Aujourd’hui nous avons un programme un peu particulier et extrêmemnt intéressant : partager pendant 24H la vie d’une famille indienne, les Guatemal, en vivant chez eux, en prenant leurs repas avec eux et en participant (un peu) à leur vie quotidienne.
Notre hôte s’appelle Juan Guatemal Pupiales, il a 23 ans, il étudie la gastronomie dans la ville proche d’Ibarra et parle un peu anglais.
Son épouse s’appelle Evelin, elle a 19 ans et ils ont ensemble une petite fille de 16 mois, Maya qui sait marcher mais passe le plus clair de son temps accrochée sur le dos de sa maman ou de son papa.
Curieusement, bien que ses parents soient petits, Maya est très grande pour son âge. Elle dépassera sans doute 1,70m.
Ecuador
Ils habitent une assez grande maison, sur les pentes du volcan Imbabura, construite en briques peinte en orange avec un toit en tuiles isolé par du bambou dans le séjour. Bien qu’il puisse faire frais, nous sommes à 3100m d’altitude, il n’y a pas de chauffage mais une simple cheminée. La maison n’est pas vraiment isolée et il y des courants d’air partout de telle manière qu’il fait plutôt frais à l’intérieur.
Une chambre nous est réservée avec une petite salle d’eau toute simple mais suffisante. Nous sommes les seuls hôtes.
Juan et Maya
Cette famlle vit en semi-autarcie, de ses cultures (maïs en particulier mais aussi pommes de terre, oignons) et de ses animaux parmi lesquels les alpacas constituent une source de revenus par la vente de la laine. Ils élèvent également des cochons d’inde (cuy) qui servent à l’alimentation et des abeilles qui leur procurent 30 à 40 litres de miel par an pour leur consommation personnelle et celle de leur famille.
La famille de Juan a eu l’idée il y a une dizaine d’années de proposer une forme de tourisme communautaire où les visiteurs pourraient s’initier à leur mode de vie. Ils ont une forte conscience écologique, ne mangent que les produits de leur exploitation et recyclent tout ce qu’ils peuvent.
Les premières années ont été difficiles mais aujourd’hui, grâce à leur présence sur internet, la fréquentation est en forte hausse.
Juan prévoit, une fois ses études terminées, d’ouvrir ici un restaurant écologique, 100% naturel.
Il n’y a pas de propriété privée ici mais une propriété communautaire, la communauté mettant à disposition des familles les terrains nécessaires à la production agricole et à la construction des logements.
Comme nous sommes toujours fatigués, Juan nous propose un programme « soft ». Une heure et demie de promenade pour aller découvrir les plantes médicinales qui composent leur pharmacopée. Question soft, c’est raté : nous descendons au fond d’une « quebrada », espèce de gorge, sur un sentier « pour une personne » plus que dangereux. Juan gambade, nous souffrons ! Mais il s’arrête de temps, d’une part parce qu’il a pitié de nous, d’autre part pour nous montrer toutes de sortes de plantes dont j’ai oublié le nom kitchua sauf pour le « sixi », plante couteau dont les feuilles tranchantes si on les frotte dans un certain sens, servent à couper les cordons ombilicaux.
D’autres plantes servent pour le mal au ventre, les douleurs d’accouchement, les nez qui coulent … j’en oublie.
Juan ne croit pas trop à la pharmacopée moderne même s’il adment l’utilité des antibiotiques.
Quand nous ne sommes pas en train de souffrir ou d’apprendre à se soigner avec des plantes, nous discutons du sens de la vie, de religion, apprenons à mieux nous connaître.
Juan est fermement décidé à rester sur ses terres et à conserver son mode de vie mais il ne refuse pas la technologie moderne à condition d’en être le maître et non l’esclave. Il a peu voyagé mais trouve les grandes villes dangereuses.
Pendant ce temps je pense qu’il faudra remonter du fond de la quebrada et ce ne sera pas de la tarte.
La promenade, le trek terminé, rentrés à la maison, il est temps de prendre notre déjeuner indigène. En arrivant tout à l’heure, Juan a eu la délicatesse de nous demander s’il y avait des choses que nous ne pouvions pas manger. Je lui répondu qu’à part le cochon d’Inde, culturellement inacceptable, il n’y avait pas de problème particulier.
En fait le repas est très bon bien que je ne sache pas tout à fait ce que nous avons mangé : salades de patates douces, soupe de légumes agrémentée de sauce piquante, steak avec divers légumes inconnus et du maïs, dessert très sucré agrémenté d’un jus de fruit/yaourt d’un fruit également très doux et très rafraichissant.
Pendant la sieste, je cherche de la musique equatorienne pour vous distraire et je tombe sur, ça, bien typique, d’un groupe très populaire ici :
Après une longue sieste mise profit pour traduire un article du blog en anglais, Juan nous propose d’aller faire un tour au jardin pour qu’il puisse nous expliquer la culture des différentes plantes, puis d’aller voir les alpacas et leur donner du sucre.
Mais aucun des 4 alpacas ne veut de sucre. décidément ces animaux n’en font qu’à leur tête et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ce qui me rassure c’est que Juan n’a pas plus de succès que moi.
En rentrant nous tombons sur un voisin, un autre membre de la communauté, venu avec son fils l’aider à faire ses devoirs en profitant du wifi de la maison. Nous nous amusons beaucoup à faire des devinettes sur la population de divers pays et j’apprends que l’Equateur a passé le cap des 15 millions.
On fait une belle fambée dans la cheminée car la température est la même dedans et dehors, puis on passe à table. C’est toujours très bon avec énormément de légumes et de fruits.
Il faudra que je fasse un topo sur la nourriture locale d’ici quelques jours.
Seule note un peu moins agréable à mes yeux : Evelin qui aura passé beaucoup de son temps en cuisine n’aura partagé aucun repas avec nous.
Bien que modernes à leur façon, les indigenos restent très attachés à leurs traditions lesquelles comportent une bonne dose de machisme.