De l’Amazonie à Cuenca

Metro Ecuador

 Un post pour résumer trois jours de voyage :

  • premier jour : Amazonie – Riobamba
  • deuxième jour : Riobamba – Cuenca
  • troisième jour : Cuenca

Ecuador

Cuenca, Spain

Après avoir embarqué avec quelques bataves et leurs bagages, nous avons descendu le rio Napo pendant une douzaine de minutes car ça va plus vite dans le sens de la descente.

Luis nous attend avec son 4×4 Kia au fameux pont vers 9H du matin. Les hollandais nous font des signes d’au-revoir amicaux mais on sent bien qu’ils préfèreraient être à notre place plutôt que serrés dans leur bus.

Nous commençons alors notre longue remontée vers les Andes qui se traduit par une végétation qui change chaque fois qu’on monte de 200 à 300m et par des oreilles qui font « pop » à peu près au même rythme. En plus l’air devient plus léger à mesure que l’oxygène se fait rare.

Nous faisons une halte au « Pailon del Diablo » (le chaudron du Diable), une chute d’eau sur la rivière Pastaza, qui à défaut d’être très haute est très spectaculaire et qui est classée par Tripadvisor comme la 12ème attraction d’Equateur sur 357.

Pour atteindre le site, il faut descendre 20-25 mn sur un sentier bien balisé et assez facile. La remontée dure elle 40-45 mn et est beaucoup plus éprouvante d’une part parce que le sentier est raide et d’autre part parce que les effets de l’altitude et du manque d’oxygène se font sentir.

Voici ma photo (je m’aperçois en la postant que c’est la 3ème chute d’eau figurant sur le blog, il faut que je me calme) :

Pailon del Diablo

 et voici la vidéo de Youtube qui montre comment, en se faufilant un peu (ce que nous n’avons pas fait) on peut aller jusque derrière la cascade :

Une fois bien mouillés, on peut aller se restaurer un peu au resto du coin où, connaissant maintenant le rythme équatorien, nous avons pris la peine de commander avant d’accéder à la chute d’eau.

Nous reprenons la route et passons quelques temps dans la ville de Baños que les guides touristiques décrivent comme étant sans intérêt, opinion que je ne partage pas car la ville est plutôt coquette, accueillante et vivante et le point de départ de nombreuses excursions ou activités. En particulier on peut y faire beaucoup de cyclotourisme ou du saut à l’élastique (très peu pour moi, merci).

Nous arrivons aux termes de notre journée à Riobamba, pour le coup sans intérêt, où nous passons la nuit à la Hacienda Abraspungo, pleine de charme colonial avec un restaurant délicieux et bon marché et son wifi à deux vitesses, slow et stop.

Riobamba est aussi au pied du plus haut volcan d’Equateur, le Chimborazo, qui culmine à 6268 m et dont nous ne verrons le somment enneigé que très fugacement sans avoir le temps de prendre une photo.

Départ au matin en direction de Cuenca. Nous espérons pouvoir grapiller deux places sur le célèbre train qui rejoint la Nariz del Diablo, le nez du Diable décidément très présent dans la région. Ce train est connu pour son tracé spectaculaire.

En vérité nous avons déjà essayé de réserver des places en ligne ce qui s’est révélé impossible et ce que nous avons mis sur le compte d’une trop grande demande, et c’est en comptant sur un desitement que nous nous présentons à la gare d’Alausi d’où part le train.

Il y a là un employé des chemins de fer, un afro-equatorien souriant mais extrêmement nonchalant qui nous explique qu’il n’y a plus de train aujourd’hui et que le dernier est parti à 8H du matin. De toutes façons il était réservé aux clients des agents de voyages ce que nous ne sommes pas. Dommage.

Nous nous balladons un peu dans la ville qui ne présente pas un intérêt particulier, si ce n’est sa gare, et reprenons la route.

Alausi

En fait la route est longue parce qu’elle tourne, monte, descend sans arrêt et que nous passons la plus grande partie du voyage au milieu des nuages sans pouvoir rouler à plus de 30 km/h. Nous finissons par arriver à Ingapirca où nous pourrons visiter des ruines mais auparavant il convient de se sustenter ce que nous faisons dans un petit restau local où le menu del dia est à $ 2,50 ce qui est dur à battre. En plus c’est très bon avec une soupe à la quinoa et un poulet au riz. Les poulets ici, au risque de me répéter, sont vraiment délicieux.

Le site d’Ingapirca a été primitivement occupés par les premiers habitants de la région, les indiens cañaris qui étaient là 10 siècles avant JC et jusqu’à l’invasion par les incas au 15ème siècle. En fait la présence de ces derniers n’a duré que quelques dizaines d’années, jusqu’à l’arrivée des espagnols.

Cela leur a quand même laissé le temps de construire une route empierrée qui permettait de rejoindre Cusco et un magnifique temple du soleil. On voit au premier coup d’oeil que les incas avaient une totale maîtrise de l’ajustement des pierres sans avoir un quelconque besoin de mortier alors que les cañaris utilisaient quant à eux des pierres beaucoup moins ajustées mais retenues ensemble par un mortier grossier fait de déjections animales, sable, eau et paille. Simple mais efficace.

Ingapirca

Nous reprenons la route vers Cuenca qui n’est plus très loin et que nous atteignons vers 16H30. Cuenca est la 3ème ville du pays après Guayaquil et Quito et flirte, banlieues comprises, avec le million d’habitants.

C’est une ville relativement riche ce qui explique les embouteillages que nous devons affronter dès notre arrivée. Nous finissons par trouver notre hôtel situé tout près de la place centrale et donnons rendez-vous à Luis pour le lendemain matin et une visite du centre ville.

A 9H nous nous retrouvons. La visite aura lieu à pied car il serait impossible de circuler aussi vite en voiture et encore moins de trouver où se garer. Il fait frais mais dès qu’on est au soleil on a chaud car il tape dur et presqu’à la verticale. Gainsbourg aurait dit : « sous le soleil exactement ».

Notre première destination est un atelier de fabrication de panamas. Ces chapeaux sont malgré leur nom d’origine équatorienne. Au 19ème siècle, le leader libéral équatorien Eloy Alfaro dut s’exiler au Panama. Là, pour survivre, il monta un atelier de fabrication de chapeaux qui devint très profitable et l’aida à financer la révolution libérale en Equateur.

Aujourd’hui, le principal centre de production se trouve à Cuenca et en 2012 ce chapeau fut inscrit au Patrimoine Immatériel de l’Humanité par l’UNESCO.

Atelier de Panamas

Ce chapeau est fabriqué à partir des feuilles tressées d’un arbuste ressemblant au palmier, le toquilla. Il en existe de nombreuses qualités, la plus fine étant produite dans le canton de Montecristi et portant son nom. Les prix s’échelonnent de $65 à $600 et on peut même acheter en ligne sur le site de l’atelier/musée.

Mais la popularité de ce chapeau décolla vraiment quand le Président Théodore Roosevelt commença à s’afficher portant ce bien nommé couvre-chef 🙂 lors d’une visite au canal de Panama.

Aujourd’hui des personnages tout aussi importants continuent de le porter en toute circonstance et en toute élégance :

Gaby en Panama

Nous continuons ensuite notre visite en allant au marché municipal. Ce dernier se tient dans un immeuble moderne et est très haut en couleurs. On y trouve de tout, la surface la plus importante étant consacrée aux étals des commerces de bouche.

C’est une symphonie de couleurs : fruits tropicaux ou pas, légumes, viandes, poissons …

Marché de Cuenca

Mais il y aussi des produits  miracles et toutes sortes de poudres de perlin pinpin comme le savon pour attirer les clients ou les filles, ou autres « phyltres d’amour »

Poudres de perlin pinpin

A l’étage il y a un gigantesque « food court » ou on peut manger de tout à toute heure. Ici, des paysannes avec leur panama de la meilleure qualité dégustent un locro (soupe). Hélas la photo est floue, désolé.

Paysannes déjeunant Ici, l’escalator fait moderne mais il ne fonctionne pas :

Paysanne à l'escalator

Nous continuons notre ballade par la visite de la cathédrale qui donne sur le place principale. Cuenca étant une ville très conservatrice, les fidèles se mettent sur leur trente-et-un pour se rendre à l’église et je n’ai jamais vu autant de costume-cravate depuis que nous sommes arrivés en Equateur.

Cathédrale Cuenca

La vieille ville de Cuenca est un régal pour les yeux et est plus belle même que celle de Quito. On déambule donc avec plaisir tout en essayant de rester du côté ombre de la rue ce qui oblige à traverser souvent les rues, opération risquée si l’on se souvient que le conducteur équatorien considère le piéton au pire comme une cible potentielle et au mieux  comme une variable d’ajustement 🙂

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Mais mon téléphone (qui permet également d’appeler) m’indique que nous avons marché 8 km et gravi l’équivalent de 6 étages. Il est donc temps de se reposer un peu en dégustant un bon repas au Restaurante El Maiz. C’est un endroit tout à fait agréable, calme, joliment décoré et servant une cuisine traditionnelle équatorienne raffinée.

Restaurante El Maiz

A cent mètres du restaurant se trouve la Banque Centrale d’Equateur flanquée d’un musée de très haute qualité. Nous y visitons les salles d’ethnographie consacrées aux différents peuples ou sociétés habitant le pays. Il y a là des reconstitutions très bien faites des différents habitats ainsi que des outils, vêtements ou instruments de musique.

Mais ce qui nous fascine le plus ce sont les têtes réduites réalisées autrefois (je l’espère) par les indiens Shuars avec les têtes de leurs ennemis dont ils voualient tout à la fois se prémunir de leur vengeance et s’approprier leur énergie.

Cette pratique connut son apogée lorsque les conquistadores espagnols se heurtèrent aux indiens. Des milliers de blancs virent alors (façon de parler car c’était alors un peu tard pour voir !) leur tête réduite des deux-tiers selon un processus témoignant d’une grande humanité et parfaitement décrit ici.

N’ayant pas le droit de prendre des photos à l’intérieur du musée, j’ai trouvé sur le net cette photo ressemblant beaucoup à ce que nous avons vu.

Luis, qui avec beaucoup de présence d’esprit avait garé son 4×4 devant le musée nous reconduit à l’hôtel et c’est vraiment sympa car nous avons vraiment les jambes lourdes.

Nous dinons sur la place centrale dans un petit restau sympa et pas cher qui s’appelle « Sucré salé » et qui se veut un établissement français avec fromages de France, crèpes, et autres profiteroles. Ce n’est pas tout à fait ça mais c’est très bon quand même et les deux jeunes filles qui tiennent l’endroit sont très sympa.

Et enfin un petit peu de musique pour la route car demain pour partons pour Guayaquil, Julio Jaramillo étant un grand classique ici.

Amazonie

Expresso Guayaqui - Charlie

Je vous ai laissés au Pont Arajuno avec son café/bar/épicerie. Ce lieu est en fait assez stratégique, toutes proportions gardées, car c’est ici que s’opère la jonction entre la « civilisation » matérialisée par la route goudronnée, les bus, le signal pour les portables d’une part et la « vie du fleuve », les allers et retours des longues barques motorisées qui relient le pont aux différentes communautés établies le long du fleuve sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Luis prend congé de nous (il nous reprendra deux jours plus tard) et nous attendons une quinzaine de minutes le bateau qui nous mènera à notre lodge qui s’appelle Itamandi. Une fois que nous avons pris place dans la barque, le pilote s’active à la remplir avec toutes les provisions commandées et en attente à l’épicerie : une barque ne repart jamais à vide.

On embarque donc 100 à 150 l d’eau purifiée en gros bidons, 5 ou 6 grosses bouteilles de gaz, un bidon de chlore pour nettoyer les bottes (j’en reparlerai), des fruits et des légumes frais, 200 à 300 oeufs, des matérieux divers et j’en oublie.

En fait, nous sommes dans l’Amazonie pour débutants : il n’y a plus de route, plus de télé, plus de téléphone mais la vie moderne est à 15 mn de barque.

Sur le Napo

Le fleuve Napo doit faire à cet endroit là une trentaine de mètres de large. Nous sommes à 300 km à vol d’oiseau de l’océan Pacifique mais toutes les eaux ici vont finir dans l’Atlantique, à 3000 km. Le Napo va rejoindre le Maranon qui est lui-même un des fleuves constitutifs de l’Amazone, au même titre que l’Urubamba que nous avions longé au Pérou, dans la Vallée Sacrée, avant de nous rendre à Machu Picchu.

D’où nous sommes, il faut une semaine de barque motorisée pour rejoindre Iquitos, chef lieu de l’Amazonie péruvienne et on peut ensuite continuer très loin vers Manaus au Brésil puis encore Belem aux portes de l’Atlantique.

Ces quelques minutes qui nous séparent du lodge continuent de me faire penser au film d’Herzog sur Aguirre : même silence, mêmes murs de végétation qui laissent entrevoir de temps à autre une hutte sur pilotis et quelques indiens kitchuas.

Nous avons d’ailleurs embarqué deux femmes kitchua faisant du bateau stop qui descendent en route à un endroit où on ne décèle aucune présence humaine.

Nous arrivons à notre lodge qui dispose d’un petit débarcadère. C’est un lodge écolo d’une vingtaine de chambres donnant toutes sur le fleuve avec une petite terrasse avec hamac. L’électricité est exclusivement d’origine solaire et tous les appareils ou eclairages sont basse consommation. Il y a une grande terrase couverte où sont pris les repas. Les matériaux de construction ont été dans une large mesure des matériaux recyclés.

Compte tenu de l’absence de route, la construction de cet ensemble constitue un véritable exploit et j’ai du mal à imaginer le nombre d’allers et retours qu’il a fallu faire pour amener les matériaux de construction et les équipements jusqu’ici.

Il est temps de dissiper un préjugé : nous nous attendions à débarquer dans un sauna avec température et humidité très élevées mais si l’humidité est bien là, la température est tout à fait agréable (20 – 23° C) et par moment fraiche.

Autre préjugé à dissiper, les bestioles. Nous pensions que des nuées de moustiques affamés s’abattraient sur nous et nous étions copieusement recouverts de repellent en prévision de l’attaque. Que nenni ! C’est tout juste si nous avons entendu un vague moustique de temps à autre et encore, je ne suis pas sûr de ce que j’affirme.

Ce qui est certain par contre, c’est que le Ministère de la Santé du pays fait procéder régulièrement à des campagnes de démoustification. Il faut croire qu’elles sont efficaces.

Il existe par contre un point négatif auquel nous n’avions pas du tout pensé : la boue. Elle est absolument partout : les petits chemins pour une personne qui traversent la selva (forêt amazonienne) ne sont qu’une succession ininterrompue de plaques de boue. Ah la gadoue, la gadoue, la gadoue … air connu.

Il s’ensuit que l’équipement nécessaire, essentiel, irremplaçable, indispensable, fondamental que dis-je incontournable est ici la paire de bottes. Heureusement le lodge dispose d’un vaste local à bottes qu’il met gracieusement à la disposition des voyageurs (à mon avis ça se retrouve quelque part dans le prix :-)).

Renseignements pris, nous sommes le seul couple de voyageurs solos au lodge mais nous ne sommes pas pour autant seuls : il y a aussi un groupe de 16 hollandais. Ça promet, pas parce qu’ils sont hollandais mais parce qu’ils sont un groupe.

Comme disait Brassens, le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on est plus de quatre, on est une bande de c…s.

Mais finalement, à part un comportement nettement grégaire, nous n’aurons rien à reprocher à nos bataves avec lesquels nous entretiendrons des conversations superficielles mais agréables.

Nous avons un jeune guide kitchua, Franklin, qui nous propose d’aller faire une ballade de nuit et d’aller à la rencontre (comme disent les agences de voyages) d’animaux nocturnes.

Franklin en bateau

Gaby accepte. Fatigué, je me dégonfle. A son retour, une heure plus tard, Gaby raconte pleins d’histoires sur deux thèmes récurrents : les araignées et la gadoue. J’ai bien fait de me reposer !

Bon diner, bonne douche, bonne nuit, bon petit dej’

Le lendemain, nous avons rendez-vous avec Franklin pour aller faire une ballade de deux heures dans la selva. Les hollandais viennent de partir de leur côté quand nous arrivons à l’accueil/bar/local à bottes.

Nous allons enfiler ces dernières quand tout à coup un déluge s’abat sur nous. Nous n’avons pas idée de ces trombes d’eau en Europe. Le déluge dure 5 minutes mais quand il s’arrête, c’est pour laisser place une forte pluie. Ça dure un peu, nous attendons et puis vlan, re-déluge.

Nous décidons d’abandonner alors la sortie en pensant à l’augmentation exponentielle des champs de boue que ces déluges ont du provoquer. Nous avons aussi une pensée légèrement narquoise pour nos hollandais et il est vrai que vers midi nous verrons une quinzaine de jeans de forme et tailles variées (mais jamais très mince) en train de sécher sur les balcons dans l’attente d’un soleil qui ne viendra pas.

Nous pensions qu’à défaut de disposer dans ce coin d’Amazonie de tout le confort moderne, nous aurions au moins droit au silence et au recueillement. C’était compter sans les chercheurs d’or. Eh oui, nous sommes bien en Eldorado : le fleuve Napo charrie dans ses sédiments des quantités certes faibles mais non négligeables du métal précieux ce qui attire immanquablement des orpailleurs de tout acabit.

On imagine tout de suite de braves types méritants munis d’une batée et d’un tamis filtrant des heures durant l’eau du fleuve. Raté ! Il faut se mettre au goût du jour les gars ! De nos jours on pratique avec un bateau muni d’une drague à moteur qui aspire le sable du fond.

chercheurs d'or

Et ça fait un des ces boucans ! Tout ça pour ramener 2 ou 3 grammes d’or par jour et parfois un seul à 35 $ le gramme alors que le bateau, le moteur et tout l’équipement coûtent 5000 $.

Cet après-midi, nous partons en barque avec Franklin et Jorge visiter la Comunidad Santa Barbara. C’est une communauté d’indiens kitchuas située à 15 mn de barque en amont du lodge toujours le long du Rio Napo.

Il n’y a pas de débarcadère à proprement parler et nous devons sauter à l’eau près d’une petite plage boueuse. Heureusement ce n’est pas profond et nous avons nos bottes. Nous nous rendons au village qui est à une centaine de mètres de là mais en chemin il y a une petite falaise de 4 ou 5 mètres de haut à franchir et cette dernière est recouverte d’une couche d’une dizaine de centimètres de boue. Je vous laisse imaginer le spectacle et j’étais trop occupé à éviter de m’affaler de tout mon long dans la boue pour prendre des photos.

En attendant que les membres de la communauté nous rejoignent, nous faisons un petit tour dans le village (maisons bois sur pilotis, toits en feuille de palme) et là, justice immanente, nous sommes récompensés de nos pensées narquoises vis à vis des bataves par un … un véritable déluge bien ciblé qui s’abat sur nous.

Village kitchua

La communauté Santa Barbara compte environ 120 personnes, toutes kitchuas, dont 40 enfants scolarisés sur place dans une petite école primaire. Elle est dirigée par un président élu pour deux ans, en l’occurence Jorge, le pilote de notre barque, qui a 38 ans et déjà 10 enfants.

La communauté est enregistrée auprès des autorités et est gérée par des statuts comportant des obligations strictes concernant le mode de vie et les règles écologiques. Le non respect répété de ces règles par un membre de la communauté peut conduire à son bannissement.

Le foyer de pierres est allumé quasiment en permanence. 2m au dessus du foyer sont accrochés des paniers pour conserver  les aliments. Fumée et chaleur éloignent insectes et conservent.

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La communauté vit de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat et du tourisme. Elle revend une partie de sa production pour se procurer de l’argent en vue de l’achat de matériel. Les rencontres avec marchands venus de la ville (jusque Quito) se font au pont, fin du goudron.

Le premier médecin est à 20mn de barque puis 10mn d’un bus qui passe plus ou moins toutes les heures. En cas d’urgence, il faut compter 20-25 mn de barque jusqu’au pont plus 25mn de taxi ou d’ambulance jusqu’à Tena, chef lieu de la province. A cela il faut ajouter le temps que le taxi ou l’ambulance arrive. Dans la majorité des cas tout va bien … mais pas toujours.

Femmes kitchua

Une fois terminée l’école primaire, les enfants vont au collège qui se trouve à 1H30 à pied, à l’aller comme au retour.

Tous les jours à 4H du matin, la communauté se réunit pour boire la chicha, qui est une boisson de divers fruits légèrement fermentée, discuter des affaires communes ou tout simplement papoter. C’est une sorte de veillée du matin. Après cela petit-déjeuner puis travail. On se couche tôt ici.

Jeune fille kitchua sur barque

Pour pêcher, on bouche un bras étroit du fleuve avec des branchages et dans la partie libre on place une espèce de panier en forme d’entonnoir. le poisson ‘(chat) ne peut passer que là et reste coincé dans le panier : simple mais efficace.

Danse kitchua

Les enfants de la communauté (5-8 ans) nous font une démonstrtion de danse traditionnelle. Ils sont très naturels et rieurs. Les mamans leur enseignent les éléments de culture quand elles ont un moment

Nous goûtons différents types de nourriture : fruits et racines inconnus, poisson chat, bananes. C’est mon baptême en ce qui concerne les vers grillés : finalement ce n’est pas si mauvais. Tous ces aliments ont des goûts très divers mais jamais très forts. Ce que nous laissons est aussitôt dévoré par les enfants : dans ces terres de frugalité, rien ne se perd.

Puis c’est le retour. En route nous apercevons le saut fugace d’un phoque d’eau douce puis nous rentrons, fatigués mais heureux d’avoir pu découvrir un autre aspect d’une humanité décidément très riche.

Demain nous repartons à l’assaut des Andes.

Montée – Descente

Bon cet article ne va pas être le plus long et le plus intéressant de la série parce que il va retracer beaucoup (j’exagère un peu) de route mais surtout parce Gaby et moi avons été malades ce qui nous a empêché de voir/faire tout ce que nous voulions pendant ces 2-3 jours.

Tout commence donc à Mindo, lors de notre deuxième et dernière nuit sur place. En me couchant, je me sens bizarre, impression qui se confirme tout au long de la nuit jusqu’à ce que je me lève en urgence vers 3H du matin. Mais je ne parviens pas à trouver la salle de bains et en route je vomis tout mon diner.

Triste spectacle ! La pauvre Gaby doit se taper le nettoyage car je suis absolument hors d’état. Je lui en sais gré parce que ce n’est vraiment pas un boulot agréable.

Je parviens à me rendormir. Le matin arrive. Petit dej sans fruit, sans oeufs, juste du pain et du café car il faut calmer tout ça.

Luis passe nous prendre à l’heure  convenue car nous devons nous rendre aujourd’hui au Parque Nacional Cotopaxi, où se trouve le deuxième volcan le plus haut d’Equateur qui culmine à environ 5900m.

Nous sommes au nord-ouest de Quito et notre destination est au sud-est mais nous ne pourrons pas utiliser la voie rapide qui contourne la capitale parce que nous avons reçu un message hier en provenance de la société qui gère notre hébergement en Amazonie nous indiquant que si nous voulions payer par carte de crédit il fallait le faire à leur siège, en ville, car il n’y a pas de terminal là-bas. Nous devons donc entrer en ville et comme nous sommes en semaine il y a des embouteillages. Pour ça, Quito est comparable à Paris. Nous trouvons le bureau et là nous apprenons que le paiement par carte visa entraîne un supplément de 10%. Bigre. Nous trouvons un « cajero » (distributeur automatique) pas très loin et retirons non sans mal du liquide (efectivo) parce qu’il existe un plafond pour chaque retrait et nous devons nous y reprendre trois fois.

Tout ça est très ballot parce que nous aurions sans doute pu payer au lodge avec du liquide retiré sur la route et gagner ainsi pas mal de temps mais ça me donne l’occasion de vous parler de la signalisation en ville en Equateur.

En fait, la plupart des villes coloniales anciennement espagnoles sont conçues selon un plan au carré. Les avenidas et les calles se coupent à angle droit et forment ainsi des cuadras (équivalents des blocks américains). Par contre il n’existe pas de numéros de rue.

Ainsi une adresse typique (celle-ci est bidon) pourrait être la suivante :

av. Simon Bolivar s/n y Diego Cabral, edif. Reina Isabel, PB, Quito, Ecuador

Pour s’y rendre il faut trouver l’immeuble (edificio)  Reina Isabel, à proximité de l’angle entre l’avenue Simon Bolivar (où il n’y a pas de numéro : s/n = sin numero) et la rue Diego Cabral (où il y a encore moins de numéro, cela va sans dire) et chercher au rez-de-chaussée (PB = planta baja = RdC), tout cela à Quito. Facile !

Dans les petits patelins, c’est moins simple car s’il existe sur le papier et sur les plans des noms de rues, ils ne sont pas indiqués sur place et de toute façon personne ne les utilise ni ne les connais. Si je m’arrête pour demander où se trouve la Cevicheria Pacifico sur la calle San Martin,  (j’ai envie de poisson mariné aujourd’hui), on risque de me répondre :

¡Claro! Continuez deux cuadras après la Poste, tournez à gauche jusqu’à la carniceria (boucherie) Gomez. Là tournez à droite, c’est à 150 mètres. Tout cela avec le sourire. Parfait quand on sait où se trouve la Poste !

Je plaisante mais tout cela fonctionne très bien et il faut s’adapter. Cela fait partie des plaisirs du voyage.

Nous sortons de Quito, direction sud et empruntons quelques kilomètres la Panamericana qui prend ici la forme d’une voie rapide.

La Panaméricaine est une route, ou plutôt une succession de routes qui permet de relier l’Alaska au village O’Higgins en Patagonie chilienne. Belle et généreuse idée que de relier tout ces pays et tout ces peuples par un ruban de bitume continu, symbole d’amitié et de coopération.

Panamericana

Et c’est vrai qu’on la retrouve partout cette fameuse Panamericana. Mais il y a un hic qui s’appelle Darien, nom d’une province du Panama frontalière de la Colombie, jungle parfaitement impénétrable sauf pour les narcos et autres bandits en tous genres sans compter une faune particulièrement agressive. Et là le ruban de bitume s’arrête pendant quelques dizaines de kilomètres. Tous les guides, toutes les agences, toutes les autorités sont unanimes : Darien is a big no-no ce qui se traduit en français par zone interdite.

Bref, pour franchir l’obstacle il faut, soit prendre l’avion soit chercher un embarquement aléatoire sur un bateau. En écrivant ces mots je ne suis pas tout à fait honnête car depuis le début de cette année il existe (ou doit exister) un ferry régulier entre Cathagène en Colombie et Colón au Panama si l’on en croit la publicité sur internet. Comme on dit ici : a ver.

Après quelques kilomètres sur la Panamericana, nous tournons vers l’est à Machachi, petite ville ou gros bourg, comme on veut, où nous refaisons le plein d’eau purifiée qui coûte ici $1,50 pour un bidon de 6 litres. C’est indispensable parce que l’eau du robinet ne présente pas ici une garantie de grande sécurité bactériologique. Et comme nous nous plaignons du ventre, il ne faut pas en rajouter !

Nous continuons notre chemin sur une route pavée qui monte, qui monte. Au fur et à mesure que nous montons, le paysage devient de plus en plus magnifique et nous entrons dans le páramo, zone où plus grand chose ne pousse à part une espèce d’herbe rase qui si elle a le malheur de pousser un peu se fait immédiatement raccourcir par les alpacas locaux. C’est un peu similaire à l’altiplano péruvien ou bolivien.

Alpaca Santa Ana
Vue de Santa Ana

Nous parvenons enfin à notre destination, l’hacienda Santa Ana, bâtiment construit par des jésuites au 16ème siècle et restauré récemment pour être transformé en hôtel. Le lieu est magnifique : grande cheminées (nous sommes à 3500m), fresques murales, carrelage ancien, meubles de bois sombre tout cela dans le plus pur style colonial.

Normalement, les haciendas/hôtels isolés comme Santa Ana proposent à leurs hôtes tout une palette d’activité. Ici, c’est rando ou ballades à cheval. Malheureusement ce qui sur le papier s’annonçait comme un séjour vivifiant pour découvrir le Parque Nacional Cotopaxi se transforme pour nous en un séjour quasi hospitalier : lit, fièvre, vomis, régime soupe exclusivement. Bref, passons.

Après deux nuits passées à Santa Ana, Luis passe nous prendre pour nous amener en Amazonie, l’Oriente comme on l’appelle ici.

Nous n’en sommes qu’à une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau mais il n’existe hélas aucune liaison directe et nous devons descendre vers l’ouest vers Machachi, remonter vers le nord jusqu’à l’aéroport de Quito pour enfin repiquer vers l’est.

Là nous devons franchir les Andes Orientales par un col à 4000m avant de redescendre vers « l’enfer vert ». Ça c’est le cliché et c’est bien loin de la réalité que nous allons découvrir.

Minimarket

Mais en attendant certains paysages me rappellent les premières minutes du film de Werner Herzog, « Aguirre ou la colère de Dieu », où l’on voit une troupe de conquistadores à la recherche de l’Eldorado descendre les Andes orientales à pied et à cheval à travers la forêt et les nuages avant d’atteindre un fleuve qu’il descendront en radeau et où ils mourrons l’un après l’autre, victimes d’animaux, de maladie ou des indiens.

C’est plus calme aujourd’hui, heureusement, mais notre route descend aujourd’hui à travers la même forêt et les mêmes nuages, avec de temps à autre une chute d’eau.

De 4000m nous sommes redescendus à 600m. Il fait plus doux mais très humide. Nous sommes en haute Amazonie, mais la route est toujours belle et goudronnée, il y a des camions, des voitures et des villages assez semblables à ceux des hautes terres même si pour la construction le bois remplace souvent les parpaings et si pour les toitures on voit plus de tôle ondulée et moins de tuile. Bref, on est très loin de l’enfer vert.

Les indiens d’ici ont la peau moins brune que ceux des montagnes et ressemblent plus à des asiatiques (cambodgiens ou laotiens) même si les mélanges atténuent ces différences. En tous cas ils ont le portable à l’oreille.

Après avoir traversé Baeza puis Tena, chef lieu de la province du même nom (je déteste le mot éponyme qu’on rencontre à toutes les sauces :-)), grosse ville administrative et commerçante, nous arrivons à Misahualli où nous déjeunons (menu del dia à $4) avant de prendre notre premier contact avec le fleuve Napo qui sera notre compagnon pendant 48 heures.

Misahualli a la particularité d’avoir été construite à un emplacement où il existait des colonies de singes. Les maisons ont poussé, ils sont restés. Ils sont sur la place centrale, aux abord du fleuve, un peu partout, mais attention, ils sont sauvages et peuvent être agressifs et vous sauter dessus pour prendre vos lunettes, votre portable ou votre appareil photo, alors méfiance.

Singe à Misahualli

Nous continuons jusqu’à la fin du goudron, au pont Arajuno avec son café-bar-épicerie plus que basique. C’est là que vont commencer des aventures un peu plus … amazoniennes. A bientôt.

Mindo

Gaby  2  – 1  Jean-Paul

Voici le score du match de la journée. Gaby, la fana d’animaux a eu droit aux papillons et aux oiseaux. Jean-Paul le gourmand a quant à lui sauvé l’honneur avec le chocolat !

Mais commençons par le commencement. Nous sommes à Mindo, petit village à deux heures de route  à l’ouest de Quito, à 1600m d’altitude, dans la « cloud forest », la forêt dans les nuages et avec un temps plus doux que ce que nous avons connu jusque là, cette impression agréable étant malheureusement gâchée par un taux d’humidité de 99%. La forêt dans les nuages mérite bien son nom.

Ecuador

Confortablement installés à la Casa Divina, pratiquement débarassés de notre mal des montagnes, la journée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Nous sommes dans un océan vert, vous le verrez sur les photos. Les arbres ne perdent jamais leurs feuilles et il pleut régulièrement comme au moment où j’écris ces lignes.

Notre petit-déjeuner est équatoro-américain (néologisme !) comme le couple qui gère la Casa Divina : café, jus d’ananas, fruits tropicaux et muffins !

Luis nous attend à 9H, direction le mariposario ou élevage de papillons. Dans un espace finalement pas très grand des papillons de toutes les couleurs et de toutes les tailles s’ébatent en toute liberté. Le défi pour le photographe amateur que je suis est de capturer les grands bleus, les plus beaux, qui ont malheureusement la fâcheuse habitude de replier leurs ailes dès qu’ils se posent.

Papillon rougeOn voit également des chenilles sous toutes formes de camouflages et des cocons duquel  s’échappent de temps en temps des jeunes papillons. Quand il y un problème, le personnel de la ferme joue le rôle de sage-femme en aidant avec, si j’ose dire, l’accouchement.

Bien entendu, ces bestioles ont tout un choix de plantes sur lesquelles elles aiment se poser mais ce qu’elles préfèrent par-dessus tout ce sont les bananes. Visuellement je préfère quant à moi les orchidées.

Orchidée mauve

Après les papillons, direction la forêt. Nous embarquons dans une nacelle qui nous fait survoler la canopée. Délicieuse impression de fraicheur et spectacle unique mais malheureusement trop court.

Nacelle

Arrivés de l’autre côté nous commençons une longue descente vers le fond de la vallée où il y a une petite cascade. Nous sommes dans un océan de vert. Tout est humide, le sentier est glissant et raide. Enfin nous atteignons la cascade. Bien qu’elle ne soit pas très haute le spectacle est néanmoins impressionnant  car tout est très encaissé et les parois sont verticales. Il faut maintenant remonter, je transpire à grosses gouttes. Comme nous étions partis tôt nous étions seuls. Maintenant nous croisons beaucoup de gens qui descendent.

Cascade Mindo

Luis tape sur le cable de la nacelle pour appeler l’opérateur qui nous répond de la même manière et arrive 2-3 minutes plus tard. Re-survol de la canope, re-fraicheur de la brise.

Nous déjeunons dans un petit restaurant accolé à un atelier de chocolat. Une visite est organisée et elle est très instructive puisqu’on peut suivre toutes les étapes de la fabrication, depuis l’extraction des grains de cacao du fruit (voir photo) jusqu’à la production de la pâte de chocolat, en passant par le séchage, les différentes phases de fermentation (anaérobie et aérobie), la mise sous pression pour produire la pâte et j’en oublie sûrement.

Ce que je retiens de cette démonstration c’est que le processus n’est pas encore bien figé en particulier en ce qui concerne les durées et les formes de fermentation.

Cacao

Bien que le cacao ait été produit au début exclusivement en Amérique Latine, l’Equateur ne détient aujourd’hui qu’une faible part du marché loin derrière l’Afrique Equatoriale (CÔte d’Ivoire, Centrafrique) et la Malaisie.

Dernière visite de cette journée bien remplie, une maison avec un mirador duquel on peut observer quelques unes des très nombreuses espèces d’oiseaux qui se concentrent à Mindo. Cette ville est un paradis pour les observateurs d’oiseaux et le nombre de variétés observées ici se compte en centaines. Le propriétaire de Casa Divina nous assure qu’il en a lui-même observé 140.

Depuis ce mirador nous pouvons en particulier regarder toutes sortes de colibris, presqu’à portée de main. Pour les photographier c’est plus compliqué car ils bougent sans arrêt.

Colibri

Mon regret est de ne pas avoir vu de toucan. Il paraît que pour en voir, il faut se lever tôt et monter un peu plus haut. Je me console en observant ce petit écureuil s’attaquant à un régime de bananes. Bon ce n’est pas très naturel car les bananes, dans la nature, pendouillent rarement au bout d’une chaine mais c’est quand même drole à voir.

Ecureuil

De retour à Casa Divina, en nous connectant pour prendre quelques nouvelles, nous apprenons le terrible attentat contre Charlie Hebdo.

Nous appelons notre fille Cécile par Skype. Elle est toute retournée, jeune journaliste qu’elle est. A ce moment là j’aimerais la tenir dans mes bras.

yo-soy-charlie

Sur la piste

Aujourd’hui est une journée de transition consacrée essentiellement à relier la communauté San Clemente, au nord de Quito, à Mindo à l’ouest de Quito.

Ce matin nous avons eu la surprise de ne pas voir Juan au petit déjeuner mais à sa place son jeune frère qui porte un prénom de joueur de foot brésilien : Edison. Ce dernier sympa et timide est encore étudiant à l’université d’Ibarra, à quelques kilomètres d’ici où il se consacre au design industriel.

Il nous explique qu’hier soir la communauté a appris que le gouvernement envisageait (pour d’obscures raisons que je n’ai pas comprises) de détruire un petit batiment appartenant à la communauté.

Aussi sec, tous les hommes de la communauté ont affrété un autobus pour aller faire une manif (una marcha) à Quito, ce qui explique l’absence de Juan.

Capture d’écran 2015-01-07 à 07.50.36

Au Pérou, nous avions déjà assisté à deux manis, l’une à Cuzco et l’autre à Arequipa. J’ai l’impression que les indiens ont une fibre revendicative bien développée et c’est très bien comme ça. Ils se battent pour leurs droits.

C’est l’heure des adieux, nous échangeons nos adresses, nous payons notre du : 80$ pour une journée à deux en pensions complète. Comme en France, payer en liquide (efectivo) nous dispense de la TVA qui s’appelle ici IVA et dont le taux est de 12%.

La petite Maya me fait un gros bisous bien collant (besito con marmelada) mais refuse obstinément d’en faire un à Gaby 🙂 Déjà très femme !

Luis nous attend et nous présente trois itinéraires possibles. Après nous être renseignés sur l’état des routes pistes nous décidons de prendre celui que Luis n’a jamais pratiqué et qui semble le plus sauvage : nous partirons droit vers l’ouest et franchirons les Andes occidentales pour redescendre, à travers les nuages vers la vallée du rio Hintag et de là repartirons vers le nord où nous rejoindrons la route principale qui joint Quito à la côte pacifique aux alentours d’un petit village appelé Tulipe.

Au dessus des nuages

Ce parcours est intéressant dans la mesure où nous traverserons divers écosystèmes puisque d’Otavalo nous monterons à 3100m d’altitude puis nous redescendrons à travers les nuages pour finir à Mindo qui se se situe à 1600m. Le mal des montagnes nous a presque quittés mais nous avons toujours un bon décalage horaire. Ça devrait se calmer d’ici 24 ou 48H.

On n’avance pas très vite sur la piste mais il n’y a pratiquement pas de circulation à part quelques camions qui vont et viennent vers une carrière appartenant à une filiale des ciments Lafarge.

Après être passés à travers des hautes terres sèches, nous abordons des hautes terres humides et descendons à travers les nuages créés par l’humidité venant du Pacifique. La flore change tous les 20 km.

Cascade

Parfois il faut traverser des gués et nous atteignons enfin le Rio Hintag et nous croisons enfin des petits, mais vraiment très petits hameaux. Luis ne connait pas bien le chemin mais nous avons téléchargé des cartes qui nous aident à nous orienter. Nous devons cependant nous arrêter souvent pour demander notre chemin.

La température a grimpé un peu et devient très agréable et au fur et à mesure que nous avançons il y a de plus en plus de petits villages. Tout à coup, divine surprise tout à fait inattendue, le goudron refait son apparition. Nos lombaires lui en savent gré !

Rio Hintag

Nous déjeunons dans un petit village appelé Tulipe. Il y a là un petit restaurant où il fait bon s’arrêter. Pendant que la patronne prépare à manger nous sommes abordés par un vieux Monsieur absolument ivre mais qui, comme tout bon équatorien, reste poli en toute circonstance. Il nous remercie profusément d’être venus visiter son pays puis repart titubant.

Déjeuner frugal : ceviche de légumes (et oui !) pour Gaby et seco de pollo (poulet frit avec riz et légumes) pour moi, le tout arrosé de l’inévitable et omniprésent aji, sorte de sauce piquante au chili qu’on retrouve ici sur toutes les tables. Voici une photo d’un coin du restau et si vous agrandissez bien vous verrez un petit indien pour les WC hommes et une petite indienne pour les WC femmes. C’est mieux que le « M » pour « mujeres » qu’un non hispanophone pourrait prendre pour « masculin », regrettable confusion.

Restau Tulipe

A Tulipe il existe un petit musée consacré aux Yumbas, peuple local installé vers 1000 avant JC et qui a été réduit par les Incas au 15ème siècle, quelques années avant l’arrivée des Espagnols. Le musée est fermé pour travaux mais on nous laisse entrer pour jeter un coup d’oeil aux piscines installées par les Yumbas et alimentées par un réseau de canaux amenant l’eau de la montagne voisine.

Piscines Yumbas

Ce n’est pas aussi spectaculaire que Machu Picchu mais intéressant quand-même.

Nous terminons notre longue route (160km seulement mais nécessitant 5H) à Mindo, petit village pré-tropical, où nou s attend pour deux nuits la Casa Divina. Et là, il y aura beaucoup plus de choses à raconter 🙂

Un peu de musique pour terminer (en vérité mexicaine mais qui pourrait très bien être colombienne ou équatorienne)) :