Bye bye Bogotá. Edwin (encore un prénom de footballeur brésilien) vient nous chercher à 9H, direction le nord-est. Comme nous sommes près de l’équateur, le soleil se lève vers 6H et se couche vers 18H. De ce fait les gens se lèvent tôt, vont au travail tôt et rentrent tôt chez eux. 9H n’est donc pas l’heure de pointe.
Malgré cela, il y a beaucoup de monde sur la route et cela rappelle beaucoup la circulation en région parisienne. Subjectivement, j’ai l’impression qu’il existe en Colombie une importante classe moyenne motorisée, beaucoup plus qu’en Equateur en tous cas. Les axes sont donc larges et la circulation relativement « civilisée » bien que le doublement à droite soit généralisé ainsi que le franchissement des lignes jaunes. On s’y fait mais le conducteur doit avoir des réflexes bien aiguisés.
Contrairement à Medellin, Bogotá n’a pas de métro. Pour transporter les millions de banlieusards se rendant à leur travail, la alcaldia (municipalité) a développé un système de longs bus articulés en site propre : le Transmilenia. Sur tous les grands axes, des couloirs de bus ont été créés, séparés du reste de la chaussée par un muret en béton de manière à ce que les automobilistes ne soient pas tentés de les emprunter. Les stations de bus sont aménagées sur les terre-pleins centraux de ces axes. La densité des bus est vraiment très importante et, subjectivement, j’ai bien l’impression que le Transmilenia a un débit proche de celui du métro parisien.
Boyaca, Colombia
Nous traversons d’interminables banlieues sans grand charme quand tout à coup il n’y a plus de Transmilenia et nous nous retrouvons sur la Autopista del Norte. Ce n’est pas une autoroute au sens où nous l’entendons chez nous mais plutôt une voie rapide sur laquelle le trafic est relativement léger.
Nous atteignons notre première halte, Zipaquirá, à une cinquantaine de kilomètres du centre de la capitale, après environ 1H de voiture. La ville a une centaine de milliers d’habitants et est plutôt mignonne. Mais ce qui nous fait nous arrêter là c’est sa fameuse Cathédrale de sel. En effet Zipaquirá est située au pied d’une montagne de sel existant depuis l’ère tertiaire.
L’exploitation du sel a commencé à l’époque précolombienne du fait des indiens chipchas qui peuplaient la région. Cette exploitation avait lieu à ciel ouvert. Progressivement, des galeries ont été creusées et, progrès technique et importance du gisement aidant, la mine de Zipaquirá et celle de Nemocón, sa voisine, sont devenues des éléments extrêmement importants de l’économie du pays.
Une première cathédrale souterraine fut construite par les ouvriers mineurs en 1954 avec une finalité purement religieuse. Mais elle dut fermler ses portes en 1992 à cause des risques d’éboulement. Une deuxième cathédrale fut donc construite dans les années 1990 .
C’est celle que nous visitons aujourd’hui et je dois admettre que bien que la foi ne soit pas un des traits principaux de ma personnalité, je suis impressionné par l’ampleur du monument réalisé puisque ce dernier est constitué par une reproduction du chemin de croix, suivi par une coupole pour se terminer par des nefs, le tout creusé à même le sel et décoré de sculptures en sel ou en marbre.
Entre l’entrée du monument et son extrémité, la distance est d’environ 1km. Bien entendu le monument conserve aujourd’hui sa vocation religieuse, mais il consitue également un des hauts lieux du tourisme en Colombie.
La visite terminée, nous reprenons avec Edwin notre route vers le nord-est et la petite ville de Villa de Leyva (prononcer Bija de Leïba, oui je sais c’est difficile mais on s’y fait). Nous sommes toujours sur l’autopista mais nous sommes maintenant dans la campagne et au fur et à mesure que nous avançons, le paysage devient plus accidenté puisque nous commençons à escalader la « cordillera oriental », une des 3 chaines de montagnes orientées nord-sud qui divisent le pays. Au-delà de cette cordillera s’étant la zone plus basse et plus plate de la pré-amazonie, déconseillée aux touristes du fait de la persistance, par endroits, de la guérilla.
Nous entrons dans la province de Boyaca, connue comme étant le berceau du pays puisque c’est près du petit pont sur la rivière Boyaca que Simon Bolivar livra en 1819 la bataille décisive contre les espagnols qui aboutit à la création de la Grande Colombie indépendante.
Mais la province de Boyaca est également celle des « Maetros de la papa », les rois de la pomme de terre ! Et c’est vrai que nous allons en manger beaucoup dans les jours à venir.
Après avoir roulé à la vitesse de l’escargot sur des routes escarpées, suivant des camions hyper polluants nous arrivons enfin à destination. Au revoir Edwin; à dans 48H.
Villa de Leyva est un gros bourg de 10.000 habitants et constitue un des hauts lieux du tourisme en Colombie. La raison en est simple : l’endroit a un charme incomparable allié à une extrême gentillesse de la population. Si vous ajoutez à cela un climat très doux, il n’est pas étonnant que la ville figure dans tous les circuits touristiques du pays. C’est justifié et si l’on sent que la ville vit en partie du tourisme, ce n’est jamais oppressant.
La ville a conservé une architecture coloniale très pure. les maisons sont blanches et agrementées de portes, de fenêtres et de balcons en bois peint de couleurs vives. Les rues ne sont pas à proprement parler pavées mais recouvertes de gros galets ce qui fait qu’il est difficile d’y marcher et que les marchands d’amortisseurs doivent faire fortune.
Mais ce que tout le monde vient voir ici, c’est la place centrale, la plus grande de Colombie et si je ne m’abuse, de toute l’Amérique Latine. C’est vraiment très beau et plein de charme mais c’est une vraie torture pour le photographe qui ne parvient pas, loin de là et quelque soit l’endroit où il se trouve, à tout embrasser et qui se trouve réduit à essayer de faire un panorama qui aplatit tout, comme ci-dessus.
Dans la rue principale qui mène à la place, nous percevons un attroupement. Je comprends vite qu’il s’agit d’un cortège funèbre qui se dirige vers l’église située au fond de la place, côté sud. Nous le suivons de loin. Le défunt (ou la défunte) devait être une personne relativement importante ou connue car il y a pas mal de monde.
Nous déjeunons sur la place pendant que la foule assiste au service. La ville, tourisme oblige, a beaucoup de restaurants et il y en a pour tous les goûts mais à des tarifs très raisonnables pour nous européens.
Voici une petite vidéo, un peu cucul, mais qui permet de se faire une idée de la ville :
Une maison typique de VdL :
et une rue non moins typique :
Même notre hôtel, avec ses chambres minuscules, a le même style :
Le lendemain, pas de flanerie dans les rues et ruelles, nous avons au programme la visite des différents sites du coin.
Nous commençons par visiter le monastère dominicain d’Ecce Homo. C’est une construction qui date de 1620 et un des plus beaux sites du pays. Le monastère est construit en pierres et en adobe. Les pierres proviennent de carrières locales et contiennent de nombreux fossiles et en particulier des ammonites. On les voit absolument partout en particulier dans les socles des statues.
La beauté du site, le charme de sa cour intérieure et de sa chapelle au toit en bois ne doivent pas nous faire oublier que la motivation première des dominicains qui l’édifièrent était la conversion des populations locales avec des méthodes que nous jugerions aujourd’hui bien peu chrétiennes.
C’est ainsi que sous toute une aile du monastère, celle où se trouve la bibliothèque, existait un sous-sol où étaient emprisonnés les indigènes rétifs à la conversion.
Nous continuons notre journée par une visite de l’observatoire astronomique de Zaquencipa. Notre guide, Awad, fruit du mariage d’un libanais et d’une colombienne, nous explique qu’il s’agit là d’une sorte de Stonehenge latino-américain créé par les indiens muiscas qui peuplaient les lieux à l’époque pré-colombienne.
L’alignement des pierres leur permettait de déterminer avec précision certains évènements comme par exemple le moment des solstices d’hiver et d’été. Il y a là également un nombre important de pierres de forme phallique, symbole de fertilité.
Le circuit se termine par le site dit de « Pozos Azules » qui comprend trois petits lacs d’un bleu profond causé par l’importante concentration de minéraux contenus dans l’eau qui interdit toute vie aquatique. L’endroit est calme et il n’y a pas grand chose d’autre à y faire que se balader en prenant quelques photos car le paysage alentour est superbe.
Rentrés en ville, nous repartons flaner un peu, que c’est agréable, avant de s’atteler au classement et l’édition de nos photos. Au moment où j’écris ces lignes nous en avons déjà pris plus de 2300 et dans le tas beaucoup de mauvaises que vous ne verrez jamais 🙂
Demain nous nous lèverons à 6H du matin pour retourner à Bogotá et y prendre un avion qui nous amènera à Arménia, 300km plus à l’ouest, au pied de la cordilière centrale et quelques centaines de mètres plus près du niveau de la mer, dans une région qui s’appelle la Zona Cafetera. A nous les petits noirs tout en saveur qui s’appellent ici des tintos !
Et pour terminer, un peu de musique, pas colombienne mais argentine, mais tellement belle que je ne résiste pas à) l’envie de la partager :