacones« , sortes de beignets que l’on trouve absolument partout et qui accompagnent, avec le riz, viandes et poissons. Personnellement, je les trouve parfaittement insipides ainsi que les arepas qui sont un peu la même chose mais à base de maïs. Heureusement, la cuisine colombienne ne se résume pas à cela et, de manière générale, on mange plutôt bien dans le pays bien que de façon moins variée que chez nous.
Une photo qui donne une idée de la joyeuse pagaïe qui règne ici :
En tout cas on s’amuse bien au marché de San José et nous y faisons figure de curiosité avec nos tailles et nos vêtements étrangers. Les gens veulent nous parler, échanger. Nous avons déjà notre réputation. Même les membres du Cuerpo Tėcnico de Investigación, équivalent local du FBI, veulent poser avec nous ! Imaginez ça avec le vrai FBI.
On voit également des chivas, ces petits autobus où ont été installés des bancs de bois, aux fenêtres remplacées par des portes, avec une galerie sur le toit pour transporter tout et n’importe quoi et peints de couleurs vives. On nous explique d’ailleurs qu’ici, dans le département de Huila, les chivas ne sont pas aussi colorés que dans le département voisin de Cauca. Mais ils sont tout aussi pleins de gens se rendant dans les coins les plus reculés.De retour à notre hôtel, sur le coup de 15H locale, Gaby se souvient que c’est aujourd’hui l’anniversaire de son frère Christian et nous essayons de la contacter sur Skype avec notre smartphone. Nous tombons sur notre fille Cécile qui est en train de fêter l’anniversaire avec la famille et commençons à raconter nos petites histoires.
Nous sommes sur la terrasse de l’hôtel et le patron nous voit. Il s’approche pour voir ce qui se passe et commence à parler avec les allemands. Il fait la promo de la Colombie et de son hôtel. Quand il apprend que Cécile est jeune journaliste, il l’invite à rester à l’hôtel, tous frais payés, autant qu’elle le désire, pour faire un reportage sur les lieux !
Pendant ce temps, à 20 m de nous, se déroule une fête de mariage. Deux petites filles parmi les invités n’ont rien perdu de la scène et veulent également s’essayer sur Skype. C’est drôle de les voir discuter avec des allemands à l’autre bout du monde. On ne se comprend que partiellement mais tout le monde s’amuse.
Puis c’est le tour du marié, un jeune militaire de Bogotá, un blond à la peau bien blanche qui tranche avec les métis du coin. Lui aussi parle dans Skype. ¡ Feliz cumpleaños ! (Bon anniversaire !). Puis il s’eclipse et va nous chercher du « champagne », en fait un liquide à bulles, alcoolisé et très sucré. Le geste nous surprend plus qu’agréablement.
A ce moment, ses copains militaires viennent le chercher, le portent à bout de bras quelques mètres et le balancent sans délicatesse dans la piscine de l’hôtel. Le patron crie en espagnol « pas avec les bottes, pas avec les bottes ! Heureusement le marié ne porte pas d’éperons 🙂
C’est le moment que choisit un monsieur (père du marié, de la mariée ? Mystère) pour nous apporter des assiettes avec un morceau du plat principal du repas de noces. C’est du porc qui a été roti en broche, lentement et longtemps, au feu de bois, accompagné de riz et de légumes, un peu comme du riz cantonnais. C’est délicieux. Les membres de la famille nous font de grands signes et de grands sourires. Nous sommes dans la fête.
A l’autre bout du skype, les allemands n’en croient pas leurs yeux ! Ce n’est pas chez eux que cela pourrait arriver, et pas plus en France. D’ailleurs on nous amène le déssert, un gâteau au chocolat très réussi, encore une cachotterie colombienne. Quel sens de l’hospitalité et de la fête !
Nous sommes tellement surpris par cette expérience inattendue que nous en oublions de filmer ces moments et de faire des photos. Qu’importe, je crois qu’ils resteront dans nos mémoires …
la fleur, il me semble que c’est un strelizia.
Merci pour cette précision. Je suis absolument nul en botanique mais je trouvais la fleur très jolie et très photogénique.
JP