Bon cet article ne va pas être le plus long et le plus intéressant de la série parce que il va retracer beaucoup (j’exagère un peu) de route mais surtout parce Gaby et moi avons été malades ce qui nous a empêché de voir/faire tout ce que nous voulions pendant ces 2-3 jours.
Tout commence donc à Mindo, lors de notre deuxième et dernière nuit sur place. En me couchant, je me sens bizarre, impression qui se confirme tout au long de la nuit jusqu’à ce que je me lève en urgence vers 3H du matin. Mais je ne parviens pas à trouver la salle de bains et en route je vomis tout mon diner.
Triste spectacle ! La pauvre Gaby doit se taper le nettoyage car je suis absolument hors d’état. Je lui en sais gré parce que ce n’est vraiment pas un boulot agréable.
Je parviens à me rendormir. Le matin arrive. Petit dej sans fruit, sans oeufs, juste du pain et du café car il faut calmer tout ça.
Luis passe nous prendre à l’heure convenue car nous devons nous rendre aujourd’hui au Parque Nacional Cotopaxi, où se trouve le deuxième volcan le plus haut d’Equateur qui culmine à environ 5900m.
Nous sommes au nord-ouest de Quito et notre destination est au sud-est mais nous ne pourrons pas utiliser la voie rapide qui contourne la capitale parce que nous avons reçu un message hier en provenance de la société qui gère notre hébergement en Amazonie nous indiquant que si nous voulions payer par carte de crédit il fallait le faire à leur siège, en ville, car il n’y a pas de terminal là-bas. Nous devons donc entrer en ville et comme nous sommes en semaine il y a des embouteillages. Pour ça, Quito est comparable à Paris. Nous trouvons le bureau et là nous apprenons que le paiement par carte visa entraîne un supplément de 10%. Bigre. Nous trouvons un « cajero » (distributeur automatique) pas très loin et retirons non sans mal du liquide (efectivo) parce qu’il existe un plafond pour chaque retrait et nous devons nous y reprendre trois fois.
Tout ça est très ballot parce que nous aurions sans doute pu payer au lodge avec du liquide retiré sur la route et gagner ainsi pas mal de temps mais ça me donne l’occasion de vous parler de la signalisation en ville en Equateur.
En fait, la plupart des villes coloniales anciennement espagnoles sont conçues selon un plan au carré. Les avenidas et les calles se coupent à angle droit et forment ainsi des cuadras (équivalents des blocks américains). Par contre il n’existe pas de numéros de rue.
Ainsi une adresse typique (celle-ci est bidon) pourrait être la suivante :
av. Simon Bolivar s/n y Diego Cabral, edif. Reina Isabel, PB, Quito, Ecuador
Pour s’y rendre il faut trouver l’immeuble (edificio) Reina Isabel, à proximité de l’angle entre l’avenue Simon Bolivar (où il n’y a pas de numéro : s/n = sin numero) et la rue Diego Cabral (où il y a encore moins de numéro, cela va sans dire) et chercher au rez-de-chaussée (PB = planta baja = RdC), tout cela à Quito. Facile !
Dans les petits patelins, c’est moins simple car s’il existe sur le papier et sur les plans des noms de rues, ils ne sont pas indiqués sur place et de toute façon personne ne les utilise ni ne les connais. Si je m’arrête pour demander où se trouve la Cevicheria Pacifico sur la calle San Martin, (j’ai envie de poisson mariné aujourd’hui), on risque de me répondre :
¡Claro! Continuez deux cuadras après la Poste, tournez à gauche jusqu’à la carniceria (boucherie) Gomez. Là tournez à droite, c’est à 150 mètres. Tout cela avec le sourire. Parfait quand on sait où se trouve la Poste !
Je plaisante mais tout cela fonctionne très bien et il faut s’adapter. Cela fait partie des plaisirs du voyage.
Nous sortons de Quito, direction sud et empruntons quelques kilomètres la Panamericana qui prend ici la forme d’une voie rapide.
La Panaméricaine est une route, ou plutôt une succession de routes qui permet de relier l’Alaska au village O’Higgins en Patagonie chilienne. Belle et généreuse idée que de relier tout ces pays et tout ces peuples par un ruban de bitume continu, symbole d’amitié et de coopération.
Et c’est vrai qu’on la retrouve partout cette fameuse Panamericana. Mais il y a un hic qui s’appelle Darien, nom d’une province du Panama frontalière de la Colombie, jungle parfaitement impénétrable sauf pour les narcos et autres bandits en tous genres sans compter une faune particulièrement agressive. Et là le ruban de bitume s’arrête pendant quelques dizaines de kilomètres. Tous les guides, toutes les agences, toutes les autorités sont unanimes : Darien is a big no-no ce qui se traduit en français par zone interdite.
Bref, pour franchir l’obstacle il faut, soit prendre l’avion soit chercher un embarquement aléatoire sur un bateau. En écrivant ces mots je ne suis pas tout à fait honnête car depuis le début de cette année il existe (ou doit exister) un ferry régulier entre Cathagène en Colombie et Colón au Panama si l’on en croit la publicité sur internet. Comme on dit ici : a ver.
Après quelques kilomètres sur la Panamericana, nous tournons vers l’est à Machachi, petite ville ou gros bourg, comme on veut, où nous refaisons le plein d’eau purifiée qui coûte ici $1,50 pour un bidon de 6 litres. C’est indispensable parce que l’eau du robinet ne présente pas ici une garantie de grande sécurité bactériologique. Et comme nous nous plaignons du ventre, il ne faut pas en rajouter !
Nous continuons notre chemin sur une route pavée qui monte, qui monte. Au fur et à mesure que nous montons, le paysage devient de plus en plus magnifique et nous entrons dans le páramo, zone où plus grand chose ne pousse à part une espèce d’herbe rase qui si elle a le malheur de pousser un peu se fait immédiatement raccourcir par les alpacas locaux. C’est un peu similaire à l’altiplano péruvien ou bolivien.
Nous parvenons enfin à notre destination, l’hacienda Santa Ana, bâtiment construit par des jésuites au 16ème siècle et restauré récemment pour être transformé en hôtel. Le lieu est magnifique : grande cheminées (nous sommes à 3500m), fresques murales, carrelage ancien, meubles de bois sombre tout cela dans le plus pur style colonial.
Normalement, les haciendas/hôtels isolés comme Santa Ana proposent à leurs hôtes tout une palette d’activité. Ici, c’est rando ou ballades à cheval. Malheureusement ce qui sur le papier s’annonçait comme un séjour vivifiant pour découvrir le Parque Nacional Cotopaxi se transforme pour nous en un séjour quasi hospitalier : lit, fièvre, vomis, régime soupe exclusivement. Bref, passons.
Après deux nuits passées à Santa Ana, Luis passe nous prendre pour nous amener en Amazonie, l’Oriente comme on l’appelle ici.
Nous n’en sommes qu’à une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau mais il n’existe hélas aucune liaison directe et nous devons descendre vers l’ouest vers Machachi, remonter vers le nord jusqu’à l’aéroport de Quito pour enfin repiquer vers l’est.
Là nous devons franchir les Andes Orientales par un col à 4000m avant de redescendre vers « l’enfer vert ». Ça c’est le cliché et c’est bien loin de la réalité que nous allons découvrir.
Mais en attendant certains paysages me rappellent les premières minutes du film de Werner Herzog, « Aguirre ou la colère de Dieu », où l’on voit une troupe de conquistadores à la recherche de l’Eldorado descendre les Andes orientales à pied et à cheval à travers la forêt et les nuages avant d’atteindre un fleuve qu’il descendront en radeau et où ils mourrons l’un après l’autre, victimes d’animaux, de maladie ou des indiens.
C’est plus calme aujourd’hui, heureusement, mais notre route descend aujourd’hui à travers la même forêt et les mêmes nuages, avec de temps à autre une chute d’eau.
De 4000m nous sommes redescendus à 600m. Il fait plus doux mais très humide. Nous sommes en haute Amazonie, mais la route est toujours belle et goudronnée, il y a des camions, des voitures et des villages assez semblables à ceux des hautes terres même si pour la construction le bois remplace souvent les parpaings et si pour les toitures on voit plus de tôle ondulée et moins de tuile. Bref, on est très loin de l’enfer vert.
Les indiens d’ici ont la peau moins brune que ceux des montagnes et ressemblent plus à des asiatiques (cambodgiens ou laotiens) même si les mélanges atténuent ces différences. En tous cas ils ont le portable à l’oreille.
Après avoir traversé Baeza puis Tena, chef lieu de la province du même nom (je déteste le mot éponyme qu’on rencontre à toutes les sauces :-)), grosse ville administrative et commerçante, nous arrivons à Misahualli où nous déjeunons (menu del dia à $4) avant de prendre notre premier contact avec le fleuve Napo qui sera notre compagnon pendant 48 heures.
Misahualli a la particularité d’avoir été construite à un emplacement où il existait des colonies de singes. Les maisons ont poussé, ils sont restés. Ils sont sur la place centrale, aux abord du fleuve, un peu partout, mais attention, ils sont sauvages et peuvent être agressifs et vous sauter dessus pour prendre vos lunettes, votre portable ou votre appareil photo, alors méfiance.
Nous continuons jusqu’à la fin du goudron, au pont Arajuno avec son café-bar-épicerie plus que basique. C’est là que vont commencer des aventures un peu plus … amazoniennes. A bientôt.